Le monde du travail fait sa fête dans un contexte historique inédit : Un 1er Mai en plein labeur politique !

Le monde du travail fait sa fête dans un contexte historique inédit : Un 1er Mai en plein labeur politique !
manifestation

Adlène Badis

La Fête des travailleurs en cette année 2019 intervient dans un contexte politique et social particulièrement bouillonnant. Alors que les Algériens manifestent dans la rue depuis le 22 février pour imposer un véritable changement au niveau de la gouvernance, les travailleurs ne sont pas non plus en reste.

Différents secteurs annoncent déjà de s’unir au grand mouvement populaire afin de porter haut la parole du travailleur et imposer des changements dans le monde du travail dans l’Algérie de demain. Il reste pour le moins évident que les droits des travailleurs font partie intégrantes des revendications pour le changement. C’est probablement dans ce sens qu’à l’occasion de ce 1er Mai une grande marche nationale des travailleurs est annoncée à Alger à l’appel de la Confédération des syndicats algériens.

Cette manifestation à laquelle ont appelé une douzaine de syndicats autonomes réclame le changement réel du pouvoir, en écho au Hirak. La marche en question devrait avoir comme point de départ la place du 1er-Mai et remontera le boulevard Hassiba Ben Bouali, le boulevard du Colonel Amirouche, avant de déboucher sur la Grande-Poste, à Alger-Centre. En ces moments d’ébullition populaire, la marche pourrait susciter une large adhésion. L’appel à marcher en ce 1er mai lancé par les syndicats autonomes s’inscrit déjà dans la déferlante du mouvement populaire qui, à l’approche du onzième vendredi, semble vouloir booster la contestation au moment où certains s’attendent à son essoufflement.

LG Algérie

Le monde du travail en effervescence
Le Hirak qui exige le départ de certaines personnalités rejetées et l’amélioration de conditions de vie dans une Algérie nouvelle. Le monde du travail se pose des questions à propos d’un lendemain incertain. Il y a lieu également de s’interroger sur le devenir des travailleurs tant dans le secteur public que le secteur privé. Le monde du travail étant intimement lié à toute revendication sociale, c’est dans cette phase de revendication populaire que les travailleurs dans différents secteurs se font entendre. Les syndicats et autres collectifs des travailleurs devraient inévitablement profiter de cet instant particulièrement crucial pour imposer des règles du jeu plus en phase avec les revendications du peuple.

Les syndicats et organisations de patronats sont particulièrement fragilisés notamment avec cette opération main-propre entamée tambour battant par la justice algérienne. Le déferrement devant la justice de plusieurs noms notoires du monde de l’entreprise devrait avoir son effet sur les esprits. En ces moments où les patrons et autres chefs d’entreprise semblent fragilisés par un climat jugé délétère, les organisations des travailleurs pourraient bien imposer des revendications mis sous le boisseau face à l’intransigeance des pouvoirs publics. L’ouverture vers la création de nouveaux syndicats, option insinuée récemment par le gouvernement, devrait susciter l’intérêt dans le monde du travail. Beaucoup de collectifs devraient franchir le pas et constituer leurs propres syndicats ou organisations afin de défendre leurs droits dans des conditions optimales. L’Algérie de demain pourrait à l’évidence voir un changement dans le rapport des travailleurs et des employeurs.

Ugta, la fin d’une époque ?
La fête des travailleurs de cette année intervient dans un contexte particulièrement tendue. L’Union générale des travailleurs Ugta, le principal syndicat des travailleurs du pays se trouve dans une situation d’ébullition accrue. Sur le plan interne la contestation a atteint un dégré avancé. L’inamovible SG de l’Ugta Abdelmadjid Sidi-Saïd est désormais contesté de façon franche par une base gagnée par la déferlante du changement. On annonce déjà plus de 800 syndicalistes qui viennent de déposer leur démission des rangs de l’UGTA. Notamment dans les rangs des Collectivités et du secteur de la Santé à cause des dépassements multiples enregistrés localement. Dans ce climat de défiance, l’Ugta est appelé à connaître un bouleversement certain. La proximité avec le pouvoir semble avoir fait beaucoup de mal à la crédibilité de cette organisation. Des centaines de syndicalistes et de travailleurs avaient déjà occupé le 18 avril dernier la rue Aïssat-Idir, où se trouve le siège de l’Ugta pour réclamer mordicus le départ du patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd.

Ce dernier devenu l’une des figures du système déchu est particulièrement rejeté. La commission exécutive du syndicat se déclare déjà ne plus reconnaître le SG à la tête de la centrale depuis plus de vingt ans, au même titre que les unions de wilaya qui semblent déjà avoir consommé la rupture avec l’actuel SG à l’instar de Tizi Ouzou, Béjaïa, Saïda et Tlemcen. Les travailleurs qui veulent le départ de Sidi Saïd disent manifester pour la réappropriation de l’Ugta revendiquant une centrale «indépendante, démocratique et combative » qui soit au seul service de la classe ouvrière. Pour l’Union générale des travailleur algérien c’est fort probablement la fin d’une époque.