ArcelorMittal Annaba a tenu mercredi dernier à Alger une assemblée générale extraordinaire. A l’ordre du jour, figurait l’étude du dossier des investissements notamment pour la réhabilitation des installations de production du complexe sidérurgique d’El Hadjar, la cokerie en priorité. Selon des sources proches de l’AGE, la résolution votée pour le lancement du plan d’investissements nécessaire à la réhabilitation de l’usine, ne comporte aucun montant.
«On ne peut pas arrêter un montant précis sans avis préalable des experts sur l’état de toutes les installations. Mais les investissements nécessaires à la réhabilitation du complexe sidérurgique sont beaucoup plus importante que les 200 millions de dollars prévus par la direction de l’entreprise pour la période 2010/2014 », explique notre source. «Aucune opération de rénovation n’a été faite depuis plus de 10 ans », déplore la même source.
Cette assemblée générale a été tenue suite à la grève illimitée des sidérurgistes, déclenchée le 12 janvier et qui a pris fin neuf jours après. Les salariés du complexe d’El Hadjar ont réclamé la rénovation de la cokerie et le lancement du plan d’investissement nécessaire à la réhabilitation des autres installations de l’usine. Cette réhabilitation est obligatoire tous les dix ans. La dernière remonte à 1996. Le complexe sidérurgique était à l’époque propriété de l’Etat algérien, via le groupe Sider, avant d’être cédé en 2001 à 70% à l’indien Ispat. Ce dernier a été racheté depuis par Mittal qui a fusionné à son tour avec le français Arcelor pour donner naissance à ArcelorMittal, numéro un mondial du secteur.
En 2006, la partie algérienne avait demandé à son associé indien d’élaborer et de mettre en application un plan d’investissement pour la réhabilitation de plusieurs unités : Haut fourneau (HF) n°2, cokerie, Aciéries, PMA, agglo, convertisseurs, creuset, batteries,fours…Sans résultat. Concentré sur son objectif fixé pour 2007 d’atteindre le million de tonnes d’acier liquide, l’associé indien avait fait la sourde oreille. Même l’explosion cette année là du convertisseur N° 1 de l’aciérie à oxygène n’avait pas modifié sa position.
Relancé en 2008 par le groupe Sider, le partenaire indien avait refusé une nouvelle fois d’entamer la réhabilitation des installations du complexe sidérurgique, notamment le Haut fourneau (HF) et l’unité PMA/AGGLO, dont la vétusté a atteint le point de non retour, selon des cadres algériens. Ces deux installations nécessitent une totale réfection ainsi que les aciéries 1 et 2.
L’incident survenu sur la cokerie en juin 2009 a forcé ArcelorMittal à fermer cette installation névralgique qui produit de la coke nécessaire aux Hauts fourneaux et a confié à un groupe d’experts
russes et polonais pour l’expertiser. Lors d’une conférence de presse, le directeur général d’ArcelorMittal, Vincent le Gouïc, avait insisté sur les risques majeurs d’explosion de la cokerie et ses conséquences dramatiques sur la population. Mais au lieu d’engager les investissements nécessaires à la réhabilitation de la cokerie, la direction a préféré la fermer et mettre au chômage 320 travailleurs.
Une décision à l’origine du récent conflit social.
La fuite en avant du partenaire indien qui semble intéresser uniquement par les gains engrangés en Algérie a fini par exaspérer la partie algérienne qui a décidé de provoquer une Assemblée générale extraordinaire des actionnaires de ArcelorMittal Annaba qui s’est tenue mercredi dernier à Alger
Samir Rahim