La mise sur pied de l’instance de régulation de la presse écrite, comme stipulée dans la nouvelle loi sur l’information adoptée en janvier 2012, n’est visiblement pas pour demain.
Le ministre de la Communication, Mohand Oussaïd Belaïd, a imputé, hier, implicitement, le retard dans la mise en place de cette instance à la corporation appelée à désigner ses représentants pour y siéger, comme le dispose la loi. Il a ainsi appelé les journalistes, en marge d’une cérémonie organisée en leur l’honneur à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, à s’organiser en un syndicat représentatif à même de désigner leurs représentants. “Organisez-vous en syndicat représentatif, désignez vos représentants et tout marchera très bien”, a déclaré le ministre. “Les élections des membres de l’Autorité de régulation de la presse écrite auront lieu dès que la corporation sera organisée”, a-t-il dit. Autant dire que l’attente risque de s’avérer longue car l’organisation de la corporation, si l’on examine en profondeur son état, n’est pas également pour demain. En plus des divisions idéologiques, la corporation est handicapée par la démission des uns et parasitée par les connivences des autres, soit avec les éditeurs ou avec des cercles de décision. Et mieux encore, contrairement aux affirmations du ministre dont on ne peut douter objectivement de la sincérité, le pouvoir ne donne pas des signes d’être disposé à s’accommoder d’un syndicat fort au sein de la corporation. Il n’y a qu’à voir le sort qu’il a réservé aux syndicats autonomes dans d’autres secteurs ou encore les partis d’opposition pour s’en convaincre. Vu sous cet angle, la presse va continuer à subir les contrecoups de la division, de la mauvaise gestion, de la nature du régime et d’une certaine forme de gouvernance. D’ailleurs, même le ministre semble avoir renoncé à l’idée envisagée il y a quelques mois de recourir à des sages pour siéger au sein de l’instance de régulation, histoire de contourner l’écueil de l’absence d’organisation au sein de la corporation. Désormais, il a le beau rôle et le temps. Même les textes d’application relatifs au code de l’information de 2012 sont “en cours d’élaboration”. Rien ne… presse donc.
K K