Comme il a été annoncé, la mise en service commerciale du gazoduc Medgaz a été effectivement lancée ce 1er avril. L’Algérie a passé avant-hier un grand contrat de fourniture en gaz avec l’Espagne et la France.
En effet, Sonatrach a signé en effet des accords de fourniture de gaz respectivement avec les espagnols Cepsa, Endesa, Iberdrola et le français GDF Suez portant sur 8 milliards de m3/an qui seront acheminés par le tout nouveau gazoduc Medgaz. Ces accords qui s’étendent sur une durée de 20 ans, ont été signés en présence du ministre de l’Énergie et des mines Youcef Yousfi.
D’après le ministre de l’Energie Algérien, Youcef Yousfi, ces accords permettent à l’Algérie de «renforcer son rôle de fournisseur stable et fiable de gaz naturel pour l’Europe ». « L’Algérie s’est toujours montrée un partenaire fiable qui n’a jamais failli à ses engagements », a souligné le ministre lors de la signature des accords.
Ces derniers « témoignent de l’approfondissement des relations économiques et politiques entre l’Algérie, l’Espagne et les autres pays de l’Europe », a†t†il dit. De son côté, le PDG de Sonatrach Noreddine Cherouati a relevé la particularité de la commercialisation par la compagnie elle†même du gaz naturel sur le marché espagnol.
Il a aussi précisé que « l’Algérie a exporté jusque- là quelque 1000 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié, essentiellement, vers l’Espagne, l’Italie et la France ». Selon lui, le gazoduc, construit en eau profonde (plus de 2000 m), était « une prouesse technique ».
Les accords commerciaux conclus sont une retranscription des protocoles d’accord conclus en 2005 et 2006, préalablement à la disposition finale d’investissements prise en décembre 2006 pour la construction du gazoduc Medgaz. Ce nouveau pipeline est la troisième route d’exportation de gaz naturel algérien vers l’Europe, après le gazoduc Transmed reliant l’Algérie à l’Italie et le GME à l’Espagne.
UN PROJET D’ENVERGURE
Le gazoduc Medgaz, acheminant du gaz algérien à l’Espagne via la Méditerranée est désormais opérationnel à la faveur de sa mise en service commerciale effectuée vendredi. Cette mise en service intervient ainsi un mois après sa mise en gaz opérée le 1er mars à Ain Temouchent par le groupe Sonatrach après un long processus d’essais techniques, de sécurité et environnementaux bouclés en novembre 2010.
D’une longueur de 1.050 km dont 550 km sur le territoire algérien et d’une profondeur marine de plus de 2.000 mètres, cette canalisation permettra ainsi d’acheminer un volume annuel de 8 milliards de mètres cubes extensibles à 16 milliards de mètres cube sur le moyen terme.
Réalisé pour un investissement de près d’un milliard d’euros, le Medgaz prend son départ à partir de la localité côtière de Béni Saf dans la wilaya de Ain Temouchent pour atteindre Almeria au sud de l’Espagne sur un linéaire de 200 km.
Il est le troisième gazoduc reliant l’Algérie à l’Europe, après le Transmed et le GME, auxquels va s’ajouter un quatrième gazoduc, le Galsi, encore en projet, qui devrait fournir du gaz algérien à l’Italie. Il s’agit d’un projet international et multidisciplinaire qui ouvre la voie la plus directe et la plus économique pour l’approvisionnement en gaz naturel du sud de l’Europe.
Medgaz contribuera, d’une part, à améliorer la sécurité des approvisionnements, étant donné qu’il reliera directement le marché européen à la source d’approvisionnement en gaz algérien, et, d’autre part, c’est la voie la plus économique pour acheminer le gaz naturel au sud de l’Europe. Le diamètre de la canalisation est de 24 pouces (0,6 mètre) pour une pression de 40 bars permettant une vitesse de propulsion de 6 mètres par seconde, soit plus de 21 km/heure.
Avec une telle vitesse, le premier mètre cube de gaz atteind le terminal d’Almeria (sud de l’Espagne) en une dizaine d’heures. Le Medgaz est alimenté à partir du gisement de Hassi R’mel (Laghouat) via le pipeline GZ4 d’une longueur de 638 km et un diamètre de 48 pouces (1,2 mètre) et qui traverse cinq wilayas (Laghouat, Tiaret, Mascara, Oran et Aïn Temouchent).
D’une capacité totale de 11,4 milliards m3 par an, ce pipeline alimente, outre le Medgaz, plusieurs installations, notamment les centrales électriques de Hadjret Ennous (wilaya de Tipaza) via une déviation vers l’est, et de Terga (wilaya de Aïn Temouchent) ainsi qu’une partie de la zone industrielle d’Arzew. Dans sa partie algérienne, ce projet comprend une station de compression dotée de trois turbocompresseurs équipés de turbines ainsi que la part ‘’on-shore’’ du gazoduc. Dans sa partie ibérique, il comprend un terminal de réception situé près du port de la ville andalouse d’Almeria.
Le consortium Medgaz, créé en vue de la réalisation de ce gazoduc, a été transformé en 2004 en société de construction après avoir achevé les études de faisabilité. La société nationale des hydrocarbures Sonatrach est majoritaire dans l’association avec 36% des actions. Iberdrola et Cepsa (Espagne) en détiennent 20% chacune, alors qu’Endesa (Espagne) et GDF-Suez (France) disposent de 12% chacune.
Yahia B.