36 000 pèlerins encourent le risque d’attraper le virus de la grippe porcine en effectuant le voyage aux Lieux saints.
L’Office national du hadj et de la omra donne son feu vert pour le maintien de la saison 2009, et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne trouve pas à redire.
C’est une décision gouvernementale et il faut bien s’y conformer…
Cette décision a-t-elle été bien réfléchie ? Est-elle responsable ? Est-il prudent d’envoyer des personnes fragilisées dans un pays où l’évolution de la maladie est si rapide et complexe ?
Des questions qui méritent de trouver des réponses rapides, suivies de décisions justes et efficaces avant que le virus ne fasse des dégâts.
Pour le moment, l’Algérie est relativement prémunie (34 cas confirmés, aucun décès) mais elle risque de ne plus l’être dans les jours sinon les mois à venir.
Des pèlerins du monde entier se joindront aux Algériens dans des conditions qui laissent à désirer (tentes et chambres de fortune, promiscuité…).
Ils cohabiteront pendant un mois. Les compagnons de route viendront de pays différents dont un grand nombre est affecté par le virus.
Et rien qu’en Arabie saoudite, qui accueille les hadji, quelque 2 000 cas de grippe porcine ont été confirmés, dont 16 décès.
Les autorités algériennes prennent une décision trop risquée. La vie de milliers, voire de millions de personnes est en danger. Toute l’Algérie est menacée.
Interrogé sur la question, le conseiller à l’information au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, assure que les dispositions nécessaires pour faire face sont prises.
Notre interlocuteur semble minimiser le risque et affirme : «Nous avons nos experts. C’est une décision gouvernementale».
Autrement dit, si le département des Affaires religieuses a tranché sur la question, en maintenant la saison hadj 2009, cela n’a pas été sans l’accord de celui de la Santé et, sans doute, d’autres secteurs.
«L’annulation du hadj 2009 n’est pas à l’ordre du jour», affirme encore notre interlocuteur, poursuivant : «Nous nous en tenons aux recommandations de l’OMS.» Des recommandations où ne figure pas l’interdiction des voyages internationaux.
En effet, comme nous pouvons le vérifier sur son site Internet, l’organisation onusienne n’interdit pas les déplacements entre les pays.
«Suivant le conseil du comité d’urgence, le directeur général de l’OMS a recommandé de ne pas fermer les frontières et de ne pas apporter de restrictions aux voyages internationaux», lit-on dans le rapport.
L’OMS soutient toutefois qu’il serait «judicieux pour les personnes malades de remettre à plus tard les déplacements à l’étranger et pour les personnes présentant des symptômes à la suite d’un voyage international de rechercher des soins médicaux».
Des citoyens, des médecins… et autres s’étonnent de la décision du gouvernement de maintenir le hadj 2009.
Ils affirment ne pas trop compter sur les moyens mis en place pour y faire face : «Si nombreuses et efficaces que puissent être les équipes médicales mobilisées, elles ne pourront pas faire face au danger».
Ces citoyens sont d’autant plus inquiets que les pèlerins risquent d’attraper le virus mais aussi leurs proches et leurs amis qui les accueilleront à leur retour.
Le virus se propagera progressivement jusqu’à atteindre des pans entiers de la société algérienne.
«Les autorités publiques doivent prendre des décisions à même de protéger la santé de tous les Algériens. Il faut réfléchir encore, évaluer sérieusement le risque…», plaident des hommes et des femmes de tous les âges.
La situation suscite plus d’inquiétude à l’arrivée de l’automne qui favorise la progression du virus.
Karima Mokrani