La lutte contre la corruption peut-elle s’accommoder de l’impunité ambiante? Pour les décideurs, la réponse, évidente, ne souffre d’aucune équivoque. L’impunité est érigée en valeur sûre de la République, en mode de gouvernance. Le paysage politique regorge de cas flagrants d’impunité. Ils sont légion, Sonatrach 1 et 2, autoroute Est-Ouest, et bien d’autres institutions éclaboussées par des scandales de tchipa.
Sous les slogans sonnant creux d’«Etat de droit», de «transparence», de «justice égale pour tous»… les «intouchables» parmi les membres du gouvernement, conseillers, députés, sénateurs, cadres dirigeants, hommes d’affaires, englués dans des affaires de corruption, de passation illégale de marchés, de malversations, et plus on monte dans la hiérarchie, plus on s’en met plein les poches. La déclaration du patrimoine est loin d’être une réalité alors qu’elle permet de quérir la vérité là où elle se trouve. Les enquêtes sur les scandales qui éclaboussent des institutions, des ministres et de hauts responsables ne ciblent que les lampistes et jamais les commanditaires qui jouissent de l’impunité totale.
Le «petit» corrompu voit bien le manège, alors, il se dit, si le gros bonnet vole le bœuf alors moi, je volerai l’œuf. Quant à la lutte contre la corruption, elle ressemble à l’Arlésienne, tout le monde en parle mais personne ne la voit. Si la grande corruption se pratique dans la cour des «grands» et les cercles fermés de ceux qui tiennent le haut du pavé, la petite corruption, elle, est l’apanage du petit peuple. Elle porte plusieurs noms et se décline sous toutes les formes. Elle a toujours existé, mais était une exception et causait la honte et le désaveu de celui qui s’y adonnait, mais, ces dernières années, elle est devenue la règle. Détournements faramineux de fonds publics…
La lutte contre la corruption en Algérie touchera toutes les personnes impliquées dans ces crimes économiques sans exception, a affirmé, mardi, à Alger, le ministre des Finances Karim Djoudi. Interrogé par la Radio nationale pour savoir si la lutte contre la corruption concernait également les hauts fonctionnaires de l’Etat, M. Djoudi a répondu: « les choses sont extrêmement claires : le problème n’est pas un problème de personnes mais de fraude et de corruption et toute personne impliquée dans la corruption sera poursuivie et sanctionnée ».

M. Djoudi, qui avait récemment inauguré l’Office central de répression de la corruption (OCRC) dépendant directement de son ministère, a réitéré la « volonté politique très forte de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et toutes les formes de fraude et de transferts illicites de capitaux » en Algérie. « Les textes qui sont le soubassement à cette lutte ont été produits et les entités créées. Je pense personnellement que l’action (de lutte contre la corruption) finira par apporter ses fruits », a-t-il prédit. Mais la faiblesse du système judiciaire réside dans l’incapacité de la justice à s’autosaisir des dossiers de corruption.
L’impunité et le silence sont à l’origine de la prolifération du phénomène de la corruption, en effet, les effets d’annonce et des bonnes intentions sont souvent le leitmotiv de nos responsables, et ce, depuis des années. La question qui s’impose d’elle-même, serait : peut-on auditionné un certain Chakib Khellil ou un Amar Ghoul ? La balle est dans le camp de ceux qui veulent lutter contre ce fléau et non pas se contenter de déclaration.
Par Mahdi Maloufi