La nouvelle ère de stabilité, de réforme et d’enseignement de qualité, tant attendue à l’arrivée de Baba Ahmed au MEN, semble être une utopie. La chasse aux sorcières menée sur les conseils de certains ex-collègues de l’université de Blida entraîne le secteur vers la dérive.
Ce matin encore et pour une période indéterminée, les établissements scolaires, principalement les lycées où des milliers d’élèves en classe terminale, doivent se préparer pour un examen des plus décisifs, resteront fermés. Les enseignants du Cnapest-élargi ne rejoindront pas les salles de classe.
Les élèves s’y retrouveront seuls et abandonnés en raison d’un conflit qui les dépasse, mais pour lequel ils paient la plus grosse facture. Le clash du ministère de l’Éducation nationale — Cnapest-élargi ne sera pas sans conséquence. L’année scolaire promet d’être aussi mouvementée que les précédentes, d’autant que l’effet boule de neige n’est pas à écarter. Autrement dit, le département de l’Éducation n’en a toujours pas fini avec l’instabilité et ses répercussions négatives. À qui la faute ? Où se situe la part de responsabilité de chaque partie en conflit ? Quelle est surtout la responsabilité de la tutelle qui a pour mission de veiller au bon fonctionnement d’un secteur qui doit former les cadres de demain ? Qu’a fait le ministre pour préserver les établissements scolaires de la perturbation ? Il est clair aujourd’hui, vu la situation de crise actuelle, qu’une année après son arrivée au département de l’Éducation, Baba Ahmed a failli à sa principale mission : rétablir la stabilité du secteur. C’est cette quête de stabilité qui a ouvert les portes de ce département à Baba Ahmed et a vu partir le 3 septembre 2012 celui qui a réussi à battre le record de longévité au MEN. D’aucuns n’ignorent que Benbouzid, qui a géré ce département pendant près de deux décennies, a été sacrifié sur l’autel de la stabilité du secteur où la pression sociale allait crescendo d’une rentrée scolaire à l’autre.
Qu’est-ce qui a changé depuis ? Certains diront que des responsables ont changé, mais pas le fond du problème. Et pour cause, le mauvais départ de la mission du nouveau ministre. L’ex-recteur de l’université de Blida ignorait tout du secteur. Et lorsqu’il a commencé à s’imprégner de ses réalités avec l’aide des anciens cadres, il n’a pas trouvé mieux à faire que de s’en débarrasser. La chasse aux sorcières a commencé par l’ex-SG, Abou Bakr Khaldi, et n’a pas épargné l’ex-chef de cabinet Balabed. Il est, certes, légitime de vouloir changer son équipe, mais quand le changement ne répond pas aux critères de la compétence, il peut s’avérer néfaste. Et c’est le cas de l’actuel ministre. Selon certaines indiscrétions, Baba Ahmed est victime de son entourage. Il est très mal conseillé, notamment par des ex-collègues de l’université de Blida, qui, eux aussi, ignorent tout du secteur de l’éducation nationale.
“Même s’il ne connaît pas à fond le secteur, le ministre fait preuve de bonne foi et de bonne volonté, mais dès qu’il tend l’oreille à certaines personnes, c’est la catastrophe”, nous a-t-on révélé de diverses sources. Chose que la presse a d’ailleurs confirmé lors de la dernière rencontre tutelle/Cnapest-élargi. Pendant les six heures de concertation, pour ne pas dire “confrontation”, le ministre s’est montré beaucoup plus réceptif et prêt à lâcher du lest. Le coordinateur national du Cnapest-élargi a d’ailleurs clairement demandé à Baba Ahmed de faire attention à son entourage, car il est malsain et falsifie les rapports qu’il lui présente. “Quand on discute avec le ministre, les choses vont dans le bon sens, mais dès qu’il consulte son entourage, tout bascule”, nous a-t-on révélé. L’autre grief qui peut être retenu contre le ministère est la gestion des conflits sociaux. Le dialogue est, certes, ouvert et des engagements sont pris et consignés dans un PV portant signature et cachet officiel, mais ils sont relégués aux calendes grecques, donnant un motif inespéré aux syndicats de monter au créneau. Et c’est le motif de la protestation actuelle. Aussi, au lieu de tenter de faire baisser la pression avant que d’autres frondeurs n’investissent le terrain de la contestation, la tutelle fait dans la provocation en soutenant que “les enseignants ont eu plus qu’ils ne méritaient” et en décidant de manière unilatérale des ponctions sur les salaires.
Le plus urgent est de s’attaquer à l’origine du conflit pour pouvoir le régler définitivement et épargner aux établissements scolaires des perturbations cycliques, et non le reporter à une nouvelle rentrée scolaire. Sans cela, Baba Ahmed deviendrait complice, et non victime.
M. B