Le nombre de cancéreux a augmenté de 50% depuis 1993

Le nombre de cancéreux a augmenté de 50% depuis 1993
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En constante hausse, au point d’être déclarés «problème de santé majeur» par le président de la République, les cas de cancer ont sensiblement augmenté en Algérie passant de 80 à 120 pour 100 000 habitants entre 1993 et les années 2000. Ce nombre est appelé à croître au même rythme que celui des pays avancés durant les cinq prochaines années, a alerté le président de la Société algérienne d’oncologie médicale (Saom), le professeur Kamel Bouzid.

«L’Algérie connaît le même rythme de prolifération du cancer que les pays occidentaux  en raison du vieillissement de sa population», a ajouté le professeur, également chef de service au centre spécialisé dans la lutte contre le cancer Pierre et Marie Curie (Alger).

En France, a-t-il dit, elle est de 300 cas pour 100 000 habitants et de 400 cas pour le même nombre aux Etats-Unis. Sur la base d’indicateurs sur la moyenne d’âge des Algériens qui est passée de 45 ans durant les premières années de l’Indépendance à 76 ans ces dernières années, le vieillissement expose une grande partie de la population à cette maladie. Face à la hausse du nombre de cancéreux, le professeur Messaoud Zitouni, chargé du suivi et de l’évaluation du plan national de lutte contre le cancer, a recommandé la réalisation de recherches scientifiques pour une «analyse approfondie» sur la prolifération du cancer en Algérie en se référant à des données cliniques.

Il a proposé, selon l’APS, l’élaboration d’une étude pandémique qui touche toutes les catégories d’âge, soulignant la possibilité de guérison des cas dépistés à un stade précoce. La moyenne d’âge des personnes atteintes, selon les chiffres de l’Institut  national de la santé publique (INSP), est de 52 ans, ce qui démontre une prolifération de la maladie parmi les personnes âgées (7% du total de la population). Une situation qualifiée par les spécialistes d’«ordinaire». L’INSP a estimé, en outre, que le nombre de nouveaux cas de cancer est  de 40 000 par an soit plus de 20 000 cas chez la femme et plus de 19 000 chez l’homme.

LG Algérie

Le cancer du poumon, de la vessie et de l’appareil digestif, le cancer colorectal et de la prostate sont les types de cancer les plus répandus chez les hommes avec un taux de 52,5%. Trois autres types de cancer sont, quant à eux, plus répandus chez la femme, à savoir celui de l’appareil génital (sein, utérus, col) suivi du cancer colorectal soit un taux de 68% du total des cancers chez cette catégorie.

Les cancers du colon, du poumon et de l’utérus restent les types les plus répandus en Algérie avec un taux de 50% touchant la moyenne d’âge de 59 ans pour l’homme et 51 ans pour la femme à l’exception du cancer du sein qui touche également les femmes à partir de 40 ans.

Le plan de lutte contre le cancer bientôt finalisé

A propos de la prévalence du cancer en Algérie, le professeur Messaoud Zitouni, chargé du suivi et de l’évaluation du plan national de lutte contre le cancer, a indiqué que le nombre de cas enregistrés est passé de 20 000 cas par an durant les années 90 à 45 000 cas par an durant les années 2000, soulignant qu’une  grande partie de la population du monde souffrait de cette maladie appelée à croître durant les prochaines années. A cet effet, le président de la République a chargé le ministère de la Santé d’élaborer un plan national de lutte contre le cancer et de l’inscrire comme chantier présidentiel.

Un rapport sur ce plan sera soumis au président à la fin octobre prochain. Le Pr Zitouni a souligné que le plan comprenait une série de propositions et de recommandations  qui englobent tous les aspects de lutte contre la maladie, rappelant que le rapport préliminaire qui comprend plusieurs propositions a été soumis au Premier ministre Abdelmalek Sellal en juin dernier.

Le Pr Zitouni a relevé, par ailleurs, que les moyens humains et matériels mobilisés «contribueront à relever le défi oncologique durant les années à venir». S’agissant des infrastructures sanitaires, le spécialiste a salué les efforts de l’Etat pour la réalisation d’un «grand nombre» d’hôpitaux et de cliniques répartis équitablement sur l’ensemble du territoire national.

Le problème de la radiothérapie persiste

S’agissant des ressources humaines, le spécialiste s’est dit satisfait quant à la formation de jeunes cadres qui ont contribué à «l’amélioration de la prise en charge sanitaire du citoyen», notamment en matière de lutte contre le cancer. «Si l’Algérie parvient à dépasser certaines entraves bureaucratiques, elle pourra améliorer la prise en charge du cancer à court terme», a-t-il ajouté. Il a déploré, en revanche, la longue attente des malades pour l’obtention des résultats des examens, en dépit des efforts déployés par l’Etat pour remédier à cette situation.

Il a appelé aussi à assurer une formation supplémentaire au profit des médecins généralistes qui prennent en charge les cancéreux au niveau local. Les facultés nationales de médecine ont assuré des années durant une formation de qualité aux médecins généralistes et spécialistes, a-t-il dit, notant toutefois que cette formation «ne correspond plus à l’évolution de la situation pandémique» dans la société,  ce qui nécessite selon lui une formation supplémentaire.

En dépit d’une «amélioration» en termes de traitement de chimiothérapie, le Pr Bouzid a affirmé que le problème de la radiothérapie entrant dans les traitements du cancer sera réglé en 2014 après l’acquisition par les centres spécialisés du matériel médical nécessaire. Le ministère de la Santé a prévu d’importer 57 appareils de radiothérapie à distribuer aux centres de lutte contre le cancer à travers le pays dont 15 sont en cours de montage, outre le réaménagement de certains services.

Ce programme, note le Pr Bouzid, permettra de régler définitivement le problème de la radiothérapie. Concernant les centres de lutte contre le cancer où les appareils de radiothérapie sont en cours de montage, le ministère de la Santé a affirmé que le centre de Constantine a bénéficié  récemment de cette opération.

Ceux de Batna et de Sétif seront équipés prochainement en plus de 10 autres centres. Le ministère avait autorisé également l’ouverture de quatre centres de radiothérapie relevant du secteur privé dont deux sont fonctionnels à Blida et Constantine. Cela permettra de prendre en charge 20 000 cancéreux. Face aux récurrents problèmes de pannes et de manque d’accélérateurs, seuls 8000 personnes bénéficient actuellement de ce traitement. Le spécialiste a préconisé un dépistage précoce de la maladie, car ceci offre des chances aux malades de guérir, déplorant le fait que la majorité des cas sont  dépistés à un stade avancé ce qui fait que le traitement n’a pas la même efficacité.

K. S. et agence