Six attestations de bonne exécution de travaux, sans qu’ils ne soient réellement exécutés, une autre attestation confirme qu’une entreprise de travaux publics relevant du secteur privé a effectué des travaux de revêtement en béton bitumineux de la voirie de six cités de la commune de Sidi Chahmi, alors que l’entreprise en question est inconnue dans le registre des services techniques de cette commune, telles sont les fausses déclarations portées sur ces attestations dont nous détenons les copies qui ont été signées par le maire et délivrées par l’APC de Sidi Chahmi à un entrepreneur afin qu’il puisse soumissionner pour un marché dans la lointaine wilaya de Tamanrasset.
Il convient de souligner que pour participer à un appel d’offres pour la réalisation de travaux de revêtement ou de réhabilitation de la voirie, les entreprises intéressées doivent satisfaire à certaines conditions d’éligibilité.
Parmi ces conditions, il y a lieu de relever entre autres, celle d’avoir réalisé au courant des trois dernières années, au moins un projet de revêtement en béton bitumineux et d’avoir consommé au moins un volume de 2.700 tonnes et plus de ce matériau en un seul projet.
Pour justifier la quantité des enrobés, les soumissionnaires doivent obligatoirement joindre leurs attestations de bonne exécution au dossier de soumission. Ainsi, afin de pour pouvoir participer à un avis d’appel d’offres lancé par la Direction des travaux publics de la wilaya de Tamanrasset, un entrepreneur, probablement d’Oran, a fourni son dossier de soumission comprenant entre autres six attestations de bonne exécution délivrées par l’APC de Sidi Chahmi.
Voulant travailler dans les normes et conformément à la loi relative au code des marchés, le service de l’administration et des moyens de la Direction des travaux publics de la wilaya de Tamanrasset a adressé une correspondance (réf 311/ 2014) au président de l’Assemblée populaire communale de Sidi Chahmi, portant la liste récapitulative des six attestations de bonne exécution, pour confirmation.
De fausses attestations et des interrogations
Dans une lettre de réponse que le service technique de la mairie de Sidi Chahmi a préparée et que le maire aurait refusé de signer, il est indiqué qu’aucune de ces attestations n’est portée sur le registre du service et qu’aucune de ces opérations n’a été réalisée par cet entrepreneur dans la commune de Sidi Chahmi, ce qui veut dire en clair, que les déclarations portées sur ces attestations d’exécution sont purement et simplement fausses.
Par contre, dans sa lettre de réponse portant la réf numéro 01408, du 28 mai 2014, le maire confirme que les attestations présentées par l’entrepreneur en question sont authentiques et que celui-ci a réalisé ces travaux dans le respect des normes et dans les délais prescrits.
Pour connaître la réalité des faits, nous nous sommes rapprochés de M. Mostapha Ali, président de l’Assemblée populaire de Sidi Chahmi, auquel nous avons donné le nom de l’entrepreneur, avant de lui demander s’il le connaissait. Sa réponse a été négative.
Après lui avoir expliqué que cet entrepreneur a transmis à la Direction des travaux publics de Tamanrasset des attestations de bonne exécution qu’il a lui même signées, celui-ci après avoir quitté son bureau pour passer des coups de fil, est revenu pour nous dire «c’est vrai, après avoir vérifié avec notre service technique, nous nous sommes rendu compte que c’est par erreur que nous avons délivré ces attestations et c’est aussi par erreur que nous avons confirmé l’authenticité de ces documents à la DTP de la wilaya de Tamanrasset.
Cet entrepreneur n’a jamais effectué des travaux dans notre commune et nous venons de rectifier le tir en adressant une correspondance à cette même direction pour l’informer que nous nous sommes trompés, je confirme qu’il s’agit d’une erreur», a tenu à expliquer le maire de Sidi Chahmi.
Oui, au niveau de l’APC de Sidi Chahmi, on se trompe en délivrant six fausses déclarations et quelque temps après, on se trompe une seconde fois en signant une lettre de réponse adressée à la DTP de Tamanrasset, attestant l’authenticité des attestations d’exécution, ce n’est que plusieurs semaines après avoir signé ces documents, qu’on s’aperçoit qu’il existe un service technique de la commune qu’on doit consulter, pour s’apercevoir que l’entrepreneur en question n’a jamais effectué des travaux dans la commune de Sidi Chahmi, mais ce qui n’a pas été dit par le maire, est que les attestations de bonne exécution signées par lui, ne sont pas uniquement de fausses déclarations, mais elles sont en plus antidatées car en 2013, M. Mostapha Ali n’était pas maire, il ne l’est que depuis même pas deux mois.
Après avoir quitté le bureau du maire pour revenir 5 minutes après, nous avons été surpris de trouver ce responsable en conversation téléphonique avec une autre personne, la priant de voir avec l’entrepreneur pour lui restituer les originaux des attestations de bonne exécution.
A vous messieurs les responsables concernés, de faire votre travail pour déclencher une enquête et mettre chacun devant ses responsabilités.
Une commune hors du temps
La commune de Sidi Chahmi qui a fourni à la wilaya, son représentant au Sénat, est en passe de devenir un véritable cas d’école en matière de mauvaise gestion. En effet, la localité qui abrite près de 150.000 âmes est gérée par l’absurde.
Il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler d’une affaire mettant en cause des élus. D’ailleurs, le maire, installé au terme des dernières élections communales, a été suspendu car faisant l’objet de poursuites judiciaires. Et ce n’est pas tout, car d’anciens élus font l’objet de poursuites judiciaires et l’ancien premier magistrat de cette collectivité a même été condamné à de la prison ferme par la justice. Ce n’est pas logique quand on connaît la volonté des pouvoirs publics de construire un Etat de droit et surtout de redynamiser l’action des assemblées élues.
Des maires qui dilapident des deniers publics, ça a toujours existé, mais ceux qui versent carrément dans le faux et usage de faux, c’est une nouvelle race qui vient vicier l’action des assemblées élues, qui sont censées améliorer le quotidien du citoyen mais qui ne sont finalement qu’un tremplin pour se remplir indûment les poches. Le wali devrait intervenir et ordonner une enquête, car au train où vont les choses, c’est la crédibilité de l’Etat et de ses institutions qui est mise en jeu.
A.Bekhaitia