Ce n’est pas la théorie mais une expérience vécue. Aujourd’hui 05 août 2015 vers 13h , je me suis rendu à mon agence qui est une agence centrale à Oran pour demander un chéquier : « faites une demande et vous attendrez au minimum deux mois car tout se fait à Alger » m’a- t- on répondu. J’ai fait remarquer que le ministre des finances a donné instruction pour accélérer cette délivrance; « nous n’avons reçu aucune instruction de la direction générale qui est seule habilitée à délivrer les chèques » rétorque mon via à vis.
Un autre client vient devant moi demander à retirer son argent mensuel : revenez à 14h, c‘est l’heure du repas.
Un autre client, certainement un grand commerçant ou industriel, demande à retirer un important montant. Après hésitation, et si tout juste l’employé ne lui a pas demandé pourquoi ce retrait, la réponse est la suivante : « faites la demande et revenez demain car on doit faire la demande à la banque d’Algérie d’Oran ». Or demain c’est jeudi et si cette somme n’est pas prête il devra attendre dimanche.
Selon nos enquêtes auprès de différents citoyens sur l’ensemble du territoire national, cette expérience n’est pas un cas isolé mais traduit l’urgence de la refonte structurelle du système financier, toujours promise depuis des décennies mais toujours différée car traduisant des influences de pouvoir. Or, en cette ère de la mondialisation où le temps c’est de l’argent, où le virement se fait en temps réel, comment voulez vous faire confiance à un tel système bancaire bureaucratisé et de surcroît centralisé qui accroît la méfiance Etat-citoyens.
Par ailleurs, dans certains pays la délivrance d’un registre de commerce ne dépasse pas 24h. Qu’en est t-il en Algérie ( plusieurs mois avec des kilos de papiers) et ce ne sont pas les mesures administratives bureaucratiques qui mettront un frein aux fraudeurs comme ce ne sont pas par des mesures autoritaires que l’on mettra fin à la sphère informelle, exemple le marché parallèle de devises qui a repris de plus belle sur tout le territoire national.
La réalité est bien différente de certaines décisions qui se prennent dans des bureaux climatisés déconnectées des réalités sociales et économiques. Avant de faire signer des décrets exécutifs au Premier ministre, induisant en erreur les autorités du pays, que la ministère des finances réorganise ses services, les banques, les domaines ( il y a une année j’ai mis six mois avant d’avoir le livret foncier nécessaire pour toute cession), la fiscalité (les deux fonctionnant sur des méthodes des années 1960/1970) et les douanes, qui reconnaissons le ont connu une légère amélioration.
J’avais proposé en 1983 (plus de 30 ans déjà ) à l’époque ou j’étais haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes ayant été chargé par du dossier des surestaries, l’interconnexion des banques, de la fiscalité et des douanes afin de lutter contre les fraudes et les surcoûts. Pourquoi ce retard et cela ne dérange t-il de puissants intérêts personnels mais nuisant à l’intérêt national ? Aussi je trouve aberrant qu’en ce mois de juillet 2015 que trois importants départements relevant de l’Etat (banques –fiscalité – douanes) signent avec un tapage médiatique de la télévision officielle un accord de coopération alors que cette coopération est évidente, relevant de leurs compétences, étant des structures d’Etat au service de l’économie et du citoyen.
En résumé, certains responsables, attachés à des idéologies abstraites (cela concerne plusieurs départements ministériels), voulant reproduire des schémas importés, qui fonctionnent normalement dans d’autres cieux mais non adaptés en Algérie, ayant des effets pervers, ignorant le fonctionnement de la société n’ont-il pas besoin d’une mise à niveau ? Or la bureaucratie est pire que le terrorisme car paralysant toute la machine économique.