La levée de l’état d’urgence impliquera, principalement, selon le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia la disparition des barrages militaires, l’annulation de la réquisition, par l’autorité civile, de l’armée et les mesures de perquisition de nuit.
«Ces mesures ne figurent ni dans le code pénal ni dans le code civil, seulement la loi sur l’état d’urgence le permettait. Maintenant que la situation est maîtrisée et la lutte contre le terrorisme a donné d’excellents résultats, elles ne sont plus nécessaires », a souligné le ministre lors de son intervention, jeudi, sur les ondes de la radio Chaîne III, tout en soulignant que « l’armée aura toujours le concours de la police et de la gendarmerie nationale dans l’instauration de barrages, les renseignements, le soutien logistique et toutes autres formes de soutien nécessaires à une opération de lutte contre les groupes armés ».
Sur le plan politique, il ne faut pas s’attendre à de grands changements, de son point de vue, d’autant que l’instauration de l’état d’urgence « n’est pas destiné à limiter les activités politiques d’une manière générale surtout si celles-ci se déroulent dans un cadre réglementaire et réglementé ». Toutefois, il a souligné que l’agrément de nouveaux partis n’est pas envisagé, du moins pour l’instant, précisant que cela se fera au « moment apparaîtra opportun ».
POUR AUTORISER UNE MARCHE, IL FAUT UN MAXIMUM DE GARANTIE
En ce qui concerne les marches et les manifestations publiques, le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’elles ne sont pas interdites sur l’ensemble du territoire national. Plus explicite, il fera observer que l’organisation des réunions est « libre sous réserve de présenter un dossier réglementaire trois jours au préalable ». Pour ce qui est des marches, le ministre a expliqué que ce genre de manifestation « n’est pas interdit mais il est soumis à autorisation. Pour qu’une marche soit autorisée, le maximum de garanties quant aux risques doit être assuré. Il faut veiller à ce que ces marches ne créent pas plus de problèmes qu’elles souhaitent en résoudre ». Selon lui, Alger fait exception. « Le moment ne paraît pas être venu pour autoriser ce genre de manifestation à Alger ».
A ce titre, il citera l’exemple des deux tentatives de marche initiées pas la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) les 12 et 19 février derniers. M. Ould Kablia a fait remarquer que celles-ci ont fortement démontréqu’« elles n’étaient pas encadrées. Il n’y avait, apparemment, pas une unité tactique ou stratégique au niveau de ces marches ». A cela s’ajoute le désagrément apporté aux riverains des espaces publics où devaient se dérouler ces manifestations. Ces derniers ont exprimé, a-t-il souligné, leurs « craintes ainsi que le souhait d’avoir la tranquillité et la paix. Ils souhaitent surtout ne pas être perturbés le week-end dans leur vie sociale par une marche ». Un avis partagé par les commerçants, affirme le ministre avant d’enchaîner que « tout cela nous oblige à mettre en œuvre des moyens de protection pour la marche et d’autres pour protéger les marcheurs eux-mêmes. Si nous n’avions pas mis une barrière entre les habitants de Belcourt, d’El-Madania et les initiateurs de la marche, si on n’avait pas dressé un barrage entre eux, il y aurait eu des incidents extrêmement graves».
AUCUNE DEMANDE DE MARCHE À ALGER N’A ÉTÉ DÉPOSÉE
Appelé à se prononcer sur la marche initiée par la CNCD, l’aile du RCD, pour ce samedi à partir de la place des Martyrs, le ministre a, pour trancher, souligné que « nous disons que les marches sont autorisées ou elles ne le sont pas. Mais en principe elles ne sont pas interdites. Ceci dit, je ne me prononcerai pas sur cette marche puisqu’aucune demande n’a été déposée et d’après ce que nous savons, les initiateurs de cette marche sont de tendances différentes et de courants divergents et sont en train de briser cette unanimité de façade qu’ils avaient présentée jusqu’à présent ».
L’autre argument avancé par le ministre est le fait que « la mobilisation des forces de police va nous faire dégarnir d’autres points sensibles de la ville d’Alger et nous savons que cette dernière est actuellement ciblée par les dirigeants des groupes terroristes parce que c’est un point qui permet d’obtenir un impact extrêmement important au niveau médiatique.
Tous les efforts que nous avons faits jusqu’à présent pour contenir les menaces de cette nature seraient probablement mis en échec » . L’accès aux médias lourds constitue une opportunité pour les partis politiques. Il commence à se faire certes « timidement » mais les choses, d’après lui, progressent, soulignant à titre d’exemple que l’intervention de maître Bouchachi et le président d’un parti islamiste, en l’occurrence Benabdesselm à la télévision algérienne constitue un signe d’ouverture.
TOUTE PERSONNE INCULPÉE DANS DES AFFAIRES DE TERRORISME AURA LE DROIT DE FAIRE APPEL
Le ministre a assuré que la lutte contre le terrorisme se poursuivra et « rien ne changera dans le déploiement de l’armée que se soit dans son suivi, dans son contrôle et son évaluation de ses actions ». Au sujet du projet de décret présidentiel relatif à la mise en œuvre de l’engagement de l’ANP, M. Ould Kablia a estimé que « ce texte confirme que la conduite et la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion sont prises en charge par l’état-major de l’ANP ». Plus loin, il soulignera que la nouveauté concerne les personnes impliquées dans des actes terroristes. Ces dernières auront le droit de faire appel et de communiquer avec leur avocat et recevoir des visites.
M. Ould Kablia a indiqué, dans ce sens, « on a souvent reproché aux services de renseignement, particulièrement militaires, de détenir des personnes pendant des périodes indéterminées à l’insu de toute autorité ou à l’insu de leur famille et de leurs avocats. Actuellement, le fait que ces personnes soient placées en état de surveillance sous l’égide d’une autorité judiciaire leur offre les garanties de faire appel, communiquer avec leurs avocats et recevoir des visites ». Au sujet, de l’assignation à résidence surveillée, il a indiqué que cette mesure« est laissée à l’appréciation du juge d’instruction ».
L’ÉTUDIANT VIOLENTÉ NE S’EST PAS PRÉSENTÉ
Au sujet de l’enquête ordonnée par la DGSN pour éclaircir les circonstances et les fais selon lesquels des étudiants ont été brutalisés lors des manifestations au niveau du siège du ministère de l’Enseignement supérieur, le ministre a d’emblée souligné qu’il est important de « définir la véracité de cette violence » avant de parler de sanction. « Les étudiants sont restés pendant plusieurs jours devant le siège du ministère et la police aussi, non pour les réprimer mais pour protéger l’édifice public.
Les étudiants ne se sont pas contentés de scander des slogans et organiser des sit-in pacifiques, ils ont menacé de détériorer les grilles pour accéder au siège du ministère », déplore-t-il en assurant que les forces de l’ordre sont soumises à une instruction permanente de ne pas faire preuve de violence. Et d’ajouter que l’enquête suit son cours précisant toutefois que « l’étudiant violenté n’a pas été entendu car il ne s’est pas présenté ».
PLUS DE PASSEPORTS ORDINAIRES À COMPTER DE NOVEMBRE 2011
«Nous ne délivrerons plus, à compter de novembre 2011, de passeports classiques. D’ici la fin de l’année, tous ceux qui ont des passeports qui arrivent au délai d’expiration à cette date, auront des passeports biométriques », a-t-il fait savoir avant d’assurer que des assouplissements seront introduites pour réduire le nombre de documents exigés pour cette procédure. Selon lui, « le certificat de nationalité peut ne pas être exigé quand quelqu’un est muni d’un passeport ou d’une carte d’identité nationale ».
Interrogé sur le manque d’imprimés de l’extrait de naissance 12 S au niveau des APC, l’intervenant a nié ce fait indiquant que deux millions d’imprimés de ce document ont été distribués à travers les wilayas et les communes. Au sujet de l’informel, il a indiqué que ce phénomène ne touche pas seulement ceux qui occupent les voies publiques mais aussi les entreprises qui exercent sans facturation et autres, promettant de trouver des solutions à ce problème.