Le Maroc a la particularité, en politique, d’être la dernière puissance coloniale d’Afrique. Peut-être même au monde, avec Israël qui colonise depuis 66 ans la Palestine.
Le royaume alaouite occupe illégalement le territoire sahraoui et le colonise, à l’israélienne, et ne donne pas l’impression, près de 38 ans plus tard, de vouloir céder aux pressions internationales et organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Le cas de colonisation n’est pas, toutefois, ce qui distingue exclusivement ce pays d’Afrique du Nord, même si l’usage de la torture y soit systématique, les liquidations expéditives et les disparitions des indépendantistes une politique d’Etat, qu’elle suscite ou non de l’indignation à travers le monde. En matière de violations des droits de l’homme, c’est donc connu, le régime marocain a innové et a souvent fait mieux que les puissances coloniales les plus brutales. Devenues ses meilleurs alliés.
Cette féodalité encore assez originale en Méditerranée ignore jusqu’aux principes universellement admis, et ne fait pas dans les états d’âme s’agissant de l’intérêt global de la monarchie et de sa périphérie. Le trafic de drogue et des personnes, le crime organisé et le blanchiment d’argent, la corruption d’Etat, sont des thèmes qui sont aujourd’hui systématiquement inscrits à l’ordre du jour des entretiens et contacts que les voisins du sud de l’Europe engagent avec ces pays.
C’est vers le Vieux continent que sont écoulés, chaque année, des tonnes de haschich produites dans des exploitations agricoles hors de contrôle fiscal, pour appartenir à la famille royale ou à l’entourage immédiat du monarque.
L’Union européenne a publié dans les années 2000 un rapport sur les liens entre le palais royal et cette activité économique, la plus rentable après les mines de phosphate de Boucrâa, les terres fertiles de Dakhla et les eaux maritimes poissonneuses du Sahara occidental occupé. Les revenus nets du narcotrafic se chiffrent en dizaines de milliards d’euros annuellement. Contre ce fléau, l’Europe n’a rien pu faire à ce jour, en raison des liens que le roi entretient avec de puissants lobbies de l’autre côté de la Méditerranée.
La corruption, si elle existe dans tous les pays de la planète, au Maroc elle a la particularité de prendre des proportions incontrôlables. Les holdings du roi ont fait main basse sur les trois secteurs d’activité économique dans ce pays où le revenu par tête d’habitant est l’un des plus bas du monde arabe. Les banques, l’agriculture et le commerce. La prostitution, la pédophilie généralisée et jusqu’au trafic d’organes d’enfants enlevés à leurs familles sont des fléaux qui ont prospéré à l’ombre du monopole économique de la famille royale.
Le scandale des enfants «vendus»
La presse espagnole a publié cette semaine le scandale de nombreux cas d’enfants marocains «vendus», misère oblige, par leurs parents à des couples espagnols. Les enquêteurs sociaux de la région de Valence ont ainsi dénombré pas moins d’une trentaine de ces petits Marocains «exportés» sous de faux documents avec le consentement de la mère ou du père qui veulent leur assurer un avenir meilleur ailleurs que dans leur pays.
L’immigration clandestine est un autre phénomène qui existe aussi ailleurs, mais à cette différence qu’au Maroc, la tentation à l’exil touche une grande proportion de mineurs livrés à eux-mêmes, aux rues de Tanger, la porte de sortie, et aux pédophiles sans scrupule.
La colonisation du Sahara, le trafic de drogue et l’immigration clandestine, le Maroc en a fait des instruments de dissuasion dans ses relations d’Etat avec le voisinage européen.
Chaque fois que l’Espagne tente de revenir à sa position traditionnelle sur son ancienne colonie, Rabat agite le spectre de Ceuta et Melilla «villes occupées». Ou de rester passif dans le contrôle de ses frontières malgré ses engagements de collaboration loyale dans la lutte contre le terrorisme et le trafic des personnes.
C’est dans cet esprit que le gouvernement marocain insiste sur la réouverture de la frontière terrestre avec l’Algérie.
Concrètement pour exporter encore plus facilement ses «produits», trafic en tout genre. Pour espérer atteindre cet objectif, la classe politique marocaine n’hésite pas à faire dans la provocation. Ces derniers jours, le régime marocain a franchi la ligne rouge en revenant à ses vieux fantasmes expansionnistes. C’est sur ces bases malsaines et déloyales que le royaume alaouite espère encore en un avenir maghrébin intégré, sécurisé et vivant en convivialité.
Hania A.