Les deux magistrats en charge du dossier de corruption présumée au sein du groupe ENI ont décidé de se pencher sur la société de l’ex-manager, Paolo Scaroni. Le but étant de savoir si les différents mouvements d’argent ayant transité par la The Paolo Scaroni Trust créée en 1996, ne sont pas le produit de la corruption dans laquelle plusieurs cadres de Sonatrach, dont son PDG ont été mis en cause, en plus du ministre de l’Énergie et des Mines de l’époque, Chakib Khelil. Et dont Scaroni, son épouse et ses enfants en étaient les bénéficiaires.
Les commissions rogatoires ont été lancées en suisse, au Luxembourg, au Liban, à Abou Dhabi, en France, à Hong Kong, au Singapour et en Algérie. Ces commissions devront, selon le parquet milanais reconstituer les mouvements des flux versés par Saipem à l’entreprise Pearl Parteners, située à Hong Kong et appartenant à Farid Bedjaoui, en fuite aux Émirats arabes unis et contre lequel un mandat international a été lancé en août 2013. Lequel Farid Bedjaoui était l’homme de confiance de Chakib Khelil et servait d’intermédiaire entre Saipem et ses partenaires algériens.
Scaroni n’est pas le seul dirigeant à être concerné par l’enquête des deux magistrats milanais qui ont jeté leur dévolu, dans le cadre de leurs recherches sur d’autres responsables du groupe pétrolier. Il s’agit de l’ex-DG de Saipem, l’ex-directeur des opérations, l’ancien directeur des finances, l’ex-directeur général pour l’Algérie, et le responsable d’ENI de l’époque pour l’Afrique du nord.
Les juges milanais subodorent qu’une partie de l’argent qui a été versé en Algérie ait été rapatrié vers l’Italie. Il s’agit de 13 millions d’euros. Les magistrats présument que Saipem et ses filiales, pour l’obtention de 7 contrats de l’ordre de 8 milliards d’euros, auraient versé 197.934.798 d’euros à Pearl Parteners.
Pour une rentrée judiciaire, le parquet de Milan n’a pas chômé. Ce qui n’est pas le cas pour la justice algérienne qui continue à patiner. Après avoir lancé un mandat d’arrêt international contre l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines, annoncé le 13 août 2013 en grande pompe par le procureur général de la Cour d’Alger devant un parterre de journalistes, la justice s’est ravisée en se rendant compte qu’il y avait un vice de procédure.
En effet, ce n’était pas au tribunal de Sidi M’hamed de lancer le mandat d’arrêt, mais à la Cour suprême dans le cadre du bénéfice de juridiction accordé aux hauts responsables de l’État. Mais depuis, c’est le silence radio et Chakib Khelil, ainsi que d’autres personnes impliquées sont toujours en fuite.
Faouzia Ababsa