Les médecins-résidents algériens ont protesté mercredi 23 mars à travers des sit-in dans de nombreux hôpitaux d’Algérie à l’appel du Collectif autonome des médecins-résidents algériens. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbés, promet de satisfaire immédiatement une partie des revendications des protestataires.
Le mouvement de protestation qui a concerné une dizaine de CHU à Alger, Batna, Constantine, Annaba, Oran, Tlemcen, Blida, Sétif et Tizi Ouzou, a été suivi par des centaines de médecins résidents, selon Mohamed Sahnoun, l’un de délégués du collectif. « Le taux de suivi avoisine les 90% sur le territoire national », ajoute notre interlocuteur.
A Alger seule, prés de 700 médecins-grévistes officiant dans plusieurs établissements hospitaliers spécialisés (EHS) étaient au rendez-vous au CHU Mustapha Bacha, a constaté une journaliste de DNA sur place. Les protestataires ont improvisé une marche à l’intérieur du CHU au cours de laquelle ils ont exigé la satisfaction de leurs doléances.
Djamel Ould Abbas, ministre de la Santé, a convoqué dans la matinée une réunion avec les directeurs des hôpitaux. Il a « regretté » que les représentants des médecins résidents ne se soient pas présentés à une réunion consacrée à l’examen de leurs revendications.
Le ministre, cité par l’agence officielle APS, s’est engagé à satisfaire dans l’immédiat « deux revendications », à savoir la prime de contagion et l’augmentation de la prime de garde. Il s’est dit aussi « prêt » à revoir le statut particulier du médecin résident.
Pour ce qui est du reste des revendications, dont la « suppression du service civil et militaire », Ould Abbas a assuré que son département « œuvrera à trouver des solutions » avec les ministères concernés. Une commission nationale composée de cadres supérieurs du ministère et des directeurs généraux des CHU pour discuter des revendications des médecins résidents a été installée.
Les délégués de médecins résidents affirment ne pas avoir été conviés à ladite réunion. « Nous avons appris officieusement la tenue d’une réunion à la fin de la semaine. Depuis dimanche, nous n’avons reçu aucune invitation officielle », affirme Amine Benhabib, porte-parole du collectif. Les médecins résidents réclament la suppression du service civile et non pas le service militaire, rectifie M. Sahnoun.
Nombre de médecins résidents n’ont pas manqué de dénoncer la note ministérielle adressée aux directeurs généraux des établissements hospitaliers leur enjoignant de procéder à des défalcations sur salaire de toutes les journées de grève.
Le ministère de la Santé pousse au «pourrissement », accuse M. Sahnoun. « Dans la circulaire, le ministère prétend que nous sommes en formation. Ce genre de propos poussera davantage les protestataires à radicaliser leur mouvement », dit-t-il. « Nous ne sommes pas des hors la loi. Le droit de grève est un droit constitutionnel », affirme Nabil, un gréviste rencontré sur lieux.
Des médecins déplorent par ailleurs le fait que l’administration leur interdise de tenir des réunions dans les locaux des CHU. En dépit des « intimidations», les médecins résidents attendent toujours un signal officiel des autorités pour engager des négociations, note M. Benhabbi
Le collectif des médecins résidents algériens devra tenir une réunion durant le week-end pour décider de la suite à donner à leur mouvement de contestation.
« Selon nos déférents délégués, les médecins résidents comptent durcir le ton, en allant vers une grève illimité », indique la porte parole du collectif.
Dans leur plate-forme de revendications, les blouses blanches réclament l’abrogation du service civil obligatoire auquel ils sont soumis durant une période allant de 1 à 4 ans, la mise en place d’un plan de carrière, l’ouverture de postes budgétaires et l’augmentation de leurs salaires.
Ils exigent également la révision du l’actuel statut qui devrait leur assurer un droit syndical, des congés de maternités pour les résidentes et des primes de contagion et de risque
Le salaire de médecins résidents, 8000 sur le territoire nation, est plafonné à 32 000 dinars (320 euros) alors que le salaire minimum garanti est de 15 000 dinars (150 euros).
