Le nouveau spectacle des Ateliers el Bahia soumis au débat: Saïd Bouabdallah opte pour un texte émirati

Le nouveau spectacle des Ateliers el Bahia soumis au débat: Saïd Bouabdallah opte pour un texte émirati

Le thème est repoussant, mais le quadri-suspense, sur lequel viennent s’enchevêtrer les dialogues, rend la pièce particulièrement intéressante à la voir transposée sur les planches.

Avant de produire sa dernière pièce, Saïd Bouabdallah, des Ateliers El Bahia, a soumis le texte sur lequel il va se baser à une lecture publique, comme cela se faisait auparavant, notamment du temps où il dirigeait le TRO. N’étant plus à la tête de cette institution, la rencontre a eu lieu chez lui, à Misserghine, et dans une ambiance plutôt conviviale. Autour de Ali Abdoune (alias Ouaga), auteur de la pièce d’origine émiratie, qu’il a adaptée librement, on y trouve plusieurs responsables de compagnies théâtrales, des comédiens et des universitaires spécialistes de cette discipline.

Sans titre est l’intitulé provisoire de cette intrigue qui repose principalement sur des personnages représentatifs de la société liés par un destin hors du commun, celui de vouloir à tout prix se suicider. Le thème est repoussant, mais le quadri-suspense, sur lequel viennent s’enchevêtrer les dialogues, rend la pièce particulièrement intéressante à la voir transposée sur les planches.

En effet, c’est l’attente d’un acte sur le point de se produire et l’intervention à chaque fois d’un destin inattendu, prolongeant cette attente, qui donne du piment à la pièce et qui la rend captivante à suivre. Un riche débat a eu lieu autour de la dimension idéologique, de son rapport au réel, mais surtout, et c’est l’avis des spécialistes, de l’utilité, de la consistance et de la justification dans leur contexte de certains personnages. Symboliquement, c’est le suicide d’un jeune diplômé chômeur qui restera dans l’histoire comme le déclencheur des révoltes dites arabes et qui ont mené à ce que des sociétés entières se désagrègent.

Le ménage à trois entre un jeune chômeur, un intellectuel quadragénaire qui ne trouve plus sa place et un homme d’affaires victime des puissances financières qui le dépassent, est complété par l’entremise d’un élément féminin qui va en quelque sorte en même temps nouer les vécus des uns et des autres et en même temps être l’élément par lequel le dénouement donne un certain sens à la pièce.

«Ce personnage ne figurait pas dans le texte original, qui, lui-même, demandait à être plus étoffé pour lui donner plus de consistance», explique l’auteur algérien, précisant toutefois que la structure dramaturgique a été respectée. On imagine déjà comment les entrées des personnages vont rythmer le temps de la représentation à laquelle il faudra imaginer un lieu qui soit le plus proche possible de ce que voudrait l’auteur.

Le débat n’est jamais clos et c’est ce qui peut constituer un piège rendant les choix du metteur en scène particulièrement difficiles. «Je suis en train de récolter des avis, des idées, mais à un moment je suis obligé de trancher et de préférence avec l’auteur du texte, ce qui constitue une difficulté supplémentaire», explique Saïd Bouabdallah, qui compte entamer sa réflexion sur le travail scénique durant ce mois de juin. Etant également producteur, il se soucie aussi de la logistique et des moyens disponibles pour monter le spectacle.

Une chose est sûre, l’humour ne manque pas, mais ce n’est pas, et c’est tant mieux, l’essentiel, car, à défaut, on tomberait dans la caricature qui ne veut rien dire ou le divertissement, qui a son utilité certes, mais qui ne répond pas au désir des spectateurs de théâtre de sortir moins bêtes de la représentation. Saïd Bouabdallah tient non seulement à la dimension artistique, mais aussi au souci de s’inscrire dans les préoccupations et les réflexions de son temps.