A supposer donc que nous soyons en plein dans la première phase, les initiateurs du nouveau modèle de croissance datent la seconde entre 2020 et 2025.
Le nouveau modèle de croissance économique n’est pas une vue de l’esprit comme le suggèrent les contradicteurs du gouvernement. Il existe bel et bien, puisqu’il a fait l’objet d’une publication par le ministère des Finances, hier, sur son site Internet.
De prime abord, les concepteurs du projet, déjà mis en oeuvre par le gouvernement à travers l’adoption de la loi de finances 2017, affichent leur «rationalité» dans l’approche et les résultats escomptés. On apprend ainsi, que l’objectif final sera d’atteindre 6,5% de croissance hors hydrocarbures, sur plusieurs années, à partir de 2025. Un taux déjà atteint par l’économie nationale durant les années 2000, sans que cela n’ait un réel impact significatif sur le niveau de vie ou encore le taux de chômage qui est resté autour des 10%. A la différence peut-être que pour cette fois, la croissance ne sera pas tirée par les investissements publics, eux-mêmes générés par la rente pétrolière.
Cela dit, l’objectif assigné au nouveau modèle de croissance est tout de même conditionné par un ensemble de décisions et d’orientations économiques que les concepteurs dudit modèle estiment incontournables. Mais avant d’y arriver, il convient de relever que la démarche s’appuie sur trois grandes phases. La première qui a démarré en 2016 et qui court jusqu’en 2019, dite de «décollage», consiste à booster les différents secteurs dans le sens d’agir sur la valeur ajoutée. Il est, entre autres, question d’amener cette hausse de la valeur à un «niveau cible», dont on ne sait pas grand-chose.
On peut supposer que dans cette phase, on met les divers investissements publics dans la cimenterie, la sidérurgie et autres filières textiles mécaniques. A supposer donc que nous soyons en plein dans la première phase, les initiateurs du nouveau modèle de croissance datent la seconde entre 2020 et 2025. Dite de «transition» cette étape est dédiée au rattrapage de l’économie. Elle est, à en croire les «pères» du nouveau modèle, nécessaire pour ouvrir la voie à la convergence. Celle-ci devrait être initiée en 2026 pour aboutir à 2030.
A cette date, le pays devrait être dans une courbe ascendante à tout point de vue, avec un PIB en hausse et multiplié par 2,3 fois, une contribution du secteur industriel dans le PIB à hauteur de 10% contre 5,3% actuellement. Il va sans dire que ces chiffres sont atteignables au prix d’efforts soutenus, de modernisation de tout le système financier et administratif et surtout par la négociation d’une transition énergétique, destinée à réduire de moitié le taux de croissance de la consommation interne d’énergie. ll est recommandé dans le document du ministère des Finances de n’extraire «du sous-sol que ce qui est strictement nécessaire au développement».
Tous ces objectifs chiffrés n’auront de sens que dans une notable progression des exportations hors hydrocarbures. Cela passe forcément par une lourde transformation structurelle «de l’activité productive et la rapidité avec laquelle le secteur industriel doit émerger, constituent une première difficulté à laquelle notre économie sera confrontée au cours de son processus de diversification», note le document. Une entrave qui ne peut être levée qu’à travers «un niveau de croissance de la productivité globale des facteurs, qui permet pour un même taux d’investissement global dans l’économie de réaliser des croissances plus élevées», souligne le ministère des Finances.
Cette exigence appelle «une seconde consolidation budgétaire (qui) devra graduellement intervenir dès 2025 visant à réduire les dépenses d’équipements inscrites directement dans le budget de l’Etat, sous la condition de mettre en place un nouveau système national d’investissement en faisant appel aux partenariats publics privés (PPP)», relève le document.
Ainsi, «l’économie nationale doit négocier au cours de sa transition vers la vision 2030 quatre contraintes majeures: l’ampleur des transformations de sa structure productive, l’évolution de l’endettement interne, la solvabilité externe et la transition énergétique qui permettra d’augmenter les exportations d’hydrocarbures et de s’arrimer au train du nouvel ordre énergétique mondial», lit-on dans le document qui prédit donc une sortie de tunnel de l’économie nationale à une échéance assez rapprochée, faut-il le souligner. Cependant, cette option n’est effective qu’à la condition d’une série de mesures, dont certaines paraissent très difficiles à réaliser.