Le ministère des affaires religieuses met en garde contre la fitna des fatwas émises par des imams du Golfe

Le ministère des affaires religieuses met en garde contre la fitna des fatwas émises par des imams du Golfe

Les monarchies du Golfe, via leurs chaines satellitaires, tentent d’imposer leur vision wahabite des religions. En ce mois de Ramadhan, les téléprédicateurs, grassement rétribués par les rois dont ils ne remettent jamais en cause le pouvoir rivalise en fatwas et contre fatwas.

Du coup, ils sèment la confusion dans l’esprit des croyants. Les algériens, amateurs de ces chaines de télévisions sont victimes, malgré eux de cette propagande wahabite qui les met souvent en porte à faux avec les dogmes du rite malékite en vigueur dans les pays du Maghreb.

Le danger est tel que le bureau des fatwas au ministère des Affaires religieuses et des wakfs est monté vendredi au créneau, mettant en garde la société algérienne contre les fatwas promulguées par des ulémas et imams non Algériens car pouvant “altérer” l’intérêt suprême du pays et son intégrité religieuse. Djelloul Guessoul, imam de la mosquée Al-Qods à Hydra (Alger), indique qu’il y a des Algériens qui se renseignent, notamment durant le mois de Ramadhan, auprès d’ulémas d’autres pays arabes comme l’Arabie Saoudite et l’Egypte “sans tenir compte du fait que la fatwa diffère selon l’espace, le temps et la personne qui la promulgue”.

Aussi met-il en garde les Algériens contre ces Fatwas subversives, car explique t-il , elles véhiculent « des messages pouvant altérer l’intérêt suprême du pays, notre référence et intégrité religieuses”. L’imam Guessoul précise néanmoins que cette mise en garde “n’est pas une interdiction catégorique aux Algériens de contacter ces ulémas mais plutôt un rappel sur l’impératif de connaître leurs tendances”. Ces prédicateurs de tendance wahabite intégriste ont souvent une lecture de la religion qui n’est pas adaptée à la société algérienne qui a sa spécificité culturelle et historique.

Le responsable du ministère des affaires religieuse a recommandé à toute personne voulant se renseigner auprès d’un âlim étranger notamment à travers les chaînes satellitaires, de connaître d’abord son appartenance et ses tendances précisant “qu’une fatwa promulguée dans un royaume n’est pas la même dans un Etat démocratique”. “Influencé par la pensée monarchique qui est loin de notre culture et pensée, ce mufti a le pouvoir d’endoctriner les gens et d’influer sur leurs opinions”, a-t-il soutenu. Djelloul Guessoul précise que “l’islam est le même dans tous les pays musulmans, mais la fatwa diffère selon l’espace et le temps et suivant l’évolution de la société” ajoutant qu’une fatwa promulguée en 1962, par exemple, n’est plus celle de nos jours car le citoyen d’aujourd’hui n’est pas, non plus, celui d’autrefois.

S’adressant à ceux qui se renseignent auprès d’ulémas étrangers, l’imam Guessoul a rassuré que “l’Algérie dispose d’ulémas compétents en matière de jurisprudence” déplorant l’amalgame entre la disposition de l’Islam et la fatwa qui est un avis religieux.

La mise en garde du responsable du ministère des affaires religieuses constitue en fait un signal d’alerte et qui donne plus de poids à la nécessité pour l’Algérie de créer l’institution du Mufti de la République dont la mission sera de baliser l’exégèse du Coran, en fonction des spécificités de l’Algérie et endiguer ainsi la propagation de la pensée salafiste qui a valu à l’Algérie une décennie de violence, des dizaines de milliers de morts, des milliards de dollars de préjudice et un traumatisme collectif profond.