Le mode de relation entre la France et l’Algérie se transforme « progressivement »

Le mode de relation entre la France et l’Algérie se transforme « progressivement »

Le mode de relation entre la France et l’Algérie se transforme « progressivement » passant d’une relation commerciale à une relation fondée sur la coopération, a affirmé Jean-Louis Levet, Haut responsable à la coopération technologique et industrielle franco-algérienne.

« Je pense que le mode de relation entre les deux pays se transforme progressivement, passant effectivement d’une relation commerciale traditionnelle (au sens export/import) à une relation nouvelle, fondé sur la coopération », a-t-il indiqué, dans un long entretien à l’APS  à la veille de la tenue à Alger de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).

Pour cet économiste et essayiste, nommé à ce poste de responsabilité en juin 2013 par le gouvernement français, ce changement dans les relations est caractérisé par les stratégies d’investissement en Algérie de la part des opérateurs français, relevant que la France est « d’ailleurs le premier investisseur en Algérie et cela concerne la plupart des secteurs de l’économie algérienne ».

Cette dynamique, a-t-il ajouté, est également visible par des projets de partenariat structurants pour le développement de l’économie algérienne et par le développement de relations de confiance entre opérateurs français et algériens, « indispensables à la réalisation de projets visant l’excellence et leur insertion dans une approche de long terme ».

Mais, selon lui, « tout est encore à faire bien sûr ». « Il convient d’accélérer cette phase de transition d’un mode relationnel à l’autre », a-t-il expliqué, soulignant que « les gigantesques mutations scientifiques et industrielles qui sont à l’oeuvre et la mondialisation nous apprennent au moins une chose : on gagne mieux ensemble que chacun dans son coin ».

==les attentes des chefs d’entreprise algériens sont « très fortes »==

C’est dans ce contexte qu’il affirme, à travers ses nombreuses rencontres avec les opérateurs algériens, que « les acteurs algériens, dans leur grande diversité, sont demandeurs de travailler avec des opérateurs français », notant que tous les secteurs de l’économie sont concernés, allant de l’industrie manufacturière et l’agriculture, en passant par les transports ferroviaires et les énergies

renouvelables, aux loisirs et au tourisme.

Jean-Louis Levet a indiqué à cet effet que les attentes des chefs d’entreprise, notamment des PME et PMI, « sont très fortes tout particulièrement dans le domaine de la montée en compétence des salariés, de leurs qualification, de la maîtrise des métiers +traditionnels+ comme des nouveaux métiers ».

Concernant les entreprises françaises, qui sont présentes dans les autres pays du Maghreb et pas très en Algérie, le responsable français a reconnu que le retard par rapport aux voisins de l’Algérie est « important » en matière d’investissements directs étrangers (IDE) se basant sur des données de la CNUCED sur l’évolution du stock d’IDE dans les pays d’Afrique du Nord,  entre 2009 et 2014.

« Un stock de 17 milliards de dollars en 2009 pour l’Algérie qui passe à 26,7 milliards en 2014 , au Maroc, durant la même période de 42,5 à 52 milliards, en Tunisie pays dont la population est quatre fois inférieure à celle de l’Algérie, le stock d’IDE qui n’a pas varié est de grosso modo 32 milliards , quant à l’Egypte il est passé toujours durant la même période de 67 à 88 milliards », a-t-il soutenu.

= « L’Algérie a tout à fait raison de mettre le paquet sur les IDE »==

Cependant, a-t-il estimé, « l’Algérie a bien entendu tout à fait raison de mettre le paquet sur les IDE, en particulier via des projets de co-production », précisant que « ceux-ci peuvent lui permettre de faire monter son économie en qualité, en compétence, en innovation, en niveau technologique et organisationnel.

Et là, les opérateurs français doivent répondre présents ».  Il n’a pas manqué d’afficher son optimisme, dans ce contexte, en affirmant que « les choses changent, tout cela est encore peu visible, mais ces mouvements sont à l’oeuvre ».

Au sujet de la règle 51/49, à laquelle il ne veut pas porter de jugement, Jean-Louis Levet pense néanmoins que cette règle n’a pas été perçue, du côté des entreprises françaises, comme un « élément incitatif » à une présence productive en Algérie.

« Maintenant, en expliquant, en échangeant, en réalisant avec nos amis algériens, tant du secteur public que du secteur privé, des projets de partenariat via la création de joint-venture 51/49, les entreprises françaises intéressées à s’implanter en Algérie comprennent l’intérêt qu’il peut y avoir un partenaire algérien solide dans une société commune qui apportera notamment sa fine connaissance de l’environnement des affaires, du marché algérien, des opportunités possibles de développement et ce, de façon durable », a-t-il dit.

Par ailleurs, cet économiste a considéré que la situation économique mondiale « où l’incertitude ne cesse de croître », constitue pour les eux pays « un facteur qui devrait encourager les entreprises à travailler davantage ensemble ».

Quant au volet de la formation, sans laquelle « il ne peut y avoir de développement », il a indiqué qu’il faudra « contribuer à monter en qualité la formation professionnelle en lien avec l’objectif de développement industriel du pays », soulignant que « c’est un processus d’intelligence collective qui est en marche et qui sera, j’en suis persuadé, exemplaire pour la coopération entre nos deux pays ».