Un virage à 180 degrés dicté par les décideurs.
Abdelhak Benchikha a réussi à frapper les esprits de manière très forte en rendant, hier, la liste des 22 joueurs retenus pour le match international amical Luxembourg-Algérie qui aura lieu le 17 novembre au stade Josy Barthel. Et comment ne pas le penser lorsqu’on constate la mise à l’écart de pas moins de sept mondialistes, parmi les plus anciens des Verts.
Un geste des plus audacieux qui témoigne de la volonté du “Général” de revaloriser les places en sélection nationale, mais aussi de pousser les joueurs à se surpasser dans le but de provoquer le déclic tant espéré par tous.
Un coup de balai insoupçonné !
Franchement, même si on pensait tout bas qu’il y avait une nécessité de faire un peu de ménage dans la maison des Verts, personne, à part Benchikha (et sans doute Raouraoua), ne pouvait soupçonner qu’un tel coup de balai se préparait dans les bureaux de la FAF. Et pour cause, c’est carrément une razzia qu’a effectuée le sélectionneur national ! Il fallait plus que du courage pour oser virer à la fois Ghezzal, Abdoun, Bellaïd, Laïfaoui, Ziaya, Gaouaoui et surtout Nadir Belhadj qui était le plus enraciné au sein de l’Equipe nationale de tous ces recalés. Les joueurs eux-mêmes ont dû être secoués dans leur totalité par cette révolution menée par le “Général”.
Aucun sentiment désormais, à l’opposé de Saâdane
Tout en montrant à ses protégés qu’il est très ouvert, plutôt proche d’eux en les enlaçant dès le deuxième jour, Benchikha n’en demeure pas moins froid comme un iceberg, lorsqu’il s’agit de choisir les plus en forme du moment.
Un signal puissant lancé en direction de l’ensemble de joueurs concernés par une place en Equipe nationale pour leur montrer que le temps des sentiments est bel et bien révolu. Saâdane, qui a avoué vendredi à la Chaîne III qu’il avait fait en sorte de ménager les affinités de ses joueurs pour maintenir l’équilibre du groupe, reconnaissait de fait qu’il avait mis un zeste de sentiment dans ses choix. Cela ne sera plus le cas dorénavant avec Benchikha qui a terrassé les cadres incontestés que sont Ghezzal, Gaouaoui, Abdoun et Belhadj.
Un virage à 180 degrés dicté par les décideurs
Inéluctablement, on en déduit qu’une nouvelle ère a commencé pour les Verts avec la sélection de Mostefa, Mesloub, Benyamina, Zerdab, Aoudia et le retour de Meftah, Metref, Zemmamouche, Cédric et avant eux, Lemmouchia.
Ceci est plus que significateur de la nouvelle politique prônée par Benchikha avec, comme crédo, la volonté de redonner sa chance au produit local, jugé par beaucoup comme une sorte d’injustice, voire une insulte de l’intelligence des techniciens et des joueurs évoluant en Algérie.
Comme il est révélateur de l’intention de la FAF de ne plus s’aveugler par l’ancienneté des joueurs internationaux en déperdition. Avec autant de signaux envoyés par Benchikha et Raouraoua, il faut être borné pour ne pas comprendre qu’on est en train de prendre sciemment un virage à 180 degrés, dicté par les décideurs. Il n’y a aucun doute, c’est le début du nouvel ordre (d’après le) Mondial !
Pour tuer le serpent à sept têtes ?
Sans compter Cédric et Zemmamouche qui venaient et partaient au gré des besoins occasionnels, c’est en vrai, au total sept nouveaux joueurs qui ont intégré les Verts pour remplacer sept autres bannis parmi les anciens.
Il s’agit de Mesloub, Zerdab, Aoudia, Benyamina, Mostefa, Metref et Meftah, même si pour ces deux derniers, c’est plutôt un retour en sélection, puisqu’ils y étaient avant même la venue de Saâdane. Bizarrement, ce chiffre nous fait rappeler le même nombre de joueurs que Saâdane avait virés avant le Mondial avec les Zaoui, Raho, Ousserir, Bouazza, Ghilas, Ziaya et Lemmouchia.
Bezzaz, étant blessé, donc pas concerné directement par cette décision. En maintenant le même chiffre, l’on se demande si Abdelhak Benchikha, qui s’est rendu célèbre aussi pour son rapport aux symboles lorsqu’il était en Tunisie, n’a pas voulu jouer un peu sur cela. Est-ce une allégorie au serpent à sept têtes qu’il fallait abattre pour sauver l’EN ?
Gouaoui poussé par la fougue de Cédric
On attendait sa mise à l’écart juste après le Mondial, mais Lounès Gaouaoui a été une fois de plus sélectionné pour parer à une éventuelle blessure de Mbolhi face à la Centrafrique. L’ancien capitaine des Verts semblait plus rassurant que Zemmamouche en raison de sa longue expérience. Mais, aujourd’hui, il ne semble pas aussi rassurant aux yeux du sélectionneur qui a sans doute pris en compte la très mauvaise entame de saison de l’USM Blida. Benchikha ne pouvait pas se permettre d’écarter la jeunesse et la fougue de Cédric, irréprochable avec la JSMB, et refaire confiance à un Gaouaoui un peu vieillissant. Même si pour un gardien de but, l’âge n’est pas aussi important que pour les joueurs de champ. Est-ce la fin pour Lounès en Equipe nationale ? A lui de nous le dire.
Bellaïd, le mal aimé des Verts
Habib Bellaïd n’a pas encore été admis dans les cœurs des supporteurs algériens qui gardent encore quelques soupçons de sa bonne foi en s’engageant avec l’Equipe d’Algérie.
C’est peut-être le seul des joueurs écartés qui ne trouvera pas de fans pour défendre son retour. Mais est-ce que cela est justifié ? A-t-on le droit de douter de l’amour d’un amour pour les couleurs nationales ? Bien sûr que non ! Bellaïd est, à notre sens, simplement victime de son irrégularité en club. Depuis que Saâdane l’a pris dans l’équipe, Bellaïd n’a pas pu s’imposer tant dans l’axe que sur le côté droit. Un peu plus de stabilité en club lui vaudra sans doute un retour par la grande porte.
Benyamina, au nom du frère aussi !
Il était question qu’on aille le superviser à maintes reprises avant le Mondial. Mais Saâdane et son staff n’avaient pas assez de temps (!) pour voir tout le monde. Et c’est ainsi que le buteur attitré de l’Union Berlin s’est retrouvé sur le carreau. Un geste que le joueur et sa famille ont très peu apprécié. Comme l’a avoué son jeune frère qui a même déclaré ouvertement ne jamais mettre les pieds dans cette Equipe d’Algérie, où règne l’injustice. Voilà qui est réparé pour Karim, au nom de tous les siens !
Zerdab-Aoudia : et si ça marchait avec ce duo ?
En faisant appel à deux des meilleurs buteurs du championnat national, Benchikha veut surtout tenter de résoudre le problème de stérilité offensive qui empêche les Verts de gagner ses matchs depuis près d’une année.
Une solution aussi radicale que surprenante, surtout qu’elle s’est faite au détriment de Ghezzal et Ziaya qui feraient le bonheur de toutes les équipes du championnat national. Allez savoir ce qui s’est produit dans la tête de Benchikha en prenant une telle décision ! Mais ne vous fiez pas aux apparences, car nul ne connaît la vraie valeur d’un joueur local, lorsqu’il est mis dans les meilleures conditions. Pour les sceptiques, sachez que le duo Zerdab-Aoudia ne peut pas faire pire que les autres. A moins qu’ils marquent… contre leur camp !
Belhadj, ou le mauvais choix de carrière
Incontestablement, la mise à l’écart de Nadir Belhadj est la plus surprenante d’entre toutes les autres. Et pour cause ! Il était l’un des titulaires incontestés de l’équipe.
L’un des plus en vue, celui que tous les techniciens du monde remarquent inévitablement dans un match des Verts. Au sortir du Mondial, Belhadj était annoncé en grande pompe dans clubs les plus huppés d’Europe. Du Barça à l’Inter en passant pas la Lazio, le latéral gauche algérien ne laissait personne indifférent. Mais au final, il déroute tout le monde en allant s’enfoncer dans le sable mouvant du championnat du Qatar. Une décision que ne lui pardonnent pas encore ses fans qui lui reprochent son mauvais choix de carrière.
Sa prestation médiocre face au Centrafrique semble lui avoir porté le coup de grâce. Benchikha a eu l’audace de toucher à un des cadres les plus enracinés de l’EN. La question qu’on se pose aujourd’hui est celle de savoir si Belhadj va pouvoir se reprendre ou sombrer définitivement ? Le mercato d’hiver pourrait nous en donner une part de réponse.
Ziaya, des promesses non tenues
Abdelmalek Ziaya n’a pas tenu ses promesses en revenant en sélection. Lui qui avait été écarté par Saâdane à la suite d’un différent mystérieux, à ce jour non encore élucidé, avait juré de résoudre le problème de l’attaque des Verts. Plus facile à dire qu’à faire.
Abdoun, victime de son comportement
Certains disent que Djamel Abdoun a raté en Centrafrique une grande chance de visser sa place de titulaire dans le onze des Verts. Certes, ce joueur est pétri de qualités.
Ceci est incontestable. Mais le caractère qu’il affiche parfois au sein du groupe irrite quelque peu les responsables, tout comme certains de ses coéquipiers. C’est sans doute cela que Benchikha et Raouraoua sont en train de lui faire payer aujourd’hui.
Son comportement jugé encore immature lui joue souvent de mauvais tours. En dehors de cela, on voit mal comment un aussi bon joueur ne peut pas gagner sa place chez les Verts. Surtout avec ce qu’il est en train de réaliser avec Kavala.
Ghezzal récolte la tempête du «vent» qu’il a semé
Malgré sa sympathie et ses bonnes prestations avec Bari, Abdelkader Ghezzal n’a pas convaincu Benchikha de lui faire confiance pour le match du Luxembourg. Ghezzal récolte sans doute la tempête du vent qu’il a semé en plus d’un an de stérilité offensive. Beaucoup de supporteurs avaient réclamé son éviction de l’EN. Mais on ne croit pas que Benchikha l’ait écarté pour leur faire plaisir.
A notre avis, Ghezzal a encore des choses à offrir aux Verts. Que ce soit comme titulaire ou comme remplaçant. On ne peut pas croire que le niveau d’un joueur qui évolue en Serie A soit en deçà de celui de l’Equipe nationale.
Laïfaoui, l’éternel remplaçant
Abdelkader Laïfaoui a été utilisé par Saâdane comme un éternel remplaçant. Celui qu’on prend dans le groupe, mais à qui on ne donne jamais sa chance. Il était un peu comme un objet beau, mais dont on ne trouve pas l’utilité immédiatement, mais qu’on ne veut pas jeter.
A force de chauffer le banc paisiblement, on perd toute crédibilité aux yeux du successeur. Finalement, Saâdane ne lui avait pas rendu service en le gardant dans l’équipe.
Meftah-Metref, le retour tant espéré !
Saâdane avait les yeux braqués sur tous les championnats du monde, sauf celui de son pays. Le niveau des A’ ? Il l’avait jugé très moyen pour y puiser les latéraux qu’il recherchait en vain.
Et pourtant Meftah et Metref redoublaient d’efforts tout au long de la saison, sans pour autant plier le Cheikh têtu. Aujourd’hui, Benchikha semble avoir rouvert les portes à ces deux joueurs dont il connaît la valeur. Un retour tant espéré par Meftah et Metref qui semblent être décidés à s’y stabiliser
Mehdi-Mostefa et Mesloub en avaient rêvé
La sélection de Mehdi-Mostefa et Mesloub relève du miracle pour eux, même s’ils en avaient longtemps rêvé
Et pour cause, ces deux joueurs que Le Buteur a présenté à ses lecteurs il y a tout juste une poignée de jours nous ont révélé qu’ils seraient ravis de rendre service à l’Equipe nationale si le coach venait à leur faire appel.
Jadis supporteurs des Verts, Mostefa et Mesloub se retrouvent aujourd’hui acteurs. Une belle récompense pour Mostefa qui veut clouer sa place ne défense et un baume sur le cœur de Walid Mesloub qui aurait tant aimé que les deux parents qu’il a perdus tout récemment puissent partager son immense bonheur. Le peuple le fera à leur place !
N. D.