Le Parc national de Taza (PNT), dans la wilaya de Jijel, constitue un important vivier de plantes de bord de mer qui ont pu y croître et s’y régénérer, loin des perturbations maritimes, même si la Méditerranée n’est qu’à quelques encablures.
Selon un guide élaboré par le PNT et consacré aux richesses nationales de ce parc, ces plantes qui présentent de nombreuses particularités par rapport au milieu dans lequel elles évoluent, sont souvent des espèces peu communes, voire rares et très vulnérables, ce qui commande leur protection.
Dans cette optique de préservation, le parc de Taza, l’un des trois parcs nationaux côtiers du pays, a entrepris une étude exhaustive des plantes de bord de mer dans le cadre du projet MedPan Sud pour le classement de sa zone marine, rappellent les responsables de cet espace environnemental.
Le guide, illustré de photographies, rappelle d’emblée que sous l’appellation de « littoral » se cachent des milieux très divers, chacun avec ses spécificités.

Ce littoral qui se compose de divers habitats et de refuges à de nombreuses espèces, dispose de deux (2) types de milieux : rocheux et sablonneux sur 32 km de côtes. Les végétaux de bord de mer sont en butte à de nombreux facteur, parmi lesquels il y a lieu de citer, la salinité propre au milieu marin, le vent et les embruns, la pauvreté des éléments nutritifs, la sur-fréquentation ou pression anthropique (humaine) notamment pendant la saison estivale et, enfin, l’ensablement régulier (cas des dunes mobiles), a-t-on précisé.
Ces conditions écologiques plutôt rudes du milieu maritime (vent constant, milieu très salé, pauvreté du substratà) ont un impact sur la sélection des espèces végétales qui s’y trouvent, avec comme conséquence, soit la disparition, soit l’adaptation.
Parmi les espèces répertoriées, l’on citera l’Astérisque maritime qui est une plante vivace, rugueuse, à poils écartés, à base lignifiée, souvent avec de nombreux rameux, semblable à un arbrisseau. Les feuilles ovales ou oblongues, parfois spatulées présentent des fleurs jaunes. L’astérisque maritime est considéré comme une espèce ornementale, précisent les botanistes.
Se présentant comme plante halophile (qui s’accommode en milieu à forte concentration saline, ndlr), la crithme (ou fenouil marin), très courant sur les côtes de la corniche jijelienne, se fixe entre les rochers, les fissures de falaises ou les écueils de plage. Cette plante est utilisée comme condiment, le plus souvent préparée au vinaigre blanc, comme les cornichons. Ses racines
qui atteignent parfois plus d’un (1) mètre lui ont donné le qualificatif de plante rupicole par excellence.
Autre hôte des rochers et du milieu marin, le myrte commun fait figure de véritable « plante phénix » qui, lorsqu’elle est coupée à ras ou après un incendie, ressuscite rapidement sous forme de nombreux rejets. On trouve le myrte, très fréquent dans les maquis, aux cotés du lentisque et de l’olivier sauvage.
Toutes les parties de cette plante (feuilles, fleurs, fruits), aux vertus médicinales avérées, sont utilisées comme remède populaire contre les maladies des organes respiratoires et des voies urinaire, contre l’hypertension artérielle, la diarrhée et les hémorroïdes.
L’un des sujets botaniques les plus spectaculaires du littoral, le lis maritime, est une magnifique plante bulbeuse poussant directement dans le sable, avec des fleurs blanches, très grandes et exhalant une odeur agréable. Le lis maritime s’est malheureusement très raréfié en raison des cueillettes excessives, affirment les responsables du Parc de Taza, précisant que le bulbe et les feuilles contiennent une quarantaine d’alcaloïdes ayant des effets purgatifs, insecticides et fongicides.
La liste établie par le PNT ne s’arrête pas là : de nombreuses autres variétés de plantes existent en abondance dans ce territoire, dominé à la fois par la verdure pérenne des forêts, d’un côté, et la grande bleue, juste en face, le long d’un itinéraire appelé « corniche jijelienne ».
L’on estime que le meilleur moyen de protéger ce milieu riche en biodiversité (faune et flore remarquables) est d’adopter une attitude citoyenne vis-à-vis de ces milieux hautement fragiles.
Eviter le sur-piétinement des espèces végétales herbacées, ne laisser aucun déchet non biodégradable (les matières plastiques, en particulier), s’abstenir de tout prélèvement ou arrachage des plantes, sont les principales consignes des responsables du parc en vue de préserver cet environnement unique.