Après des années d’un jeu puéril et discréditant où il feint d’être un «opposant» tout en étant membre du gouvernement, le parti islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a décidé de claquer la porte d’une «alliance présidentielle» de pure forme et regroupant également le FLN et le RND.
Un nouveau rôle pour lequel le personnage Soltani paraît peu crédible. Le retrait était déjà annoncé par la décision récente du MSP de voter «non» à la loi sur les partis.
A l’évidence, le MSP se place dans la perspective des élections législatives du printemps prochain et se plait à rêver qu’il va profiter de la « vague verte». Celle-là même qui est en train de porter les Frères musulmans au pouvoir en Egypte et qui a permis aux FM de Tunisie et du Maroc de prendre la tête du gouvernement. Une perspective que le MSP rêve de voir s’étendre à l’Algérie. La décision de se retirer de l’Alliance présidentielle a été prise à l’issue d’une réunion du Majliss Echoura.
Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M. Bouguerra Soltani, dans un de ses retournements langagiers qui ne manque pas de piquant, ne voit dans cette alliance «à l’horizontale» qu’une persistance dans «la médiocrité politique» qui ne sert «ni le pays ni le citoyen». Bref, Soltani fait en 2012 une découverte que de nombreux cadres du MSP ont faite depuis des années en se retirant discrètement du parti.
Le président actuel du MSP met cela sur le compte du «devoir national» en faveur de la réconciliation nationale, mais que le moment est venu d’aller vers «la compétition aux hauts postes». Bref, le MSP veut se «libérer du double langage». Il a donc cessé d’approuver les «réformes du Président», qui sont «toujours régies par la hantise de la tragédie nationale et la logique de l’état d’urgence».
La tonalité «oppositionnelle » s’exprime ainsi dans la critique des lois adoptées qui, selon lui, «ont été vidées de leur substance, à savoir les libertés, la transparence, la volonté politique et l’ouverture politique et médiatique». Bouguerra Soltani affirme même que l’opinion publique «n’est pas enthousiasmée» par ce niveau de réformes en raison «des restrictions des libertés politiques, médiatiques, syndicales et sociétales».
Le MSP a-t-il été «libéré» par un système qui l’a contraint à un mariage forcé dans l’Alliance présidentielle durant les mandats de Bouteflika ? Le lexique employé par Soltani laisse entendre qu’après un mariage forcé, on est désormais dans un divorce de convenance. Le MSP n’étant pas, en tout cas pas du tout avec sa direction actuelle, un parti d’opposition pour le système en place, sa «liberté» retrouvée s’insère dans une démarche censée crédibiliser le prochain scrutin.
SOLTANI FAIT DES COMPARAISONS ERRONÉES
Le système et le MSP, qui en fait désormais partie, semblent croire qu’ils seraient gagnants quel que soit le résultat. Il reste que le MSP, en regardant du côté des Tunisiens et des Egyptiens, voire des Marocains, fait des comparaisons erronées. Soltani oublie un peu trop vite que le succès des mouvements islamistes des «Frères» dans ces pays est venu à la suite de longs combats oppositionnels et non à l’issue d’une «alliance» de gouvernement.
Le Premier ministre tunisien actuel a passé de nombreuses années en prison, il n’était pas dans une alliance au sein du pouvoir. Il en est de même en Egypte. Au Maroc, le PJD a joué le modéré mais en restant dans l’opposition. Sortir de l’Alliance présidentielle à 4 ou 5 mois des législatives, cela ne constitue pas un gage sérieux pour un parti qui a été vidé de ses cadres, rebutés par la compromission dans le pouvoir.
On peut se demander si le retrait de l’Alliance est une décision du MSP ou de celle d’un système qui rebat les cartes. En tout état de cause, même pour un jeu de rôle oppositionnel, le «personnage» de Bouguerra Soltani est encombrant. Il ne permet pas de crédibiliser le MSP dans ce nouveau rôle. A moins que le second acte ne soit effectivement un changement de tête au MSP.
Salem Ferdi