Le mouvement populaire impose une configuration inédite / La rue, un nouvel acteur à la recherche de son représentant

Le mouvement populaire impose une configuration inédite  / La rue, un nouvel acteur à la recherche de son représentant

Adlène Badis

La crise politique algérienne semble en recherche inéluctable d’un début de solution sous fond d’une situation institutionnelle bloquée.

La sortie dans la rue de millions d’Algériens exprimant des revendications politiques aura surpris tous les observateurs de la scène politique. Et provoqué une situation inédite en attente de solution. Le mouvement populaire en activité depuis quatre vendredis a irrémédiablement imposé une nouvelle configuration des rapports de force. L’offre de sortie du pouvoir semble déjà confrontée à un défi, celui de convaincre et de renouer le contact dans les plus brefs délais. Au fil du temps, la crise dans laquelle s’est retrouvé bloqué le pays pourrait bien s’exacerber et devenir explosive. Le report de l’élection présidentielle semble davantage compliquer la donne.

La situation politique étant telle qu’il reste très difficile de renouer le contact. Les partis politiques « traditionnels » semblent véritablement hors-jeu face à la déferlante de la rue. Les leaders des partis politiques les plus en vue, ceux qui accaparaient la parole médiatique avant le 22 février, semblent aujourd’hui incapable de proposer des solutions de sortie de crise se limitant à reconduire les slogans du mouvement populaire. Dans l’embarras, les acteurs politiques semblent paralysés par l’appréhension d’être pris à partie par une opinion débridée dont l’expression radicale s’affiche sur les réseaux sociaux. Les partis dits de l’Alliance semblent de leur côté frappés de mutisme tant leur discours est devenu inaudible dans le brouhaha des revendications populaires.

Une évolution inéluctable

Le mouvement populaire algérien, qui avait plafonné l’exigence à un changement du régime, se retrouvera inéluctablement face à la nécessité de discuter. Le mouvement populaire tient sa force du fait d’être pacifique, joyeux et festif. C’est la force de ce mouvement devenu soudain un acteur politique de premier ordre. L’expression massive dans la rue du rejet des personnalités politiques du pouvoir semble radicale. Le manque de confiance complique de façon claire toute possibilité de discussion, pour l’heure. Les Algériens sortis dans la rue considèrent que les propositions que tente de mettre en œuvre le nouveau Premier ministre Nourredine Bedoui ne sont qu’un leurre « pour gagner du temps ».

Face à cette situation de blocage, il apparaît aujourd’hui urgent de revenir à la politique. Le mouvement populaire qui tend vers une Algérie meilleure a toujours du mal à se structurer. En effet, le mouvement populaire semble avoir du mal à dégager à terme le nom ou les noms de ceux qui vont le représenter. Cependant, il est admis qu’à un moment ou un autre une négociation sérieuse avec le pouvoir devrait être enclenchée. Et éviter des scénarios qui angoissent tous les Algériens. Des noms de personnalités émanant de ce mouvement populaire inédit sont cités de temps à autre, des noms considérés comme faisant un minimum d’unanimité. Pour certains observateurs, ce mouvement populaire semble encore dans une phase de maturation pour passer à un autre moment de l’histoire de l’Algérie.