L’Algérie enregistre chaque année 50 nouveaux cas de sida et 200 nouveaux cas de séropositivité, a déclaré hier le Dr Salima Bouzeghoub, responsable du Laboratoire national de référence de l’infection VIH, lors de son passage au Forum d’El Moudjahid. Les nouvelles contaminations touchent particulièrement les jeunes âgées entre 25 et 39 ans. Ce chiffre, selon la même intervenante, demeure en deçà de la réalité, puisque la plupart des séropositifs ignorent leur infection, d’où le risque de la propagation du virus en Algérie.
Elle a déclaré que l’Algérie est un pays à faible prévalence, avec un taux de 0,1%, «mais le risque d’infection rapide n’est pas à écarter».
C’est pour cette raison qu’elle appelle les autorités concernées à renforcer les efforts et mettre en place les mesures nécessaires, afin de sensibiliser la population au dépistage. Actuellement, 9 centres de dépistages gratuits et anonymes sur 50 unités en cours de réalisation sont opérationnels. Les chiffres officiels, a précisé le Dr Bouzeghoub, «donnent un cumul, entre 1985 et le 30 septembre 2011, de 1234 cas de VIH et 5381 séropositifs».
Le nombre de nourrissons infectés est passé à 16 bébés en 2010, alors que le chiffre était de 6 en 2009. De nombreux spécialistes et observateurs affirment, pour leur part, que ces statistiques ne reflètent en aucun cas la situation réelle. Larbès Slim Ali, secrétaire général de l’association Solidarité Aids, a tiré la sonnette d’alarme sur les pénuries de médicaments récurrentes enregistrées à l’échelle nationale.
Il reconnaît que cette pénurie et généralisée et concerne tous les traitements et non pas seulement de la maladie du VIH sida mais souligne qu’une rupture de traitement pour un sidéen peut signifier la mort.
Consolidant l’avis du SG de l’association, Dr Bouzeghoub a rappelé que l’approvisionnement en traitement des malades connaît des perturbations, comme tous les traitements des autres pathologies. Il existe, a-t-elle expliqué, «des ruptures de médicaments ou de réactifs nécessaires pour le suivi biologique du malade qui peut développer des résistances, rendant les chances inégales entre séropositifs».
Elle a conclu, à cet effet, que la prise en charge en Algérie et en Europe n’est pas égalée. M. Larbès a ajouté que malgré les efforts de sensibilisation auprès de la population par des associations de malades ou ceux de certains organismes, le sida reste un sujet tabou et de nombreux jeunes atteints car l’usage du préservatif n’est pas généralisé et cela reste tabou. De nombreux malades arrivent à l’hôpital, a-t-il ajouté, pour y mourir.
«Ils cachent leur maladie à leur famille et à la société qui condamne le sida.» Le Dr Bouzeghoub a précisé, par ailleurs, que l’infection est en train de se féminiser en Algérie.
Plus explicite, elle a avancé que durant les années 1990 peu de cas féminins étaient recensés, mais maintenant «autant de femmes que d’hommes sont contaminés». Selon, le rapport récent de l’Onusida, 34 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH dans le monde en 2010, et ce, grâce à leur accès au traitement. Le même rapport précise que 50% des séropositifs ont accès à un traitement
S. A.