Ce ne sont pas des immigrants clandestins. Les Nigériens n’ont pas besoin de visa pour entrer en Algérie. Mais la situation précaire et les «agissements» en Algérie de certains de ces migrants, qui caressent l’espoir d’une vie meilleure, semblent déplaire à Niamey qui veut les rapatrier.
Amadou Marou, ministre de la Justice et porte-parole du gouvernement, voit dans la présence de ses migrants un «déshonneur» pour son pays.
Le Niger envisage de rapatrier ses citoyens installés illégalement en Algérie dans le cadre d’une opération du gouvernement de lutte contre la migration de ses populations vers les pays voisins. C’est ce qu’a fait savoir le ministre de la Justice nigérien dans une déclaration à la Radio nationale.
«Le gouvernement a décidé de rapatrier tous les ressortissants du Niger qui sont entrés chez notre voisin l’Algérie notamment ceux installés dans des camps», a annoncé, ce mardi à Niamey, Amadou Marou, ministre de la Justice et porte-parole du gouvernement. Le ministre a tout d’abord indiqué que les autorités ont commencé par démanteler les camps et les maisons de fortune installés au nord du pays et qui servent de point de ralliement des candidats à l’immigration clandestine vers l’Europe via l’Algérie.
De nombreux immigrants clandestins de l’Afrique sub-saharienne sont entrés en Algérie illégalement et se sont installés dans plusieurs villes algériennes dans l’espoir de gagner l’Europe. La stabilité en Algérie attire des vagues migrants qui autrefois passaient par la Libye pour rejoindre l’Europe ou s’y installer lorsqu’ils trouvaient du travail ou lorsqu’ils renonçaient à migrer vers l’Europe.
L’instabilité en Libye marquée par une prolifération des groupes armés et du banditisme a exposé les immigrants nigériens aux violences et aux vols. C’est ainsi que les passeurs ont décidé de se tourner vers l’Algérie, la seule issue pour maintenir leur business souvent avec des complicités dans les rangs des autorités locales notamment à Kantche dans le nord du pays.
Cela d’autant que les ressortissants nigériens, tout comme les Maliens, n’ont pas besoin de visa pour entrer en Algérie ce qui facilite aussi leur mouvement migratoire. Le ministre nigérien accuse ces trafiquants d’envoyer des immigrants désespérés, souvent sans pièces d’identité, traverser un désert aride et dangereux dans l’espoir de rejoindre l’Europe.
La découverte, en octobre dernier, des corps de 92 Nigériens, dont 32 enfants et 48 femmes dans le désert, dans le nord du Niger, à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne, a suscité l’indignation au Niger et la population a demandé au gouvernement de prendre des mesures urgentes pour empêcher qu’un tel drame ne se reproduise.
«Il y a des réseaux de criminels et de trafiquants sévissant de Kantche jusqu’en Algérie qui exploitent le désespoir de ces gens qui sont contraints à leur tour d’agir, ensuite, de manière honteuse», a dit M. Marou, stigmatisant la situation dans laquelle vivent ces masses d’immigrants. «Ces Nigériens qui se trouvent en Algérie ont perdu toute dignité et sont en train de déshonorer notre pays «, a-t-il déploré.
Aucune source au sein du ministère des Affaires étrangères n’était disponible hier pour réagir aux propos du ministre nigérien. L’immigration clandestine constitue l’un des dossiers dans les pourparlers entre l’Algérie et les pays du Sahel tout comme il fait partie des préoccupations des pays de l’ouest de la Méditerranée membres du dialogue des «5+5».
De plus en plus de ressortissants des pays sub-sahariens s’installent en Algérie depuis ces deux dernières années. Ils sont souvent sans papiers ce qui rend difficile leur identification s’agissant de leur pays d’origine. En Algérie, ces ressortissants qui vivent dans des conditions d’extrême précarité sont souvent réduits à la mendicité.
