Le parlement de Tobrouk rejette le gouvernement d’union libye : retour à la case départ

Le parlement de Tobrouk rejette le gouvernement d’union  libye : retour à la case départ
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Le vote du Parlement de Tobrouk intervient le jour même de la “visite de travail” du Premier ministre du gouvernement d’union nationale à Alger.

Les députés du Parlement exilé à Tobrouk (est) ont dit “non” au gouvernement d’union nationale, parrainé par l’Onu, dans le cadre de l’accord de paix de Skhirat du 17 octobre 2015. Après plusieurs jours de tergiversation, le Parlement reconnu de Tobrouk a rejeté le gouvernement de Faïz Serradj avec 89 voix sur les 104 députés présents dans l’hémicycle pour discuter des détails de cet accord onusien. Ces derniers ont demandé la mise en place d’un autre exécutif qui répondrait à leurs exigences, a rapporté l’agence officielle Lana. “Des 104 députés présents aujourd’hui, 89 ont dit non” à un cabinet de 32 ministres, proposé par le Conseil présidentiel dirigé par l’homme d’affaires tripolitain, a indiqué M. al-Gaydi, cité par l’AFP. Le refus d’accorder la confiance à cet exécutif est justifié, en effet, par des considérations d’ordre politique et militaire. Le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, a d’ailleurs annulé l’article 8 qui figurait dans les amendements ajoutés dans l’accord politique de Skhirat et qui touchait directement aux prérogatives du gouvernement d’union concernant la nomination des responsables aux hautes fonctions militaires, civiles et sécuritaires dans le pays. Les députés ont toutefois entériné le texte de l’accord de Skhirat avec 98 voix sur les 104 présents, en dehors évidemment de l’article 8, a ajouté Lana, citant le député Youcef Akouri. Pour précision, l’article 8 de l’accord prévoit exactement de “transférer tous les pouvoirs de l’armée, des postes de responsabilité civile et de sécurité, prévus à ce sujet dans les lois et règlements inscrits, au Premier ministre, immédiatement après la signature de l’accord. Le Conseil décide des personnalités à nommer à ces postes dans un délai ne dépassant pas les 20 jours. En l’absence d’une décision, après ce délai, le Conseil procédera à la désignation d’autres personnes dans un délai ne dépassant pas les 30 jours, en tenant compte des lois et règlements” figurant dans la législation libyenne. Le vote du Parlement de Tobrouk intervient le jour même de la visite du président du Conseil présidentiel de Libye (gouvernement d’union, ndlr) Faïz Serradj à Alger où il a été reçu par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Cette visite dite de “travail” a pour objectif de s’assurer de l’appui de l’Algérie à ce gouvernement d’union, tant attendu aussi bien par les Libyens que par la communauté internationale. L’Onu, le parrain de ce gouvernement, se voit ainsi contrariée dans ses plans malgré les pressions qui se sont multipliées sur les acteurs libyens pour mettre de côté leurs divergences, et faire face, à l’unisson, au nouveau danger qui menace l’avenir de la Libye : l’organisation autoproclamée État islamique (Daech). Un des arguments-clés de la communauté internationale pour expliquer son empressement à former un gouvernement d’union en Libye est l’inquiétante expansion de Daech qui essaie, depuis des semaines, de s’emparer des champs pétroliers dans ce pays et des villes stratégiques, comme Benghazi. Avec le rejet par les parlementaires de Tobrouk de l’exécutif de Serradj, la situation va se compliquer davantage en Libye, qui dispose désormais de trois gouvernements parallèles. Le premier est à Tripoli et il est contrôlé par la coalition de milices islamistes Fajr Libya. Le deuxième, celui de Tobrouk, dirigé par Abdellah al-Theni, est reconnu par la communauté internationale. Le troisième, celui qui vient d’être mis en place par l’Onu et qui souffre aujourd’hui d’un grave déficit de légitimité auprès d’une partie des Libyens.