« Cabotins politiques « . C’est avec cette expression méprisante que feu Abderrezak Bouhara, militant respecté, traitait ceux qui, au FLN, ont accepté de jouer un rôle dans le fameux « complot scientifique » contre Abdelhamid Mehri.
Bouhara n’était pas parmi ceux qui ont défendu M.Mehri au cours du comité central de 1996 mais il était néanmoins rebuté par l’extrême grossièreté de ceux qui plastronnaient et se piquaient d’avoir obtenu le départ de Mehri.
ll n’en n’était rien, bien sûr. Feu Abdelhamid Mehri savait pertinemment que ce qu’il a appelé une « intrusion musclée du pouvoir » au FLN n’avait rien de politique. Il le décrira par la suite.
« Le traitement a consisté en une ordonnance grasse de la part de certains services de l’Etat qui croyaient, et sans doute le croient-ils encore, que les missions qui leur ont été confiées leur donnent le droit de gérer d’une manière ou d’une autre le fonctionnement des organisations sociales, partis et associations, de promouvoir certains de leurs dirigeants, de sélectionner leurs candidats aux assemblées élues, de rectifier leurs lignes politiques en cas de nécessité dans le sens qui sied à l’ordre établi (…) Cette forme de complot scientifique est en fait un composé organique du système de pouvoir et un instrument de gestion de la démocratie de façade ».
La période exceptionnelle de Mehri
A l’hôtel Al-Djazaïr (Ex- Saint Georges) où s’est tenu, début 1996, le comité central de ce fameux « complot scientifique « , les journalistes présents ont pu observer de visu ce que « intrusion musclée » voulait dire et mesurer le sens de l’expression « cabotinage ».
Mehri racontera par la suite à des amis que de nombreux membres du Comité central sont venus s’excuser et l’avertir qu’ils sont « contraints » de voter contre lui car ils étaient sous des menaces diverses dont celle d’être privés de leurs droits à retraite. Mehri ne leur en a pas tenu rigueur, il savait jusqu’où pouvaient aller les actions » basse police ».
Mais même ceux qui ont voté de manière « contrainte » contre lui reconnaissaient – et reconnaissent encore – que la seule période où le FLN a été un parti, au sens noblement politique du terme, est celle d’Abdelhamid Mehri. Ce grand monsieur avait réussi, par sa force de caractère et sa fermeté politique qui n’avait pas besoin d’excès de langage, à faire sortir le FLN de la « maison de l’obéissance ».
Il suffit de réécouter et de voir son intervention, de haute facture, lors de ce fameux comité central, pour mesurer la grandeur politique de cet homme qui a hissé le FLN à un statut, totalement inattendu, d’opposant.
Depuis ce fameux « complot scientifique », le niveau politique au sein du FLN connait une dégradation vertigineuse. Cela dépasse le cabotinage politique qui heurtait à l’époque Bouhara. Il n’existe pas l’ombre d’une idée au FLN mais il y a une guerre de bas étage entre courtisans.
Bataille de courtisans
On a eu de multiples épisodes de « redresseurs » qui deviennent par la suite des « redressés » qui vont devenir des « redresseurs », on a eu les crêpages de chignon et des croche-pieds et les interminables mauvais sitcom…
Le tout émaillé de période de « réconciliation » entre courtisans alors que le parti, selon la formule caustique de feu Mehri, devenait « indépendant de la volonté de ses militants ».
A ce jeu-là, les courtisans atteignent le fond et continuent de creuser. Mohamed Saadani incarne, jusqu’au vertige, la plongée du FLN dans le dérisoire et le grossier. Chargé de faire de « l’animation » – ce qui n’a rien à voir avec la politique -, il attaque tout le monde.
Après avoir chargé Hanoune, il repart à l’attaque contre Belkhadem, coupable d’avoir, organisé un diner privé à son retour de la Mecque. Et donc d’avoir « comploté » contre le parti sur « ordre de ses maîtres ». Le tout sur un mauvais jeu de mots sur le nom de Belkhadem… qui s’offusque d’un discours de « caniveau ».
Belkhadem n’a rien d’un ange. Il a lui-même, en courtisan, favorisé la dilapidation du capital, inestimable, de la période Mehri qui a donné aux militants du FLN un sentiment, sans précédent dans l’histoire du « hizb » de fierté et de dignité.
Mais il est difficile de ne pas constater, de visu, le fait que le niveau politique est tombé très bas au FLN. Avec Amar Saadani, il est en train d’atteindre un summum dans l’agressivité gratuite. « Tah ennivo bezzaf » dit un militant.