La population algérienne vieillit doucement mais sûrement. En 2008, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus était de deux millions et demi. Il sera de l’ordre de 7 millions en 2030 et l’Algérie comptera 10 millions de personnes en plus en 2040.
Même si la démographie de l’Algérie connaît un rythme de croissance relativement modéré, notre pays sera parmi les 50 pays les plus peuplés d’ici à 2040.
Cette estimation émane de la directrice de la population au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), Mme Nassira Keddad. A titre d’exemple, le rythme de croissance de l’année précédente était de 2.03%. Néanmoins, l’Algérie est déjà en phase «très avancée de la transition démographique dont les répercussions structurelles sont évidentes», a noté la même source à l’occasion d’une récente rencontre organisée à l’Institut national de santé publique (INSP) sous le thème «Aujourd’hui, la population mondiale comptera 7 milliards d’individus». L’accent a été mis, au cours de cette rencontre, sur «la nécessité de prendre en compte la dynamique démographique et la structure par âge de la population dans toute stratégie de développement en Algérie», du moment que la croissance démographique n’est pas sans effet et incidences sur la viabilité, l’urbanisme, l’accès à l’éducation et aux services de santé, a poursuivi Mme Keddad. Il a été par ailleurs indiqué que la société algérienne amorce vers le vieillissement de la structure d’âge. Au cours des huit prochaines années, le nombre de personnes âgées de 60 ans sera multiplié par deux. Alors que cette population représentait 7.8% de la société en 2008, elle sera de l’ordre de 14% en 2020. Une autre étude réalisée par la direction de la population au ministère de la Santé révèle que le nombre de personnes de 60 ans et plus, évalué à 2 millions en 1998, sera triplé à l’horizon 2030 et comptera 7 millions de personnes. Ainsi, à l’image des sociétés occidentales, la classe juvénile n’aura vraisemblablement pas la part du lion de la société dans les futures décennies. Contrairement aux années 70, 80 et celles d’après qui se sont caractérisées par une majorité écrasante de jeunes, la société algérienne s’achemine doucement mais sûrement vers le vieillissement. Cette situation s’explique essentiellement par la baisse du taux de natalité et l’accroissement de la durée de vie moyenne. Dans ce sens, l’espérance de vie est passée de 47 ans en 1962 à 71 ans en 2001, tandis que les couples d’aujourd’hui enfante deux contre sept enfants durant les années 1980. Si les problèmes socio-économiques ont eu un impact sur la diminution de nombre de naissances, il n’en demeure pas moins que d’autres phénomènes sont derrière cette régression de la natalité, comme le célibat qui gagne du terrain, le recul de l’âge du mariage qui est de 30 ans et plus pour les deux sexes et le nombre de cas de divorce de l’ordre de 7% par année, d’après les chiffres du ministère de la Justice. Notons dans ce registre que la désunion conjugale concerne principalement les jeunes couples dont 50% finissent par divorcer au bout de quelques années, et souvent avant d’enfanter. Face au recul du nombre de naissance et à la jeunesse qui prend de l’âge au fil des années, à l’avenir l’honneur sera la population du troisième âge qui constituera une bonne part de la démographie algérienne. Tout comme la jeunesse, présente en force aujourd’hui, et qui exige des mesures de prise en charge socio-économiques en matière de formation, d’emploi, de logement… l’Algérie de demain aura affaire à une population âgée qui nécessite d’ores et déjà des stratégies de prise en charge de ses besoins et de ses attentes spécifiques.
Yasmine Ayadi