En matière d’emploi, le gouvernement donne l’impression de ne plus savoir sur quel pied danser à telle enseigne qu’il envisage de reconduire les mécanismes ayant même essuyé des échecs retentissants par le passé.
Dans sa quête de calmer les jeunes (diplômés ou non), le gouvernement multiplie les tests et les formules. Tel un mauvais scientifique qui épuise ses cobayes sans pouvoir réaliser de résultats, l’exécutif cherche toujours le mécanisme idéal pour lutter efficacement contre le chômage. Mais dans son entreprise, le gouvernement navigue à vue.
Et pour cause, la multiplication des dispositifs visant à la création de l’emploi, sans pour autant en finir avec la problématique du chômage. Pis encore, il expérimente, à nouveau, même les mécanismes ayant prouvé leurs limites par le passé.
C’est le cas des fameux CPE (contrat pré-emploi) en vigueur pendant près d’une dizaine d’années avant d’être supprimés en 2008. Ce mécanisme, avait reconnu Tayeb Louh, ministre de Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale à l’époque, a échoué dans la mesure où « seulement 12% des bénéficiaires de ce mécanisme ont réussi à s’insérer dans le monde du travail, qui est le but visé à travers sa création ». Cette proportion reste très faible, dans un pays où le nombre de diplômés qui sortent des universités chaque année dépasse les 130 000 universitaires.
En raison de cet échec, le ministère avait proposé à l’époque de nouveaux dispositifs, dont un remplace le CPE. Il s’agit du Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP). Celui-ci propose aux jeunes diplômés des contrats de deux ans renouvelables trois fois pour leur permettre d’acquérir une expérience et de pouvoir intégrer le monde de travail par la suite.
Des dispositifs pour chaque ministre
Sans présenter une évaluation de ce dispositif appliqué depuis six ans, l’actuel ministre du Travail, Mohamed Benmeradi, annonce le retour au fameux CPE, baptisé autrement. Invité, mercredi 16 janvier dernier, de la chaîne III de la radio nationale, le ministre justifie cette décision par des « problèmes rencontrés dans l’application des DAIP.
« Nous allons proposer à la prochaine réunion du gouvernement un nouveau dispositif Contrat premier emploi jeune (CPEJ) qui va remplacer graduellement le DAIP », souligne-t-il. Selon lui, ce contrat permettra au jeune d’avoir le salaire prévu par la convention collective de l’entreprise qui le recrute avec tous les avantages de l’assurance sociale.
« Si l’ingénieur, dans cette entreprise a un salaire de 35 000 DA, le nouveau bénéficiaire du contrat premier emploi jeune aura la même rémunération. L’Etat prendra en charge, pendant 3 ans, l’intégralité du salaire de poste de tous les jeunes qui seront recrutés dans le cadre de ce dispositif », explique-t-il. Mohamed Benmeradi souligne que ce contrat permettra aussi au jeune recruté d’avoir « le droit d’être affilié à un syndicat et de bénéficier de l’assurance-chômage en cas de licenciement ». Il semblerait ainsi que chaque ministre du travail rejette les actions de son prédécesseur.
L’on se souvient, avant 2008, l’emploi avait été affilié au ministère de la solidarité nationale, conduit par Djamel Ould Abbès à l’époque. Hâbleur, ce dernier a toujours loué et gonflé les chiffres de l’emploi créés dans le cadre des CPE et autres dispositifs de soutien aux jeunes. Une fois l’emploi confié au ministère du Travail, Tayeb Louh, avait descendu en flamme le bilan des CPE et proposa alors les DAIP. Aujourd’hui, Mohamed Benmeradi opte pour les CPEJ. Ces changements itératifs des mécanismes confirment une seule réalité : la politique nationale de l’emploi souffre de l’amateurisme de ses responsables.
Boualem Rabah