La publication d’un décret présidentiel abrogeant la décision d’exploration du gaz de schiste est une condition sine qua none que posent les initiateurs du mouvement de protestation à Aïn Salah et dans les autres régions du Sud du pays pour libérer la place « Somoud ».
« Si les autorités soulaient réellement le retour au calme à Aïn Salah, pourquoi refusent-elles la publication d’un décret présidentiel ?, indique Ben Allam Messaoud, membre de la coordination du refus du gaz de schiste. C’est la preuve irréfutable que le pouvoir ne reculera pas sur sa décision d’exploiter le gaz de schiste. Pour ce qui nous concerne, la poursuite du projet signifie la continuation de la protestation dussions-nous occuper la rue pendant 10 ans. »
Nous les avons rencontrés sur la petite placette de la Daïra de In Salah qu’ils ont décidé de baptiser « Somoud, le nombre de contestataires dont le nombre varie entre 300 à 400 personnes est beaucoup plus important la nuit et les fins de semaines. A l’affut de la moindre déclaration officielle, Ils réagissent au quart de tour aux déclarations des politiques et les hauts responsables de l’Etat. Le nombre des protestataires s’agrandit à chaque fois que les assertions sont controversées ils sont particulièrement attentifs aux discours du Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et le PDG de Sonatrach.
La coordination de protestation est dirigée par des représentants des quartiers, des animateurs, des universitaires qui se rencontrent sur la place de la résistance d’In Salah, tandis que Tamanrasset connaît elle aussi un mouvement de contestation jamais égalé. Appelé « Mafrat », cette association n’a pas d’agrément. Toutefois, elle coordonne ses activités avec le comité national de défense des droits des chômeurs. Des sit-in quotidiens sont organisés sur la place de « Ilamen ». Le porte-parole de ce mouvement nous a indiqué qu’il a décidé de prendre part à la protestation contre l’exploitation du gaz de schiste parce que « nous voulons transmettre un message aux autorités leur disant qu’il faut écouter les voix des habitants démunis du Sud du pays. ».
Par ailleurs, un certain nombre de mouvements de protestation (non agréés) ont décidé, à la mi-janvier créer une commission populaire contre le gaz de schiste. Elle est composée d’associations mais aussi de la commission nationale pour la défense des droits des chômeurs.
Il faut noter que de nouvelles marches ont lieu quotidiennement dans les villes du Sud en opposition aux projets de cette énergie non conventionnelle c’est dire que le mouvement est loin de connaitre l’essoufflement « nous avons averti les autorités contre tout projet d’exploitation du gaz de schiste en les mettant en garde contre les conséquences qui se résument aujourd’hui dans les protestations de grande ampleur. C’est pour cela que nous avons décidé d’organiser des marches tous les jours dans les différentes villes du Sud. Et nous ne reculerons pas tant que le gouvernement ne revient pas sur sa décision » insiste Abdesselam Hamdane originaire de Metlili dans la wilaya de Ghardaä.
Déterminés et prudents
Autant ils paraissent déterminés à poursuivre leur mouvement autant les initiateurs des différents comités et organisations impliqués semblent craindre les débordements et autres tentatives de récupération du mouvement. Tahar Belabbès, dirigeant du comité en défense des droits des chômeurs s’explique : « la création de la commission nationale contre le gaz de schiste est motivée par la seule volonté des protestataires de coordonner leur mouvement dès lors que le gouvernement a l’intention de déplacer le projet d’exploration du gaz de schiste d’une ville à l’autre dans le Sud du pays ». Notre interlocuteur ajoute que les autorités ont déjà été averties contre toute décision qui n’associerait pas la base populaire. Il précisera, comme pour répondre à ceux qui disent que ce mouvement de protestation vise la dislocation du pays : « Nous tenons à l’unité et à la stabilité du territoire national, sauf que nous voulons que les gens travaillent partout dans la dignité. »
Pour sa part, Saïd Khettar, membre de la commission populaire a indiqué qu’il n’était plus possible que cette situation perdure. « Le pouvoir doit savoir que nous refusons de jeter les habitants du sud dans des projets qui pourraient mener à des catastrophes, c’est la raison pour laquelle nous avons commencé dès juin 2014 à coordonner nos activités. »
L’ancien parlementaire de la circonscription de Ouargla, a affirmé qu’il était important de discerner entre les jeunes qui demandent de l’emploi ou l’amélioration des conditions de vie dans le Sud et entre certains opposants qui veulent exploiter la détresse des marginalisés dans le Sud pour exécuter un agenda qui sert les ennemis de l’Algérie. Ghouache Tayeb a ajouté que ni les assurances du DGSN, ni celles de Tayeb Belaïz et encore moins celles du wali de Tamanrasset n’ont réussi à convaincre les protestataires, victimes qu’ils sont d’une campagne médiatique déclenchée par certaines parties qui veulent compromettre la sécurité du pays. Ils ont refusé de rencontrer le ministre de l’Energie et toutes les propositions et autres solutions avancées par le wali.
Aziz Mohamed