Le parti de Benflis met en garde les autorités contre la tentation du recours à la force contre les manifestants !

Le parti de Benflis met en garde les autorités contre la tentation du recours à la force contre les manifestants !

Le Bureau Politique du Parti Talaie El Hourriyet a tenu une réunion ordinaire, le Samedi 25 mai 2019, au siège national du Parti, sous la présidence de Monsieur Ali Benflis, Président du Parti.

Au cours de cette réunion, le Bureau politique a procédé à l’examen de la situation politique, économique et sociale du pays.

Le Bureau politique renouvelle son soutien à la Révolution populaire qui, en poursuivant les marches à travers le territoire national et dans plusieurs capitales étrangères, a démenti tous les pronostics de ceux qui ont parié sur son essoufflement en cette période du Ramadhan et sur sa division par la manipulation de ses différentes composantes. Loin de constituer un répit, le Ramadhan a donné un nouveau souffle à la Révolution citoyenne. Par sa vigilance et son attachement à maintenir l’unité de ses rangs, la Révolution populaire a su déjouer toutes les manœuvres visant à la détourner de sa trajectoire pacifique.

Le Bureau politique salue particulièrement la mobilisation des étudiants à l’occasion du 19 mai, journée de l’Etudiant. Placés au cœur de la contestation populaire, les étudiants se sont réappropriés cette date historique qui marque l’engagement et la participation active des étudiants et lycéens à la glorieuse Révolution de Novembre. Renouant avec les traditions de lutte du mouvement estudiantin, les étudiants s’investissent totalement dans la lutte pacifique pour le changement du système.

Le Bureau politique réitère son appel aux cadres et militants du parti pour qu’ils restent mobilisés au sein de la Révolution populaire et qu’ils prennent une part active à toutes les actions pacifiques, notamment, les actions de proximité.

Constatant un durcissement du comportement des forces de sécurité contre les manifestants, le Bureau politique met en garde les autorités publiques contre la tentation du recours à la force contre la Révolution populaire qui, malgré toutes les provocations, est demeurée foncièrement pacifique depuis le début des marches. Le devoir des éléments de la sureté publique est de protéger les manifestants contre toute tentative de provocation et de menace à leur sécurité et non de réprimer les manifestations pacifiques.

Le Bureau politique constate, par ailleurs, avec inquiétude, l’impasse politique générée par la mise en œuvre exclusive de l’article 102 comme solution de sortie de crise. L’échec consommé de l’élection présidentielle, initialement prévue le 4 juillet, que le peuple a rejetée, considérant ses conditions de déroulement inappropriées et inacceptables, commande, impérieusement, le recours à la voie politico- constitutionnelle. A cet égard, l’ouverture d’un dialogue pour dégager, dans les meilleurs délais, une solution politique consensuelle qui réponde aux aspirations du peuple et évite à notre pays un vide constitutionnel, politique et institutionnel, aux conséquences imprévisibles, au terme du mandat constitutionnel de la présidence de l’Etat, revêt une extrême urgence.

Le Bureau politique rappelle les conditions de succès de ce dialogue, à savoir des interlocuteurs crédibles qui recueillent l’assentiment populaire, un cadre adéquat et un objet clair, pour ne pas s’exposer à la réédition du fiasco du 22 avril 2019, précisément parce que ces conditions n’étaient pas réunies.

De fait, les figures emblématiques du régime, encore à la tête des principales institutions de l’Etat, récusées par la Révolution populaire, sont disqualifiées comme interlocuteurs pour un tel dialogue. La partie invitante à ce dialogue doit être d’une autorité morale et politique incontestable et irrécusable.

Le dialogue doit réunir les représentants de la Révolution populaire et de la société civile et ceux des partis et personnalités nationales qui se sont illustrés dans la lutte contre l’ancien régime et ont soutenu la révolution populaire pacifique depuis ses débuts.

Un tel dialogue doit, également, viser un plan global de règlement de la crise assurant au pays une continuité institutionnelle transitoire jusqu’à l’élection du prochain Président de la République, avec, notamment, la création d’une instance indépendante pour l’organisation, la supervision et la surveillance de cette élection jusqu’à la proclamation des résultats du scrutin.

Enfin, l’objectif final de ce dialogue doit être l’élection du Président de la République dans des conditions qui lui confèrent toute la représentativité, la crédibilité et la légitimité pour mener à bonne fin son mandat qui sera , de toute évidence, le mandat de la transition démocratique véritable à laquelle notre peuple aspire.

Le Bureau politique note, avec intérêt, une prolifération d’idées et de propositions émanant de partis politiques, et personnalités nationales, d’académiciens et de chercheurs dans différentes sphères d’activité en vue de contribuer à la recherche d’une sortie de crise qui réponde aux aspirations du peuple.

L’Appel pour un règlement consensuel de la crise lancé par Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Rachid Benyelles s’inscrit clairement dans cette perspective et mérite toute l’attention, eu égard à la qualité morale et au parcours historique et politique de ses auteurs.

Le Bureau politique salue, par ailleurs, les initiatives, en cours, de la société civile, notamment la concertation initiée par la Confédération des syndicats autonomes (CSA) pour dégager une plateforme consensuelle en prévision du dialogue pour un règlement de la crise multidimensionnelle qui affecte notre pays.

Le Bureau politique reste convaincu que l’Armée Nationale Populaire a un rôle important à jouer dans ce dialogue pour une sortie de crise, comme accompagnateur et facilitateur et comme garant de la mise en œuvre de la feuille de route qui sera adoptée, par consensus, par les partenaires à ce dialogue.

Le Bureau politique est tout aussi convaincu que la solution de la crise est à notre portée pour peu que toutes les parties qualifiées soient animées de la volonté politique nécessaire d’éviter à notre pays des dérapages aux conséquences imprévisibles. La solution de la crise est à notre portée d’autant plus qu’avant même l’ouverture de ce dialogue, un consensus a pris forme sur les principaux éléments du règlement de la crise.

Le Bureau politique a évoqué les poursuites judiciaires touchant des personnalités politiques et militaires et des hommes d’affaires. Il a souligné l’impératif du respect des principes d’une justice équitable à savoir, la présomption d’innocence, le droit à la défense, le secret de l’instruction, et la transparence nécessaire, dans la limite de ce qui est permis par la Loi.

Le Bureau politique s’élève, par ailleurs, contre les atteintes à la liberté d’expression notamment les sanctions, pressions, et intimidations, exercées au sein des médias publics, sur les journalistes qui ont pris position publiquement en faveur du mouvement populaire, revendiqué une couverture objective de l’actualité politique du pays, et défendu la liberté d’expression et le service public.

Le Bureau Politique constate, avec une grande préoccupation, que l’impasse politique a relégué au second plan la détérioration continue de l’économie nationale dont les principaux indicateurs sont en régression. La détérioration des comptes publics, l’hémorragie de ressources qui continue d’impacter les finances publiques, la baisse inquiétante des réserves de changes et la facture des importations auront, certainement, des implications négatives sur la croissance et l’emploi au cours des prochains mois et des prochaines années et viendront affaiblir, davantage, notre économie qui ne tient plus qu’à un fil, celui de la planche à billets.

Enfin, le Bureau Politique relève l’incapacité du Gouvernement à tenir ses engagements concernant la régulation des marchés et à défendre le pouvoir d’achat du citoyen durant le mois sacré du Ramadhan.