Le nouveau directeur de l’Institut Cervantès d’Alger, Antonio Gil De Carrasco : «J’ai des projets importants»

Le nouveau directeur de l’Institut Cervantès d’Alger, Antonio Gil De Carrasco : «J’ai des projets importants»

Après avoir dirigé plusieurs Instituts culturel espagnols dans le monde, Antonio Gil De Carrasco pose ses valises à Alger, pour diriger l’Institut Cervantès d’Alger pour les cinq années à venir. Installé depuis une dizaine de jours et riche d’une forte expérience de plus de quarante ans, Antonio Gil de Carrasco prévoit un important programme culturel pluridisciplinaire. Dans cet entretien, il a bien voulu nous faire montre de ses premières impressions à son arrivée à Alger, et du programme culturel qu’il prépare avec beaucoup d’attention.

Le Temps d’Algérie : C’est la première fois que vous venez à Alger. Qu’en pensez-vous ?

Antonio Gil De Carrasco : Je suis vraiment content d’être ici. J’ai demandé aux responsables culturels de mon pays d’aller travailler dans un pays arabe et on m’a proposé l’Algérie, bien que ce ne soit pas qu’un pays arabe puisqu’on y trouve toutes les cultures en plus d’être un pays méditerranéen. J’ai déjà dirigé les Instituts culturels espagnols du Caire, Damas, Beyrouth et d’Istanbul, je suis vraiment content de commencer une nouvelle aventure ici à Alger. C’est depuis 1986 que je travaille à l’étranger et là, je suis en train de me rapprocher pour retourner dans mon pays. Tokyo a été ma précédente destination et maintenant c’est Alger et après ça sera le retour en Espagne.

Dans votre périple, vous avez donc toujours dirigé les Instituts culturels espagnols ?

Non. Lorsque j’étais au Royaume-Uni, je dirigeais l’Institut Manchester Lead et celui de Liverpool en tant qu’attaché de l’ambassade d’Espagne chargé de l’éducation. Mais mis à part cette mission qui a duré cinq ans, oui j’ai toujours été directeur des Instituts culturels espagnols dans le monde.

L’Institut Cervantès d’Alger existe depuis 1992. Ce n’est pas le plus ancien d’Alger mais il a fait ses preuves. Aujourd’hui, que vous en êtes le nouveau directeur, qu’allez-vous apporter de plus ?

Je pense mettre mon expérience. J’ai beaucoup travaillé avec les ambassades latino-américaines et il y a plus de 500 millions de personnes dans le monde qui parlent espagnol. C’est la langue officielle dans plus de 20 pays à travers le monde et c’est un grand avantage que nous exploitons. Quand on organise une activité culturelle, on la fait en espagnol et nous représentons ainsi tous les pays hispaniques. J’ai eu récemment une entrevue avec l’ambassadeur du Venezuela ici à Alger et je vais essayer de travailler avec toutes les ambassades hispaniques d’Algérie pour partager notre expérience et la culture espagnole. L’Algérie est un pays merveilleux et beaucoup d’artistes souhaitent le visiter.

L’Institut Cervantès est le plus grand au Maghreb en termes d’élèves inscrits aux cours de langue espagnole. Pourquoi les Algériens sont-ils attirés par cette langue?

Exact, l’Institut Cervantès d’Alger avec celui d’Oran comptent le plus grand nombre d’élèves inscrits en cours de langue au Maghreb. Et l’année passée, nous avons été les quatrièmes dans le monde. Pour moi, l’intérêt que portent les Algériens à la langue espagnole est très important et c’est ce point qui me motive à apporter des extras à cet Institut.

Dans ce sens, y a-t-il des étudiants algériens qui rejoignent les universités espagnoles à travers l’Institut Cervantès ?

Non. Cela ce passe par le biais de l’ambassade d’Espagne en Algérie. Nous faisons seulement l’apprentissage. Avant, nous avions un programme qui permettait aux étudiants d’obtenir des bourses, ce qui les aidait à prendre attache directement avec les universités en Espagne et ainsi leur faciliter les démarches pour obtenir un visa. Seulement, aujourd’hui, avec la crise économique qui touche l’Espagne depuis six ans, c’est beaucoup plus compliqué qu’avant. On espère toutefois que ça va s’améliorer.

Donc, il n’y a pas de collaboration entre l’Institut Cervantès et le ministère de l’Education nationale ?

Si, mais dans un autre volet. On a déjà collaboré avec le ministère de l’Education à travers des formations de professeurs. On a organisé des formations de deux années consécutives au profit des professeurs d’espagnol algériens dans les lycées, et l’Institut Cervantès a appuyé ces formations. On espère poursuivre ce genre de collaboration.

Quel programme culturel prévoyez-vous pour l’Institut Cervantès ?

Il y aura beaucoup de littérature. Découvrir un pays ne passe pas que par sa langue mais aussi par sa littérature. Je compte ramener ici les plus grands écrivains espagnols… Aussi, et en ce qui concerne la langue, nous avons beaucoup de termes similaires, notamment des mots en arabe dans la langue espagnole.

Il y a aussi la musique andalouse et le flamenco… Je vais organiser de grandes expositions d’artistes espagnols et je compte aider les artistes algériens à exposer ici à l’Institut Cervantès. J’aimerais travailler avec les Instituts culturels algériens et j’espère qu’ils m’aideront à faire venir à Alger, les plus importants artistes espagnols et latino-américains. Par ailleurs, cela fait seulement 10 jours que je suis là (rire), et pour le moment, je vais poursuivre le travail de mon prédécesseur. J’aimerais beaucoup travailler avec Eunic (une organisation européenne) pour organiser un congrès international d’architecture avec les universités et architectes algériens. Avec cette même organisation, je souhaite établir un programme de musique et d’éducation pour célébrer les journées des langues européennes à Alger.

Par ailleurs, je compte ramener un grand chef d’orchestre et un guitariste espagnols pour donner un concert à Alger et se produire avec l’Orchestre de musique symphonique algérien. Et pour cela, j’aimerais collaborer avec le ministère de la Culture algérien. Aussi, j’inviterais des professeurs espagnols pour présenter leurs programmes de langue espagnole ici à l’Institut Cervantès. Je voudrais aussi organiser des rencontres autour du sport. J’inviterais le champion de France de cyclisme, Pedro Delgado pour faire une conférence avec la Fédération algérienne de cyclisme. On prévoit aussi une sortie avec les cyclistes algériens. Je l’ai déjà fait à Tokyo et c’était une très belle expérience. J’inviterais aussi un grand entraîneur de football qui fera un atelier de foot avec les joueurs et entraîneurs algériens.  Je vais peut-être aussi ramener un grand chef cuisinier espagnol et faire une combinaison de recettes espagnoles et algériennes, pourquoi pas un bon couscous hispano-algérien (rire). Nous avons beaucoup de projets qui touchent tous les domaines. J’espère tous les réaliser.

Sara Boualem