Pas de droit syndical, plus d’affichages ni de réunions au sein des CHU. C’est ce qui a été notifié au collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) par le ministère de la Santé après avoir été informé du rejet de leur demande de création d’un syndicat autonome par le ministère du Travail.
Est-ce le retour au conflit ? Tout porte à le croire. Les résidents se concertent et n’écartent pas le retour à la contestation puisqu’ils estiment qu’ils subissent «la répression dans toutes ses formes». Selon leur communiqué diffusé ce jeudi, le collectif déclare avoir reçu un niet catégorique assorti de menaces de poursuites judiciaires à leur demande formulée pour créer un syndicat national rejetée par le ministère du Travail.
Quant au ministère de la Santé, «il sort la grosse artillerie en brandissant la menace de sanctions judiciaires», ont-il publié sur leur page facebook. Il est à rappeler que le collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) est une alliance libre apolitique regroupant l’ensemble des résidents algériens qu’ils soient médecins, pharmaciens ou chirurgiens-dentistes.
Il se présente comme le porte-parole des revendications socio-professionnelles et pédagogiques de plus de huit mille résidents à travers tout le territoire national. Apparemment, cette alliance veut se projeter dans la continuité en souhaitant se transformer en syndicat». Les revendications des résidents ne sont pas conjoncturelles et seul un syndicat pourrait défendre leurs intérêts», déclare un délégué constantinois.
Le ministère du Travail oppose l’argument selon lequel les médecins résidents sont en «formation graduée», ce qui n’autorise pas la création d’un syndicat. «Ils perçoivent une allocation d’études et une rémunération pour leur participation à la réalisation des soins. A cet effet, la rémunération perçue n’est pas la contre-partie d’un service fait, qui crée des droits
et des obligations aux fonctionnaires telles qu’elles découlent d’une relation de travail, conformément aux dispositions de l’ordonnance 06- 03 du 15 juillet 2006, portant statut général de la Fonction publique, notamment les articles 3, 7, 32», écrit Ahmed Bourbiâ, directeur des relations de travail, au ministère du Travail dans une correspondance adressée à la Camra. Par contre, ils peuvent créer une association selon la loi 90-31 du 4 décembre 1990, relative aux associations.
Pour sa part, le ministère de la Santé a appuyé la décision du ministère du Travail pour interdire tout affichage ou réunion à caractère syndical au sein des CHU. Une instruction a été adressée le 12 septembre dernier à tous les directeurs des CHU, les sommant de ne pas permettre un quelconque affichage syndical de la part des résidents
Le SG du ministère de la Santé a insisté auprès des directeurs pour «ne recevoir aucun praticien résident agissant individuellement ou collectivement à titre syndical et de ne permettre aucun affichage, ni aucune réunion des praticiens résidents au sein de l’établissement, à titre syndical».
De leur côté, les résidents qui se disent choqués par une telle décision en contradiction avec l’article 56 de la Constitution qui stipule que «le droit syndical est garanti à tous les citoyens», promettent une réaction après concertation de tous les délégués à travers le territoire national. La situation reste tendue.
I. T.