Le paiement électronique en Algérie dépasse déjà les niveaux de 2024

Le paiement électronique en Algérie dépasse déjà les niveaux de 2024
paiement électronique Algérie

Le paiement électronique connaît une progression spectaculaire en Algérie depuis le début de l’année 2025. Selon les données du Groupement d’intérêt économique de la monétique (GIE Monétique), 5,2 millions d’opérations ont été effectuées en seulement sept mois, pour une valeur totale de 47,2 milliards de dinars. Un chiffre qui dépasse déjà le volume de l’ensemble de l’année 2024, où 5,5 millions de transactions avaient été enregistrées pour 44,5 milliards de dinars.

Le mois de juillet 2025 s’impose comme un record, avec 857 900 transactions représentant 7,6 milliards de dinars. Cette performance illustre la montée en puissance du numérique dans les habitudes de consommation, encouragée par les autorités publiques et les institutions financières.

Une dynamique soutenue par les infrastructures et le mobile

La croissance des paiements électroniques s’explique notamment par la multiplication des terminaux de paiement électronique (TPE). Leur nombre est passé de 68 100 en décembre 2024 à 77 500 en juillet 2025, facilitant l’adoption de ce mode de règlement chez les commerçants.

Par ailleurs, le parc de cartes de paiement a atteint 20,7 millions d’unités, incluant les cartes bancaires classiques et la carte « Edahabia » de Poste Algérie. Le paiement en ligne et mobile connaît lui aussi un essor fulgurant : entre janvier et juillet 2025, l’Algérie a enregistré 13,2 millions de transactions en ligne et près de 39,7 millions d’opérations via téléphone mobile.

Au-delà de la modernisation des transactions, cette dynamique participe à la digitalisation de l’économie nationale, en favorisant la transparence, en réduisant la circulation du cash et en soutenant la lutte contre l’informel. Un pas supplémentaire vers une économie algérienne plus connectée et mieux intégrée aux standards internationaux.

Le paiement électronique, un phénomène mondial en pleine expansion

Avec la généralisation des smartphones, l’essor du commerce en ligne et l’évolution des systèmes bancaires, le paiement électronique s’impose progressivement comme un pilier des échanges économiques dans le monde. En moins de deux décennies, il a profondément transformé les habitudes de consommation et les modes de gestion monétaire, bouleversant à la fois les pratiques des citoyens et les stratégies des États.

Le paiement électronique englobe l’ensemble des transactions effectuées à l’aide de moyens numériques : cartes bancaires, portefeuilles électroniques, applications mobiles, QR codes ou encore paiements sans contact. Selon la Banque mondiale, plus de 76 % de la population mondiale adulte dispose aujourd’hui d’un compte bancaire ou mobile, contre seulement 51 % en 2011.

Cette progression est largement tirée par la digitalisation du commerce, notamment en Asie et en Europe, où les consommateurs privilégient la rapidité et la sécurité offertes par ces solutions. En Chine, par exemple, les géants technologiques comme WeChat Pay et Alipay ont transformé le smartphone en véritable porte-monnaie numérique, utilisé dans les grandes métropoles comme dans les zones rurales.

Les modèles régionaux : entre innovation et contraintes

L’évolution du paiement électronique varie considérablement d’une région à l’autre.

  • En Asie, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud dominent le marché. L’Inde, avec son système UPI (Unified Payments Interface), est devenue un laboratoire mondial du paiement instantané.

  • En Europe, les paiements sans contact via cartes et applications comme Apple Pay ou Google Pay connaissent un essor fulgurant, soutenus par une régulation commune (directive européenne PSD2) qui renforce la sécurité et l’innovation.

  • En Afrique, le paiement mobile constitue une révolution financière. Le service kényan M-Pesa a ouvert la voie à une inclusion bancaire massive dans une région où une partie importante de la population n’a pas accès aux services financiers traditionnels.

  • En Amérique du Nord, si les cartes bancaires restent reines, l’usage des applications de paiement mobile explose.

Quels sont les enjeux économiques et sociétaux majeurs ?

Au-delà de la commodité qu’il offre aux consommateurs, le paiement électronique revêt une dimension macroéconomique stratégique.

En limitant la circulation du cash, il contribue à réduire l’économie informelle et permet aux États de renforcer leur contrôle fiscal, un enjeu crucial dans de nombreux pays. Dans les économies émergentes, il constitue également un outil d’inclusion financière : grâce aux portefeuilles mobiles, des millions de personnes accèdent pour la première fois à des services bancaires et peuvent participer plus activement à la vie économique.

Enfin, la généralisation des transactions dématérialisées améliore la sécurité et la traçabilité des flux financiers, réduisant certains risques de fraude ou de blanchiment. Toutefois, cette évolution s’accompagne de nouveaux défis, notamment en matière de cybersécurité, qui oblige gouvernements, banques et opérateurs technologiques à renforcer constamment leurs systèmes de protection.

Certains pays envisagent un avenir presque entièrement numérique. La Suède, pionnière dans ce domaine, prévoit de réduire l’usage des billets et pièces à une part marginale de son économie. D’autres États, comme la Chine, expérimentent déjà des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), qui pourraient constituer une nouvelle étape dans la dématérialisation monétaire.

Toutefois, cette transition ne va pas sans résistances. Dans de nombreux pays, la méfiance vis-à-vis de la surveillance numérique, la fracture technologique et l’attachement culturel au cash freinent encore la bascule totale.