Les préparatifs liés au rendez-vous électoral du 10 mai 2012 et la neutralité totale de l’Administration ont été à l’ordre du jour de la réunion des 48 walis du pays, qui a eu lieu jeudi dernier à la résidence El-Mithak
Présidée par M. Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, en présence des cadres centraux du ministère, cette rencontre, qui intervient à une vingtaine de jours des élections législatives et en pleine campagne électorale, a été une occasion pour le premier responsable du secteur pour soulever la question liée à la neutralité de l’Administration et instruire les walis et les cadres relevant de son secteur à assurer la réussite du déroulement du processus électoral, tout en les exhortant à garantir la transparence et l’intégrité.
Dans une longue allocution d’ouverture, le ministre n’a pas omis d’instruire les walis sur l’importante mission dans cette opération afin de réhabiliter la relation de confiance entre l’Etat et le citoyen. Tout en rappelant les lignes directrices devant cadrer les actions de l’Administration et réaffirmer encore une fois la nécessité de veiller à l’application des directives données par le Chef de l’Etat, le ministre a longuement insisté sur la conformité des procédures mises en œuvre dans le cadre de l’organisation et le déroulement du scrutin, le comportement qui doit être observé par l’ensemble des responsables des subalternes et des personnels en charge de l’encadrement et des opérations électorales, à l’adresse du citoyen, pour lui permettre d’accomplir son devoir dans les meilleures conditions, le respect des règles de neutralité, de transparence et d’équité, et la garantie des droits légaux consentis par la législation en vigueur au profit des candidats aux élections et aux citoyens. «Je m’adresse à vous, les walis et à l’ensemble des agents requis pour l’encadrement des centres et bureaux de vote, pour vous rappeler qu’il s’agit d’une mission noble à la mesure de la noblesse de la famille à laquelle vous appartenez et que vous avez le devoir de représenter dignement», a-t-il notamment indiqué.
Pour un choix populaire, souverain, démocratique et exemplaire
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales affirme également que la réussite de cette échéance électorale sera assurée par «des attitudes empreintes d’éthique et de responsabilité», et insiste devant les walis sur la nécessité d’une application rigoureuse de la loi dans un esprit d’équité, de transparence et de neutralité. «Vous êtes porteurs d’un message politique et historique chargé de signification, qui contribuera à la réhabilitation de la relation de confiance entre l’Etat et le citoyen», a-t-il dit, non sans qualifier les législatives de cette année de «première consultation électorale d’un nouveau genre», appelant aussi à mettre tous les moyens à la disposition des agents intervenant dans l’organisation et l’encadrement de l’opération électorale, ainsi que les commissions de surveillance et de supervision.
Tout en relevant la grande responsabilité des walis dans le succès de l’opération, Daho Ould Kablia a tenu absolument que ces élections soient «un espace de liberté permettant l’exercice de la citoyenneté pour un choix populaire, souverain, démocratique et exemplaire». Et d’ajouter : «Je suis persuadé que vous serez à la hauteur des attentes réitérées et légitimes du Président de la République, qui ont reçu jusqu’à présent le plus large écho auprès du peuple», a encore souligné M. Ould Kablia.
Tout en rappelant le contexte particulier qui caractérise cette échéance électorale, «empreinte d’une volonté politique particulière d’en faire un tournant décisif dans l’approfondissement du processus démocratique», le ministre a fait observer qu’au-delà de la portée politique de ces élections et de ses effets futurs sur la scène politique, il convient de les situer dans le contexte politique et socioéconomique qu’a connu l’Algérie. Le ministre n’a pas omis d’inviter les présents à se tourner au passé récent où le pays a affronté des défis majeurs tant au plan sécuritaire qu’économique et social. Il s’agit des réformes engagées par le pays sur orientations du Chef de l’Etat, en 1999, qui visaient le rétablissement de la situation à travers «une démarche stratégique et cohérente et coordonnée». C’est dans ce cadre, précise le ministre, qu’il a été procédé à «une consolidation de la paix et de la sécurité, grâce aux mesures de réconciliation nationale qui ont permis le resserrement des rangs et le renforcement de la cohésion sociale dans la perspective d’une mobilisation sociale au service du développement économique et social du pays».
Le ministre a évoqué par ailleurs le rattrapage du déficit structurel et économique, grâce à la mise en œuvre de trois plans pluriannuels de développement et le remboursement de la majorité de la dette extérieure. Il a rappelé, à ce titre, que l’Etat a mobilisé, durant la période 1999-2009, environ 19,646 milliards de dinars, l’équivalent de 246 milliards de dollars, et il est en phase de réalisation d’un autre programme quinquennal au titre de la période 2010-2014 pour un montant global de 21,214 milliards de dinars, soit 291 milliards de dollars.
Pour ce qui est de l’Administration, dont la plus grande partie est représentée par les 48 walis à travers le territoire national, le ministre a rappelé que celle-ci n’a pas été à la marge de cette importante réforme. «Bien au contraire, l’Administration algérienne a été, comme à l’accoutumée, le cœur battant de l’évolution économique et sociale, et du développement d’une manière générale.
Elle s’et vu chargée, dès l’indépendance, où des hommes et des femmes convaincus par la cause nationale et ayant déjà participé à la lutte de libération nationale, ont pris sur eux l’édification des structures de l’Etat mettant en place les fondements de l’Etat unitaire et indépendant.
Un devoir de mémoire et d’histoire
Le ministre n’a pas omis d’ouvrir une parenthèse sur le rôle de l’Administration face à la menace terroriste qui est survenue avec ses massacres, ses saccages et sa décadence. «L’Administration n’a pas hésité à faire face à ce dangereux défi mettant la main dans la main afin de régler différents corps de sécurité et les éléments les plus engagés de la société civile et consentant également les sacrifices parmi ces cadres, agents administratifs et élus pour que l’Algérie demeure libre, unie et indépendante.»
Pour le ministre de l’Intérieur, le chemin est long et le devoir de mémoire et d’histoire, notamment à la veille du 50e anniversaire de l’indépendance, interpelle ces agents aujourd’hui plus que jamais et les exhorte à tout faire pour «bâtir une administration moderne, nouvelle, responsable, fidèle à sa vocation et présente pour lever tous les défis en s’inscrivant pleinement dans l’orientation politique, l’approfondissement du processus démocratique et de l’affermissement de l’Etat de droit». Ce qui ne saurait être réalisé, selon le représentant du gouvernement, sans l’affermissement de l’Etat de droit sans la garantie de l’exercice de libertés individuelles et collectives, et sans la promotion des valeurs de la citoyenneté de la participation politique responsable et constructive. Dans cette perspective, le ministre a demandé aux walis et aux cadres et agents administratifs d’œuvrer, dans l’impartialité et en toute responsabilité, à «la création des conditions favorables pour des élections législatives transparentes respectueuses de la volonté souveraine du peuple tout en lui permettant d’opérer ses choix en toute liberté et quiétude et dans le strict respect des lois et règlements».
Tout en appelant les walis à réfléchir sur le contenu d’une feuille de route pour ce grand rendez-vous électoral qu’ils ont la charge de concrétiser, «efficacement, avec intelligence et professionnalisme», le ministre a longuement insisté sur la nécessité de réaliser cet objectif qui demeure la pierre angulaire pour «l’édification de l’Etat algérien indépendant et contribuer à la consolidation et au renforcement des quatre fondements du programme du Président de la République ». Il s’agit, notamment, des lois relatives à la commune et à la wilaya, de la loi relative aux associations, de la loi relative aux partis et de la nouvelle loi électorale qui prévoit un train de mesures et de dispositions législatives avec la création de la Commission nationale de supervision des élections composées exclusivement de magistrats avec des membres au niveau des wilayas, de partis politiques et de candidats libres.
Assurer la sécurité du scrutin
Au plan pratique, et afin d’assurer le bon déroulement du scrutin, le ministre a appelé les walis à veiller pour l’application de l’ensemble des mesures légales prévues par le code électoral, à savoir le soutien et la collaboration avec la commission nationale de contrôle et de surveillance des élection qui a reçu un mandat légal à cette fin, la nécessité de remise des procès- verbaux du dépouillement aux candidats et aux représentants de démembrement de la Commission nationale de surveillance des élections législatives, le scellement des urnes et leur conservation conformément aux dispositions législatives en vigueur, l’usage de l’ancre indélébile dans la prise d’empreintes digitales du votant et son apposition sur les listes d’émargement, la disponibilité du matériel électoral en quantité suffisante et de manière normalisée conformément à la réglementation en vigueur, le respect de l’ordre des listes de candidature, facilité aux représentants des candidats la surveillance du déroulement du scrutin au sein des centres et bureaux de vote, tout en leur accordant toute facilité en mesure de leur permettre d’accomplir leur mission dans des conditions optimales, la prise en charge des représentants des candidats sur les lieux de vote, au même titre que les agents en charge de l’encadrement du scrutin pour leur restauration et leur transport, sans discrimination aucune, le respect des procédures légales du déroulement du vote du début de l’opération jusqu’à son aboutissement, s’assurer de la disponibilité des moyens de communication et de télécommunication pour les besoins des opérations électorales et l’efficacité des dispositifs mis en place.
Le ministre a demandé par ailleurs aux walis de mettre en place les dispositifs sécuritaires nécessaire en vue d’assurer la sécurité du scrutin et de permettre aux citoyens d’accomplir leur devoir de vote en toute quiétude et sérénité et garantir l’inviolabilité des urnes des documents électoraux et des locaux. Ils seront accompagnés, dans ce cadre, par l’ensemble des corps de sécurité et de la Protection civile.
Au plan de la représentation et de l’augmentation du nombre de sièges, le ministre insiste sur l’encouragement au rajeunissement des assemblées élues afin de permettre aux jeunes d’intégrer la concurrence électorale, pour les APC et APW où le champ reste ouvert aux jeunes âgés de 23 ans au moins.
Pour l’APN, l’âge minimal autorisé pour la candidature a été réduit de 28 à 25 ans, pour l’élection au Conseil de la nation l’âge minimal a été réduit de 40 à 35 ans. Tout en insistant sur l’augmentation du nombre de siège dans les assemblées élues au niveau communal, ainsi qu’au niveau de l’Assemblée populaire nationale, le ministre indique qu’au niveau des APC, ce nombre varie actuellement de 13 à 43 membres au lieu de 7 à 32 membres précédemment ; pour ce qui est l’APN, le nombre de sièges a été porté à 462 au lieu de 389 dans le mandat actuel.
Il a tenu par ailleurs à évoquer le renforcement de la représentation de la femme au sein des assemblées élues, en exigeant sa représentation dans les listes de candidature et en la favorisant lors de la répartition des sièges à des taux minimaux de 50% au titre de la communauté nationale à l’étranger, à 40% pour les assemblées élues composées de 32 sièges et plus, à 35% pour ceux composés de 14 sièges et plus et à 30% pour celles composées de 5 à 14 sièges.
Ainsi, munis d’un dossier volumineux sous les bras, les walis sont retournés à leur poste avec un seul objectif : l’application à la lettre des orientations données sur le terrain.
Sarah SOFI
Selon le général-major Abdelghani Hamel :
“60.000 policiers mobilisés”
Un dispositif sécuritaire adapté à la mesure de l’évènement sera mis en place par les services de sécurité, pour veiller au bon déroulement des élections législatives du 10 mai 2012. C’est ce qui a été annoncé jeudi en marge de la rencontre du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales avec les 48 walis, par le général-major Abdelghani Hamel qui a assuré que plus de 60.000 policiers seront mobilisés pour les prochaines échéances du 10 mai prochains.
Le Directeur général de la Sureté nationale a en outre précisé qu’«en plus de ce nombre d’agents de police mobilisés, nous ferons aussi appel à des stagiaires qui sont actuellement en formation», a-t-il indiqué à la presse. Selon le DGSN, «la répartition des agents de police par wilaya est déjà faite sur l’ensemble du territoire national». Il a précisé, dans ce contexte, qu’une «directive a été déjà transmise aux personnels» de la DGSN. Le général-major a par ailleurs affirmé, à une question relative à la sécurité des bureaux de vote aux frontières sud du pays, qu’«il y aura un dispositif spécial et renforcé». Par contre, au niveau du nord du pays, les agents de l’ordre seront «prêts, une dizaine de jours avant les élections», a-t-il conclu.
S. SOFI
Installation d’un centre international de presse à l’hôtel El-Aurassi
Le Centre international de presse (CIP) au profit des journalistes algériens et étrangers de la presse écrite et audiovisuelle, chargés de la couverture des élections législatives de mai 2012, sera opérationnel du 4 au 14 mai prochain à l’hôtel El- Aurassi, selon les organisateurs.
Tous les moyens sont déployés pour réussir la couverture du prochain scrutin, a-t-on constaté hier au niveau de l’hôtel El-Aurassi. Le directeur du CIP, M. Ali Kaidi, a indiqué qu’une quarantaine de PC et une cinquantaine de micro-ordinateurs portables, dotés d’une connexion internet, seront mis à la disposition des journalistes, «pour leur permettre de rédiger et d’envoyer leurs articles en temps voulu et dans les meilleures conditions», a-t-il précisé.
Il a en outre déclaré qu’une logistique des plus conséquentes a été mise en place. «Nous avons loué et équipé en moyens informatiques un espace à l’hôtel El-Aurassi, qui sera ouvert du 4 au 14 mai, pour accueillir les journalistes algériens et étrangers chargés de couvrir les élections législatives», dit-il. Un réseau internet sans fil sera également mis à la disposition des représentants de la presse nationale et internationale, ainsi que des lignes téléphoniques et des fax.
En ce qui concerne la presse audiovisuelle, elle aura également son propre espace pour les besoins des directs à partir de l’hôtel. La satisfaction des besoins des chaînes de télévision en matière d’émission en direct pendant les rendez-vous électoraux, selon le directeur du CIP, ne constitue plus une «phobie» pour le CIP. M. Kaidi a précisé que «les moyens dont dispose le CIP permettront cette année la transmission simultanée de sept émissions télévisuelles, contre six en 2009».
Par ailleurs, une quinzaine d’écrans géants seront mis à la disposition des utilisateurs du centre pour leur permettre de suivre en direct les opérations électorales. En outre, le CIP abritera des conférences de presse, qui seront animées, notamment, par les représentants des partis politiques en lice pour les élections législatives du 10 mai prochain.
Sihem Oubraham
Près de 4 millions de nouveaux électeurs
Selon les statistiques du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, le nombre de nouveaux électeurs est de 4 millions. Ils sont constitués d’étudiants, de lycéens, de stagiaires et de sans emplois, dont la majorité d’entre eux ont atteint l’âge de 18 ans. Ils sont appelés à effectuer leur devoir de vote et de choisir en toute liberté leurs représentants à la prochaine Assemblée populaire nationale.
Le premier magistrat du pays a, en effet, appelé dans un de ses discours prononcé à Oran, les deux catégories les plus importantes de la société, les jeunes et les femmes, à se présenter en masse aux urnes le jour J. Son appel est d’autant plus ciblé que la société algérienne est composée de 75% de jeunes et plus de 50% de femmes.
A l’instar des autres pays, la jeunesse constitue une composante majeure dans la vie politique de l’Algérie. Passionnée, bouillonnante et exigeante, la jeunesse a toujours occupé une place importante dans toutes les compétitions électorales du pays.
S. S.
“Ce n’est pas aux walis de répondre aux doléances des représentants de parti”
Tout en rejetant les accusations des partis politiques portant sur le problème d’accès au fichier électoral, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, qui a répondu à toutes les interrogations de la presse nationale en marge de sa rencontre avec les walis du pays, a indiqué que le fichier électoral est fourni à la demande des partis et qu’aucun refus n’a été enregistré dans ce sens. «Nous n’avons opposé aucun refus pour ce qui est de l’accès au fichier électoral.» Il a affirmé que son département n’a reçu aucune demande à ce sujet, ajoutant que «ce n’est pas à l’Administration de procéder à la distribution des documents du fichier électoral à tous les partis». Répondant à une question liée à la possibilité de s’adresser aux walis si les responsables des partis politiques rencontraient certaines difficultés, le ministre était catégorique : «Les représentants des partis n’ont pas à s’adresser aux walis. Ils doivent s’adresser directement aux APC ou à la direction générale de la réglementation pour avoir les documents», a-t-il notamment précisé. Le ministre de l’Intérieur a rappelé, dans ce sens, que la loi électorale garantit aux partis l’accès au fichier électoral. «Les gens qui refusent de remettre le fichier électoral aux partis politiques seront passibles de sanctions», a-t-il fait savoir.
Pour ce qui est du comportement négatif de la part de certains individus, comme déchirer les listes affichées et son impact sur le taux d’abstention, le ministre considère cet acte irresponsable. Mais il ne s’est pas inquiété outre mesure de tels agissements et de leur impact sur le déroulement des élections. «Je ne pense pas que cela aura une influence sur le vote, qui est extrêmement important pour l’avenir des Algériens, parce que c’est une action qui vise à créer des conditions nouvelles d’exercice de la souveraineté populaire», a-t-il expliqué, tout en estimant qu’il est du devoir des partis, de l’APC et des services de sécurité de veiller à la protection des panneaux d’affichage et à la prise en charge des dispositions nécessaires. Pour ce qui est du retard en matière d’affichage des listes électorales pour la plupart des partis politiques, le ministre a imputé aux partis politiques la responsabilité de ce retard. «Ceux qui ont des moyens ont procédé à l’impression des affiches dans les temps», a-t-il indiqué, tout en assurant que l’Administration avait tout préparé bien avant le début de la campagne. Côté chiffres, Daho Ould Kablia a précisé qu’au niveau national, le corps électoral est estimé à 20.673.875, soit un taux de 95,43%, alors que la communauté algérienne à l’étranger est estimée à 990.470, soit un taux de 4,57%. La répartition du corps électoral par sexe fait ressortir que 11.772.792, soit 54,34%, sont des hommes et 9.891.553, soit 45,60%, sont des femmes.
S. S.