La crise qui secoue l’Assemblée populaire nationale (APN) depuis plus de quinze jours a pris une nouvelle tournure hier. Elle a évolué vers une confrontation fratricide entre la direction du FLN et Saïd Bouhadja, président de l’APN et cadre du parti qui risque d’en être exclu.
Saïd Bouhadja n’a plus la qualité de représentant du FLN à la chambre basse du Parlement. Le bureau politique de l’ex-parti unique qui s’est réuni, hier, en session extraordinaire a décidé, en effet, d’ôter à Saïd Bouhadja la couverture politique. Cette décision qui vient couronner de multiples actions engagées pour obtenir son départ du perchoir de l’APN ne sera pas sans effet sur l’évolution de la situation au sein du Parlement qui vit une crise depuis plus de deux semaines. « C’est à l’unanimité que le BP a décidé de lever la couverture politique au militant Bouhadja », a déclaré Djamel Ould Abbès à l’issue de la réunion des membres du BP. Devant les députés de sa formation, Djamel Ould Abbès n’a pas été tendre avec Bouhadja qu’il accuse d’avoir renié ses engagements et sa déclaration d’honneur faite lors de sa candidature au poste du président du Parlement. « Saïd Bouhadja s’est engagé, via une déclaration sur l’honneur qu’il a faite signer à l’APC, qu’il respectera les directives de la direction du FLN », a dit Ould Abbès, intimant à ses députés de prendre le relais de cette levée de couverture politique « pour hâter le départ d’un élément indiscipliné ». Cette décision sera suivie, a-t-il précisé, de la comparution de Bouhadja devant le conseil de discipline du parti qui prononcera certainement son exclusion des rangs du plus vieux parti. Parallèlement à cette décision qu’Ould Abbès a présenté comme un fruit d’un accord avec le président du FLN, Abdelaziz Bouteflika, les députés de la majorité ont décidé de tenir, aujourd’hui à l’APN, un sit-in de protestation pour exiger le départ de Bouhadja. « Un rendez-vous est pris demain à 8 h pour une action d’envergure », ont affirmé des députés de la majorité. Cette action vise, selon d’autres, à empêcher Saïd Bouhadja d’accéder à son bureau. Il faut rappeler que ce genre d’action a été « refusé » par les députés de la majorité qui pensaient que Bouhadja allait jeter l’éponge une fois le retrait de confiance exprimé contre lui.
Rappelons que Djamel Ould Abbès, premier responsable du FLN, n’avait pas manqué l’occasion de sa sortie samedi dernier pour appeler, à nouveau, le président de l’APN, à démissionner sans faire de bruit et à la « clairvoyance », lui recommandant de « se retirer avec honneur ».
La crise à l’APN, pour rappel, s’est installé quand les présidents des groupes parlementaires du Front de libération nationale (FLN), du Rassemblement national démocratique (RND), de Tajamoue Amel El Djazaïr (TAJ), du Mouvement populaire algérien (MPA) et des Indépendants avaient signé une motion de retrait de confiance au président de l’APN.
La motion comprend notamment le retrait de confiance au président de l’APN, appelé à démissionner de son poste, avec gel de toutes les activités des structures de l’Assemblée jusqu’à satisfaction de la revendication des groupes parlementaires signataires. Les députés ont dénoncé, dans leur requête de retrait de confiance, les «dépassements et violations» enregistrés au sein de l’institution législative, à savoir « marginalisation éhontée, report intentionnel de l’adoption du règlement intérieur, marginalisation des membres de la commission des affaires juridiques, mauvaise gestion des affaires de l’APN, frais exagérés déboursés illicitement, recrutement douteux… ».
Depuis cette action, l’Assemblée vit un blocage inédit et toutes les tentatives de médiation menées se sont avérées vaines vu l’intransigeance et l’inflexibilité des deux camps.