Le nouveau quai de Cap Falcon, actuellement en construction au niveau de la plage des Dunes pour l’accostage des navires devant assurer la liaison maritime Oran-Ain El Turck, est dĂ©jĂ un point de rencontre des mordus de la pĂŞche de bord, qui longent tous les après midi les 200 m du dĂ©barcadère pour « taquiner » le poisson.
Depuis le dĂ©but du mois de Ramadhan et avec l’arrivĂ©e des belles journĂ©es ensoleillĂ©es, les amateurs de pĂŞche d’Ain El Turck ont renoncĂ© aux autres plages, dotĂ©es d’enrochements qui surplombent l’eau pour jeter leurs hameçons. Ils sont nombreux Ă tenter l’expĂ©rience depuis le nouveau quai de Cap Falcon, dont les travaux de rĂ©alisation touchent Ă leur fin.
« Les 200 mètres du dĂ©barcadère offre une profondeur intĂ©ressante, près d’une quinzaine de mètres Ă peu près », explique Halim, qui vient pĂŞcher Ă partir du quai depuis des semaines.
Alors que la plage des Dunes est presque vide en ces journĂ©es du mois du Ramadhan, le quai est, quant Ă lui, envahi de jeunes et de moins jeunes pĂŞcheurs amateurs qui viennent passer de bons moments et rentrer, pour les plus chanceux d’entre eux, avec quelques poissons Ă frire.
« Depuis la construction du quai, la pĂŞche est plus que fructueuse. On ne se contente plus de quelques poissons », affirme Halim, un trentenaire ainturckois qui pratique la pĂŞche de bord depuis sa tendre enfance. Tout fier, il ouvre un sachet Ă moitiĂ© plein, pour dĂ©voiler les diffĂ©rentes prises allant de la petite dorade au marbrĂ© et Ă la sole.
« Avant quand je jetais mon hameçon ailleurs, je rentrais Ă la maison avec une livre de poissons. Aujourd’hui Ă Cap Falcon, il m’arrive d’atteindre les 2 kg », ajoute-t-il.
Le succès que connaĂ®t ce site s’explique par l’abondance du poisson et le nombre de prises que peuvent rĂ©aliser ces pĂŞcheurs amateurs, venus d’Ain El Turck, des localitĂ©s voisines, et mĂŞme d’Oran ville, situĂ©e Ă une trentaine de kilomètres.
C’est le cas de Aziz, habitant du vieux quartier de Sidi El houari, qui vient pĂŞcher sur le quai depuis le dĂ©but du mois de Ramadhan. Ce sexagĂ©naire au sourire bĂ©at, Ă©tait marin dans sa jeunesse, avant qu’un accident lui fasse perdre en partie l’usage d’une jambe, qu’il n’a repris qu’à moitiĂ© avec la rééducation. « La pĂŞche Ă la ligne est le seul contact qui me reste avec la mer », dĂ©clare-t-il avec un brin de tristesse.
Avec son voisin, il pĂŞche dans diffĂ©rentes zones. Le quai est une aubaine pour lui. L’escalade des enrochements Ă©tait souvent Ă©prouvante pour sa jambe. « La pĂŞche me permet de joindre l’utile Ă l’agrĂ©able, me dĂ©stresser et remplir mon sac de poissons. Quelques-uns pour faire une bouillabaisse et d’autres iront Ă la poĂŞle », s’est-il amuser Ă expliquer.
Un loisir … tout de mĂŞme rentable
Hamid, voisin de Aziz, estime pour sa part que cette pĂŞche est « un loisir tout de mĂŞme rentable », expliquant que sa canne Ă pĂŞche qu’il a payĂ© Ă 3.000 dinars a Ă©tĂ© très vite « amortie » grâce aux prises qu’il ramènent chaque soir chez lui.
Ce loisir est pratiquement masculin. Les pĂŞcheurs du quai sont exclusivement des hommes, jeunes pour une grande partie, mĂŞme très jeunes pour certains. « La pĂŞche de bord est une passion qui se transmet de père en fils », explique El Houari, 53 ans. Lui qui l’a appris avec sa mère et son père, avant de l’inculquer Ă son tour Ă ses deux enfants, Salim et Ayoub, âgĂ©es respectivement de 9 et 13 ans.
El Houari est Ă©galement père de trois filles. Pour lui, il n’est pas question de les impliquer car, la pĂŞche est « une activitĂ© exclusivement masculine ». « Haramat, sahbi », rĂ©plique-t-il en riant.
MalgrĂ© la foule prĂ©sente sur le dĂ©barcadère, un certain calme règne. Hormis un groupe d’adolescents excitĂ©s, qui se chamaillent et font des allĂ©es retours, le reste de pĂŞcheurs sont comme absents, complètement absorbĂ©s par ce qu’ils font. Les yeux rivĂ©s sur l’horizon et l’esprit comme emportĂ© par les vagues.
Avant même sa mise en service, prévue pour le 5 juillet prochain, à l’occasion de l’ouverture de la saison estivale et l’accostage de deux bateaux de 300 places chacun, assurant la liaison maritime entre Oran et Ain El Turck, le quai de Cap Falcon participe déjà à l’animation de la région.