Le ministre des Finances à propos de la Santé, du logement et du service public, Djellab : “À l’avenir, le citoyen paiera ce qu’il doit payer”

Le ministre des Finances à propos de la Santé, du logement et du service public, Djellab : “À l’avenir, le citoyen paiera ce qu’il doit payer”

Les prestations sociales prises en charge jusque-là par le trésor public et qui représentent 30% du PIB deviendront bientôt payantes.

Les conséquences de la réduction des ressources financières du pays, du fait de la crise pétrolière, se feront bientôt sentir à l’échelle des citoyens, appelés désormais à mettre la main à la poche pour certaines prestations. L’annonce en a été faite hier par le ministre des Fiances, Mohamed Djellab. Lors d’une audition devant la commission des affaires économiques et financières au Conseil de la nation, il a indiqué qu’une nouvelle démarche était en cours d’élaboration au niveau du gouvernement visant à donner “un aspect économique et commercial” au service public au lieu de “l’aspect social” qui “alourdit la charge du Trésor public en raison de l’importance des subventions” destinées aux transferts sociaux lesquels, selon lui, représentent 30% du PIB annuellement. “À l’avenir, le citoyen paiera ce qu’il doit payer dans un hôpital public (en contrepartie de ses soins) ou bien son loyer pour le logement public (…).



Chacun doit assumer ses responsabilités”, a souligné le ministre précisant que l’État veillera à ce que les subventions “soient réservées progressivement aux couches défavorisées”. “Nous n’allons pas abandonner ces couches (défavorisées), mais nous devons les préparer à l’insertion économique (…). Mais il viendra le jour où nous devrions rationaliser l’intervention sociale du gouvernement”, a ajouté le ministre. Lors de cette audition consacrée à l’examen des répercussions de la baisse des prix du pétrole sur les finances publiques, le ministre a indiqué que l’Algérie avait adopté dès 2014 un nouveau modèle de croissance fondé sur le financement de l’économie par le marché. À travers ce nouveau modèle, “nous allons sortir graduellement du financement par le Trésor pour nous diriger vers le financement par le marché”, a-t-il affirmé, en précisant que cette nouvelle démarche concernera tous les secteurs d’activité. “Toutes les entreprises économiques publiques vont financer leurs investissements (lorsqu’ils sont importants) à travers le marché obligataire”, a soutenu M. Djellab rappelant l’entrée en bourse prochaine de huit entreprises publiques. Dans ce contexte, le ministre a fait savoir que son département ministériel travaillait sur un nouveau dispositif visant à réformer la Bourse d’Alger pour lui permettre d’attirer plus d’opérateurs.

Évoquant la baisse des cours du pétrole et le dispositif prévu par le gouvernement pour faire face à ses répercussions, M. Djellab a précisé que ces mesures entraient dans le cadre d’une politique de rationalisation des dépenses publiques et qu’il ne s’agit aucunement d’une politique d’austérité. Selon lui, tous les scénarios sont prévus, et ce, quelle que soit l’ampleur de la baisse des prix de pétrole. Concernant le gel de recrutement dans la Fonction publique en 2015, M. Djellab a expliqué que cette mesure ne concernait pas tous les secteurs tels ceux de l’éducation et de la santé.

Concernant la rationalisation des importations décidée par le Conseil restreint en décembre dernier, M. Djellab a considéré que les dispositifs réglementaires ne pouvaient pas, eux seuls, cadrer le marché et que la concurrence devrait jouer son rôle. Par ailleurs, le ministre a indiqué que le gouvernement avait donné son aval pour allouer un montant de 22 100 milliards de dinars au plan quinquennal 2015-2019. Interrogé par l’APS, en marge de cette séance d’audition, sur les détails des dispositifs prévus par le gouvernement en cas d’une éventuelle chute des prix du brut en deçà des 40 dollars, le ministre a répondu : “Nous avons tous les scénarios et toutes les projections. Face à tout niveau des prix du brut sur le marché, nous lui avons fait des projections.” Interrogé également si une loi de finances complémentaire était prévue pour réajuster notamment le niveau des dépenses publiques, M. Djellab a souligné qu’aucune décision n’était prise pour le moment à ce sujet, assurant que la loi de finances 2015 permet, déjà, un contrôle suffisant des dépenses et des recettes.

R. N./APS