Une véritable guerre des prix est lancée entre ces médicaments.
Le débat sur les médicaments princeps (molécule mère) et les médicaments génériques en Algérie semble bien lancé et fait rage. Au moment où l’Etat mise énormément sur la production nationale, autrement dit le générique, afin d’alléger la facture des importations pharmaceutiques qui a atteint au premier trimestre de l’année en cours 514,9 millions de dollars, la politique de promotion des médicaments génériques peine à atteindre les buts escomptés.
Lors de notre visite au Salon de la pharmacie qui s’est tenu hier à Alger, nombreux sont les délégués et responsables commerciaux qui nous ont fait part de «la guerre entre le princeps et le générique». En effet, pour certains, le médicament générique est «l’avenir». Les partisans de cette thèse avancent plusieurs arguments et affirment que le générique a «de beaux jours devant lui». Selon Mme Sifi, une représentante d’un laboratoire pharmaceutique algérien, il s’agit d’un problème de mentalité. Elle nous a expliqué que «les patients préfèrent acheter le princeps.
Car ils estiment que le générique est un produit contrefait» ce qu’elle désavoue catégoriquement «il y a toute une chaîne de suivi et de contrôle qui accompagne la production et le parachèvement générique» ajoutant qu’ «il faut qu’on sache que le générique est une reproduction conforme à la molécule mère et possède la même efficacité. Il contient la même quantité de substances actives et est présenté sous la même forme pharmaceutique ». Elle estime que les citoyens doivent s’ouvrir sur le générique, vu qu’il est fabriqué en Algérie et donc permet d’absorber le chômage et contribue au développement de la production nationale. Un autre délégué nous fait savoir que «certains médecins exigent de leurs patients d’acheter des médicaments princeps». Il s’agit selon une autre délégué d’un produit efficace et rentable. «Le générique est beaucoup moins cher que le princeps» dira-t-elle en ajoutant «c’est rentable que ce soit pour le patient, le médecin ou les laboratoires».
Par contre, un pharmacien que nous avons croisé pendant notre virée, nous a fait part de son doute de l’action de certains génériques importés en expliquant que «le générique ne contient pas le même dosage que la molécule mère». C’est ce qui pousse selon lui les consommateurs à opter pour le médicament original. Preuve à l’appui, le pharmacien nous livre même un exemple «si vous prenez un comprimé générique contre les maux de tête produit au Moyen-Orient, celui-ci n’a pas la même efficacité qu’un princeps fabriqué en Europe».
La différence entre la molécule mère et le générique selon cet officine réside dans le coût de la production, une molécule mère est le fruit d’un long travail de recherche et d’expérimentation, qui nécessite d’importants investissements alors que le générique n’est qu’une copie conforme d’une molécule qui existe déjà.«Tout le monde sait que le princeps est plus efficace que le générique» nous a déclaré un consommateur. Un délégué d’une multinationale, nous a indiqué que le «business» du générique en Algérie souffre d’une «concurrence déloyale». Il avance dans ce sens que sur le marché, des produits génériques sont vendus plus cher que le princeps, ce qui revêt une certaine «anomalie». Il a déploré «le manque de diversification».
Sur le plan contrainte, certains ont relevé le manque de célérité au niveau du ministère de la Santé qui selon eux «tarde à délivrer le certificat de libre vente» qui leur permet d’avoir l’accord du ministère de tutelle et donc de commercialiser leurs nouveaux produits. S’ajoutent à cela, les tarifs de référence et de remboursement qui font défaut. Une représentante d’un laboratoire qui propose des produits «anti-stress» et «mémoire» nous a révélé qu’avec l’approche du baccalauréat et le BEM, ces deux produits connaissent une forte demande, et se vendent selon elle «comme des petits pains».
Toutefois, le salon qui a connu la participation de 36 exposants nationaux et internationaux, a été une aubaine pour les visiteurs qui se sont déplacés afin de s’enquérir des nouveaux produits pharmaceutiques, d’ailleurs, des compléments alimentaires aux médicaments de médecine générale en passant par les lecteurs de glycémie et les tensiomètres hi-tech, les visiteurs ont fait le plein.