Allié historique et fidèle de la France, le Maroc a cette fois-ci décidé de ne pas adopter la position de Paris concernant la crise malienne.
Rabat s’est aligné sur la position d’Alger en défendant une solution politique concernant le Mali, sachant que depuis la mi-juillet dernier le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est en tournée dans les pays subsahariens dans l’espoir de convaincre les Africains à opter pour la solution militaire. Une solution qu’Alger rejette, car il n’est pas question de refaire l’expérience libyenne avec ses retombées sur la région du Sahel, notamment la circulation des armes et la montée de l’activité terroriste d’Aqmi et autres groupes terroristes qui détiennent aujourd’hui le pouvoir au Nord du Mali.
Dans ce cadre, le ministre marocain des Affaires étrangères, Saadedine Othmani, cité par une agence espagnole, aurait déclaré début août que le royaume est «opposé à une intervention militaire au Mali» et qu’il «croit possible une solution politique à la crise».
Cette position du Maroc intervient au moment où la Cédéao a décidé de prolonger de 10 jours le délai imparti au pouvoir de Bamako pour engager la phase de transition, sachant qu’il a expiré le 31 juillet dernier. Il est à souligner que la Cédéao est pour une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu autorisant un déploiement des forces armées africaines dans le Nord du Mali. Cependant, les pays ouest-africains appuient la position algérienne qui s’oppose à une intervention militaire et voilà que Rabat emboîte le pas à Alger.
Dans ce cadre, l’Algérie mène une course contre la montre pour éviter le recours à une intervention militaire au Mali. A ce propos, Alger avait initié une rencontre des MAE maghrébins à Alger autour de la sécurité dans la région, notamment la crise malienne. Juste après, Alger a mené une campagne au niveau de l’Union africaine dans le cadre d’un sommet de l’UA. Ce sommet a été sanctionné par l’adoption de l’option politique pour la crise malienne. Cependant, l’intervention militaire n’est pas totalement écartée car il faut que les Maliens parviennent à une période de transition, ce qui n’est pas facile. Alger continue sa campagne contre une intervention militaire au Mali. Dans ce contexte, l’Algérie participera aux travaux de la réunion ministérielle des pays du champ, prévue aujourd’hui à Niamey (Niger). Elle sera représentée par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Selon un communiqué de ministère des Affaires étrangères, la réunion examinera la situation qui prévaut dans la région au plan sécuritaire, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, à la lumière des réunions de l’Unité fusion liaison (UFL) et du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (Cemoc). La même source ajoute que la situation au Mali, en relation avec les derniers développements qu’elle a connus, figure également à l’ordre du jour de la réunion. Du côté de Bamako, le président malien de la transition, Dioncounda Traoré, a achevé ses consultations avec les forces vives dans le pays, en vue d’avoir leurs avis sur le discours qu’il avait récemment prononcé sur la gestion de la période de transition.
Citant des sources officielles, l’APS a rapporté hier que le président Traoré avait reçu les responsables de la presse malienne, le regroupement IBK 2012, les présidents des institutions consulaires et les responsables de la Coalition pour le Mali. A ce propos, il a été rapporté que «le président de la République nous a fait savoir que 95% des responsables qu’il a reçus lui ont demandé la formation d’un gouvernement d’union nationale, or l’objectif des consultations avec les forces vives de la nation était de recueillir de vive voix leurs avis sur le discours à la nation du président».
Pour rappel, M. Traoré a récemment annoncé dans un discours à la nation la mise en place d’un Haut Conseil d’Etat (HCE) en vue de «compléter l’architecture institutionnelle du pays» et gérer la période de transition et la formation d’un prochain cabinet d’union nationale.
Par Nacera Chennafi