Tous les pays ne partiront pas à armes égales
2013 s’est à peine installée que des prévisions sur l’Etat de l’économie mondiale d’ici 2030 mettent en exergue les priorités auxquelles seront confrontées les populations de la planète.
L’eau et la satisfaction en besoins alimentaires de sa population sont deux défis majeurs auxquels est constamment confrontée l’Algérie. Dans moins de 20 ans, ces préoccupations seront plus exacerbées. «La demande en nourriture et en eau va croître de près de 40% au cours des 17 prochaines années», indique un rapport publié tous les quatre ans depuis 1997, par le Conseil américain du renseignement (National Intelligence Council, NIC).
Le gouvernement actuel doit s’y préparer dès maintenant. Il est urgent qu’il mette en oeuvre une stratégie pour y faire face. Les «déficits» sont identifiés. L’un des points noirs de l’économie algérienne de ces dernières années a résidé dans l’existence de certaines crises cycliques à l’instar de celle de la pomme de terre, du lait, celle récurrente des médicaments ou celle de l’alimentation en eau potable qui s’est certes notoirement améliorée, mais demeure malgrétout extrêmement sensible dans certaines régions du pays. Des produits de première nécessité fortement consommés indispensables à la préservation de la santé publique des Algériens. Quel est l’état des lieux de la maison Algérie avant ce «rendez-vous» crucial? L’économie nationale repose sur ses exportations en hydrocarbures qui représentent plus de 97% de ses recettes en devises engrangées grâce essentiellement à des niveaux de prix du baril de pétrole élevés. Une bonne partie est engloutie par les importations dont la facture a dépassé les 46 milliards de dollars en 2011. Ces confortables revenus financiers pallient aussi la maigre production agricole qui est encore loin de satisfaire la demande d’une population en constante croissance. L’Algérie compte près de 36 millions d’habitants selon le dernier recensement. Elle est encore loin d’atteindre son autosuffisance alimentaire. Le recours à des importations massives a fait exploser la facture de ses besoins alimentaires en 2011. Elle a frôlé les 10 milliards de dollars. «Les importations de l’Algérie en produits alimentaires ont connu la plus forte hausse, soit plus de 61,03%, passant de 6,05 milliards de dollars en 2010 à plus de 9,75 milliards l’année dernière», indiquaient les chiffres du Cnis, Centre national de l’informatique et des statistiques. Aucun produit de première nécessité ou de base n’a été épargné. «A l’exception des viandes qui ont connu une baisse de 4,5% pour un montant de 161 millions, tous les autres groupes ont connu des augmentations relativement importantes, dont notamment celui des céréales, semoule et farine avec plus de 102,6%, passant de 1,98 million de dollars en 2010 à 4,03 millions de dollars l’année précédente», avait précisé le même document.
Si cette tendance n’est pas inversée cela risque d’être compliqué pour l’Algérie qui ne doit compter que sur des cours de l’or noir très élevés. «Nous n’allons pas forcément vers un monde de pénuries, mais les dirigeants devront prendre des mesures pour éviter cette situation», a prévenu le président du NIC, Christopher Kojm. Ce conseil sonne comme une mise en garde pour l’Algérie. En plus de la mise en oeuvre d’une économie productive hors du secteur des hydrocarbures, elle doit aussi mettre fin au secteur de l’informel, contrôler et réguler les marchés des céréales, du sucre, du café, de l’huile, des médicaments… des fruits et légumes qui lorsqu’ils ne sont pas parasités par des pénuries organisées, subissent la loi des spéculateurs. 2030 s’annonce comme une année bénie pour ces derniers.
Les Algériens pourraient en faire les frais. «La gestion des ressources cruciales doit devenir plus efficace… la poursuite de nouvelles technologies et de meilleurs mécanismes de gouvernance pourrait également atténuer les défis liés aux ressources afin d’éviter les pires résultats possibles», préviennent les analystes.
Les rédacteurs de ce document prévoient cependant «un approvisionnement stable des produits agricoles pour assurer les besoins en sécurité alimentaire mondiale», mais préviennent contre un certain nombre de facteurs tels que les changements climatiques ou la mauvaise gestion des ressources qui pourraient saper cet approvisionnement. «Un tel scénario créerait des pénuries graves qui pourraient avoir des répercussions géopolitiques, sociales, et économiques…» avertissent les experts qui se sont penchés sur l’état de l’économie mondiale en 2030… L’Algérie est alertée.