Gros nuages sur le marché national du sucre. Au sud du pays, la pénurie a déjà fait monter les prix, le kg de ce produit subventionné et plafonné à 90 dinars est commercialisé aux clients à plus de 100 dinars, selon des habitants de la wilaya de Tamanrasset. La pénurie de sucre touche, selon le président de l’Association de protection du consommateur et de son environnement (APOCE), Mustapaha Zebdi, plusieurs régions, en particulier le sud et l’est du pays, et pourrait, si rien n’est fait par le ministère du Commerce, s’étendre au centre du pays et à tout le territoire national.
Selon des commerçants d’Ouargla, les grossistes leur cèdent le kg de sucre blanc à 88, voire 90 dinars, et quand il est disponible. Une situation qui a fait naître une certaine hantise quant à une pénurie de sucre, qui ouvrira la voie à une autre hausse des produits dérivés, dont les boissons gazeuses, les yaourts et autres produits à base de sucre. C’est un peu dans cette atmosphère de « guerre des prix » sur fond de baisse des quantités de sucre mises sur le marché que le ministère du Commerce est intervenu jeudi pour « calmer le jeu ». Et, surtout, rassurer les consommateurs sur la disponibilité du produit. « Le sucre est disponible sur tout le territoire national en quantités suffisantes et aux prix habituels », affirme le directeur général de la régulation et de l’organisation des activités au ministère, Abdelaziz Aït Abderrahmane, qui a expliqué que la pénurie de sucre notamment dans la wilaya de Biskra est due au fait que l’opérateur qui approvisionnait cette wilaya n’avait pas eu les quantités suffisantes en sucre ».
Le même responsable au ministère du Commerce ajoute que cette situation a même affecté les wilayas d’Ouargla et Illizi, approvisionnées également par le même opérateur. Et, tout aussi rapidement qu’elle est née, la pénurie dans la wilaya de Biskra n’existe plus, affirme M. Ait Abderrahmane selon lequel « la situation a été rétablie pour la wilaya de Biskra et Ouargla, alors que dans la wilaya d’Illizi elle est en voie de l’être ».
La situation est dès lors rétablie, selon ce responsable au ministère du Commerce, qui explique par ailleurs que « l’approvisionnement des marchés en sucre s’effectue régulièrement par les opérateurs économiques ». Le stock de matières premières disponibles couvre les besoins de production de sucre allant jusqu’à 871 jours, soit un stock de sécurité de plus de deux ans, selon M, Ait Abderrahmane, qui rassure sur le fait que « les quantités (de sucre roux) disponibles sont estimées à 1,07 million de tonnes, qui assurent la production pour 29 mois ». Pour autant, les importations de sucre se sont établies en baisse au cours des cinq premiers mois de 2015 à 847.145 tonnes contre 874.035, en recul de 3,07% par rapport à la même période en 2014.
En valeur, ces importations se sont chiffrées à 365,7 millions de dollars sur les cinq premiers mois de 2015 contre 403,18 millions de dollars à la même période en 2014, en baisse de 9,3%. Entre janvier et novembre 2014, sur le sillage de la baisse des cours internationaux après une bonne production mondiale de sucre de betterave et une offre abondante, les importations algériennes de sucres ont donc enregistré une baisse des cours accompagnée d’une hausse des quantités achetées. En valeur, les importations de sucres de betterave et de canne se sont établies à 825,15 millions de dollars (contre 858,82 millions de dollars sur les 11 premiers mois de 2013), en baisse de 3,92%, selon des chiffres des douanes. Pour autant, en volume, il y a eu une augmentation des importations de sucre qui s’est établie à 1,831 million de tonnes durant les 11 premiers mois de 2014 contre 1,702 million de tonnes sur la même période de 2013, en hausse de 7,6%. Dès lors, certains milieux ne sont pas loin de penser que la spéculation et le mercantilisme poussé à l’extrême par certains opérateurs et grossistes restent de mise sur le marché national des produits alimentaires subventionnés en dépit des assurances du ministère du Commerce. D’autant que des opérateurs exportent une grande partie de ce sucre importé, après des opérations de conditionnement et d’emballage. Sur les tablettes de l’International Trade Board de Londres, l’Algérie est un pays exportateur de .sucre.