Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a longuement abordé ce dimanche 16 novembre, dans un entretien accordé à La Tribune, la complexité mais aussi l’importance des relations entre la France et l’Algérie.
Entre coopération sécuritaire, dossiers sensibles et signaux d’apaisement, le locataire de la Place Beauvau assume une position ouverte et directe : « Je crois être apprécié en Algérie », affirme-t-il, soulignant un rapport personnel et institutionnel qu’il dit « ancien et solide ».
Interrogé sur la perception de sa nomination à Alger, Laurent Nuñez n’hésite pas :
« J’ai des origines pieds-noirs et je crois être apprécié en Algérie, pays avec lequel j’ai toujours beaucoup travaillé ».
Qu’il s’agisse de son passage à la tête de la DGSI ou de sa mission de coordinateur du renseignement, le ministre rappelle une coopération longue et réputée efficace. Selon lui, son arrivée à l’Intérieur a été « plutôt bien reçue » de l’autre côté de la Méditerranée.
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Immigration et sécurité : Un impératif de coopération
Loin des ambitions politiques attribuées à d’autres responsables de droite, Nuñez assure également ne viser aucun rôle pour 2027, insistant sur une méthode basée sur la « main tendue », qu’il dit avoir été « saisie » par Alger.
Sur les questions pratiques, Laurent Nuñez reconnaît sans détours la nécessité pour Paris de réactiver les échanges sécuritaires avec Alger. « La France a besoin que les Algériens reprennent leurs ressortissants en situation irrégulière et qu’ils délivrent des laissez-passer », explique-t-il, en référence à l’accord bilatéral de 1994.
Mais l’enjeu majeur reste la coopération antiterroriste, domaine dans lequel l’Algérie demeure un acteur central. Le ministre révèle une situation préoccupante : « Il n’y a aucun échange opérationnel. C’est un problème. »
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Les liens sont actuellement gelés entre Alger et les principaux services français : DGSI, DGPN et Gendarmerie nationale.
Pour Nuñez, cette rupture est incompatible avec les défis communs. D’où l’urgence, selon lui, de « rouvrir les canaux de sécurité » avec un pays clé dans la stabilité de la région.
Visite en décembre : Un esprit de reprise
Pour la première fois, Laurent Nuñez annonce une échéance concrète concernant son déplacement à Alger : le mois de décembre, bien qu’aucune date précise ne soit encore fixée.
Il dit avoir répondu favorablement à l’invitation de son homologue algérien et espère que cette visite permettra d’avancer dans le rétablissement d’une coopération jusque-là paralysée.
Le ministre exprime également un souhait diplomatiquement calculé : que le journaliste français Christophe Gleizes — dont le procès en appel aura lieu le 3 décembre — puisse lui aussi retrouver la liberté.
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Affaire Sansal : Un signal positif salué par Paris
L’entretien revient enfin sur la libération du romancier franco-algérien Boualem Sansal, gracié le 12 novembre par le président Abdelmadjid Tebboune.
Pour Laurent Nuñez, il s’agit de « gestes d’humanité et d’apaisement » qui ouvrent la voie à un dialogue plus serein.
Le ministre insiste : ce qui a permis de renouer, c’est la volonté du gouvernement français de rediscuter, une approche qu’il dit avoir adoptée dès son arrivée au ministère de l’Intérieur.
