En attendant la réaction du Congrès général national, qui avait adopté la loi en 2013, le Parlement libyen, reconnu par la communauté internationale, a voté lundi en faveur de la suspension de la loi controversée excluant de la politique toute personne ayant occupé un poste de responsabilité sous le régime de Mouammar Kadhafi.
Les anciens responsables libyens durant le régime du colonel Kadhafi seront-ils bientôt de retour aux affaires de ce pays ? C’est ce que laisse, du moins, croire le contenu de la résolution votée lundi par le nouveau parlement libyen reconnu par la communauté internationale. Cette instance, qui a succédé au Congrès général national (CGN, Parlement sortant), a voté en faveur de la suspension de la loi controversée qui exclut de la politique libyenne toute personne ayant occupé un poste de responsabilité durant le règne du colonel Mouammar Kadhafi. “La Chambre des représentants a voté en faveur de la suspension de la loi d’exclusion politique jusqu’à l’adoption d’une constitution permanente”, a déclaré le député Tarek al-Jerouchi, en référence au Parlement issu des urnes en 2014 et qui a dû s’installer dans l’est du pays après la prise de Tripoli par une coalition de milices. La même source a souligné que la loi était désormais considérée comme “annulée”. La loi en question exclut de la vie politique toute personne ayant occupé un poste de responsabilité sous le régime de Mouammar Kadhafi, depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir en 1969 jusqu’à la chute de son régime et sa mort en 2011, à l’issue de huit mois de conflit. Certains observateurs et politiciens libyens estiment toutefois que cette loi avait été adoptée sous la menace. Des milices avaient encerclé en effet le CGN et d’autres institutions de l’Etat pour faire pression sur les députés qui avaient fini par l’adopter. L’ancien président du CGN, Mohamed al-Megaryef, avait été la première victime de cette loi parce qu’il était ambassadeur durant deux ans sous l’ancien régime, au début des années 1980. Il était pourtant un farouche opposant du défunt dictateur et avait vécu plus de 30 ans en exil. Reste à savoir maintenant comment le Congrès général national, qui a repris du service sous l’impulsion de Fajr Libya, une coalition hétéroclite de milices de l’ouest du pays qui s’est emparé de Tripoli en août 2014, va accueillir cette décision. Un gouvernement parallèle a été même été formé à Tripoli.
Quant au Parlement élu et au gouvernement qui en est issu, ils ont été contraints eux de s’exiler dans l’est du pays pour échapper à la pression des milices. En attendant, la Libye a sombré dans le chaos, et les autorités de transition ont échoué à asseoir leur emprise sur un nombre de milices aux idéologies et motivations diverses. Il est à espérer que les négociations engagées sous l’égide de l’émissaire onusien Bernardo Léon aboutissent à un rapprochement des positions des frères ennemis.
M.T.