Le militant sahraoui Enaâma Asfari libéré

Le militant sahraoui Enaâma Asfari libéré

Après quatre mois de détention dans le sud du Maroc

Les autorités marocaines ont libéré hier Enaâma Asfari, un militant sahraoui des droits de l’homme et coprésident de CORELSO, après qu’il eut purgé une peine de quatre mois de prison dans le sud du Maroc après un procès purement politique. Cette figure du militantisme sahraoui a été, rappelons-le, condamnée après avoir refusé de dessaisir son porte-clés représentant le drapeau de la RASD.

Asfari avait purgé une première peine au moyen d’un dossier d’accusation monté de toutes pièces. En même temps, la pression demeure grandissante sur le gouvernement espagnol appelé à «redoubler d’efforts politiques et diplomatiques au plus haut niveau» pour permettre le retour au Sahara occidental de la militante sahraouie Aminatou Haider, en grève de la faim à Lanzarote (îles Canaries).

En effet, le Congrès des députés espagnol, la Chambre basse du Parlement, a adopté une motion demandant au gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero de «continuer de défendre les droits à la libre circulation et à la résidence» de la militante sahraouie et au Maroc de lui restituer son passeport, confisqué à l’aéroport d’El Ayoun occupé. L’ensemble des groupes parlementaires, à l’exception du Parti populaire (conservateurs), a réclamé instamment au Maroc de permettre à la militante sahraouie de rentrer «immédiatement et sans tarder» chez elle au Sahara occidental, rapporte l’APS.

Le texte des parlementaires, pourtant présenté par le Parti socialiste, constitue un désaveu politique d’une extrême dureté pour le gouvernement car, jusque-là, ce dernier faisait comme bon lui semblait dans ce dossier en ayant une position floue mais favorable à l’occupant marocain, notamment en pressant l’Union européenne à accorder un statut avancé au Maroc et en demandant le renouvellement des accords économiques, notamment celui de la pêche qui inclut les eaux territoriales du Sahara occidental.

Le texte demande au gouvernement espagnol de soutenir les résolutions du Congrès des députés précisant que «le statut définitif du Sahara occidental doit respecter la légalité internationale et doit être le résultat du libre exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum conformément à la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité».

Ne s’arrêtant pas là, les députés espagnols appellent également à la médiation active du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de l’envoyé spécial pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et du haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme.

Dans le même ordre d’idées, ils ont sollicité l’ONU afin d’étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, longtemps voulu par la direction du Front Polisario. A l’adresse du Maroc, c’est la présentatrice de la motion en question, la secrétaire des relations internationales du Parti socialiste Elena Valenciano, qui a indiqué que c’est aussi un message au Maroc pour qu’il «ne pousse pas jusqu’à l’extrême sa décision injuste et disproportionnée» et pour que Mme Haider «reste vivante pour être l’une des meilleures ambassadrices du peuple sahraoui».

Yassine Mohellebi