Le monopole privé sera cassé!

Le monopole privé sera cassé!

Le gouvernement ne va pas se contenter de stabiliser les prix. Il va surveiller les sociétés de l’agroalimentaire

Un groupe agroalimentaire peut-il détenir 80% du marché du sucre? Ce n’est pas l’avis du ministère du Commerce. Peut-il vendre ses marchandises à un prix de dumping? Non plus, selon la même source. Il était temps que Mustapha Benbada réagisse pour mettre fin à des situations désastreuses pour l’économie nationale. Le ministre du Commerce a alors adressé une notification à un groupe privé demandant des explications concernant les nouveaux prix pratiqués pour le sucre et l’huile. Le même groupe est sommé de se soumettre aux décisions du gouvernement et aux lois de la République.

L’article 19 de la loi sur les pratiques commerciales interdit de vendre à un prix inférieur au prix de revient. Cela a conduit Benbada à conclure que le groupe a la volonté de casser le marché. Chose qu’il n’était pas prêt à tolérer.

Mustapha Benbada veut reprendre ses prérogatives. Il rappelle à un organe de presse que son ministère est une autorité publique chargée d’assurer un équilibre entre les différents opérateurs économiques et de veiller sur l’intérêt du consommateur. La concurrence est l’un des moyens pour parvenir à cette fin. La loi ne permet pas la prédominance d’un opérateur sur le marché à hauteur de 45%. Or, pour le ministre, il y a une preuve que le groupe Cevital cherche à exercer le monopole sur le marché de deux produits alimentaires (huile et sucre). Selon lui, en pratiquant des prix différents de ceux décidés par le gouvernement pour l’huile et le sucre, Cevital a cassé le marché. Les autres opérateurs concurrents n’ont pas pu pénétrer le marché avec les prix fixés par le gouvernement, a ajouté le ministre. Chose que le groupe s’est empressé de démentir en disant au contraire qu’il veut protéger le marché de l’apparition de nouveaux importateurs qui mettraient à mal l’emploi.

Ce n’est pas ce qui empêche le ministre, Mustapha Benbada, d’engager une procédure administrative dont le but est d’obtenir des éclaircissements de la part du groupe agroalimentaire concernant les nouveaux prix qu’il pratique sur le sucre et l’huile afin de pouvoir analyser et étudier le dossier. Le propriétaire du groupe a été invité jeudi dernier à une réunion au ministère du Commerce. Le gouvernement a tiré les leçons des émeutes. Il n’admet pas que le monopole public soit remplacé par un monopole privé.

Il a l’intention de réserver une place importante sur le marché pour quelques autres opérateurs dans l’huile et le sucre.

Le Président a même ordonné aux ministères des Finances et du Commerce d’initier des enquêtes. Elles visent à s’assurer que les quantités de ces produits introduits dans le pays correspondent aux montants en devises transférés. Les banques sont aussi sollicitées dans cette quête.

Selon Abdelhamid Boukahnoun, directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, des décisions sont prises pour fixer et plafonner les prix de biens et de services en cas de hausse excessive ou injustifiée des prix provoquée par une grave perturbation du marché.

Il a regretté que certains producteurs ne respectent pas le prix de l’huiles et du sucre fixés lors d’une réunion alors que les autres producteurs l’ont accepté.

La direction du contrôle économique veille, selon lui, à contrer les dépassements et à faire respecter les pratiques commerciales. «S’il y a une pratique illicite, nous avons le droit d’intervenir pour faire respecter la réglementation», a-t-il dit à la radio, jeudi dernier.

Ahmed MESBAH