Le dernier rapport de l’Organe International de contrôle de stupéfiants (OICS) n’a pas manqué d’épingler une fois de plus le royaume chérifien, qui reste le premier producteur et exportateur de cannabis dans le monde. Le rapport 2012 de l’Organe international de contrôle de stupéfiants (OICS) confirme le rôle majeur du Maroc dans l’exportation de cannabis, notamment vers l’Europe, son premier marché.
«Des lots importants de cannabis illicite cultivé au Maroc qui sont destinés à l’Europe sont transportés à bord de vedettes rapides et d’autres petites embarcations non commerciales. Les trafiquants continuent d’acheminer du cannabis en passant par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et par le port marocain de Tanger. Des saisies de plusieurs tonnes de cannabis sont régulièrement opérées » précise le rapport.
72 % de la quantité totale de résine de cannabis saisie par les autorités douanières dans le monde en 2011, provenaient du Maroc, soit 138 tonnes. Une superficie de 47 400 hectares des cultures illicites de cannabis a été établie au Maroc en 2010. Bien que concurrencé sur le marché international par l’Afghanistan et dans une moindre mesure par l’Égypte, le Maroc reste le leader incontesté sur ce marché. Le rapport souligne toutefois les efforts du gouvernement marocain pour lutter contre ce fléau. Mais au delà du cannabis, le Maroc devient également un pays de transit de la cocaïne en Europe : « Selon les informations disponibles, les trafiquants de cocaïne tentent de plus en plus souvent d’introduire clandestinement de la cocaïne en Europe en passant par le Maroc; la drogue en provenance d’Amérique du Sud arrive au Maroc via l’Afrique subsaharienne et la région du Sahel. » Quelques pays producteurs africains de cannabis émergent, sans que leur production ne soit comparable à celle du royaume chérifien : Ghana, Nigeria, Sénégal et Togo sont en tête en Afrique de l’Ouest. La RD Congo est leader en Afrique centrale. À l’est, Ethiopie, Kenya et Tanzanie dominent le marché, tout comme au sud, l’Afrique du Sud, le Malawi, le Swaziland et la Zambie.
Ces dernières années, l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de stupéfiants, notamment de cocaïne, en provenance d’Amérique du Sud et à destination du lucratif marché européen : «Quelque 30 tonnes de cocaïne ont été introduites clandestinement en Afrique de l’Ouest en 2011. On estime que le trafic de cocaïne dans la sous-région rapporte chaque année 900 millions de dollars aux réseaux criminels. Le nombre de cocaïnomanes en Afrique de l’Ouest et du centre est estimé à 1,5 million. En outre, le trafic d’héroïne et de méthamphétamine s’est développé ; l’héroïne afghane est acheminée vers l’Afrique de l’Ouest et de l’Est en passant par le Pakistan et le Moyen-Orient, et des quantités croissantes de méthamphétamine sont fabriquées en Afrique de l’Ouest, principalement au Ghana et au Nigéria. » Selon le rapport, le Bénin doit faire face à « un important trafic de drogues en transit. Si le volume de drogues transitant par le pays n’est pas précisément connu, certains éléments laissent penser que de grandes quantités de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et d’héroïne en provenance d’Asie du sud-ouest pénètrent au Bénin par voie maritime et dans des conteneurs pour être ensuite distribuées en Afrique de l’ouest et en Europe. De la méthamphétamine en provenance de Cotonou a été saisie en Belgique, au Japon, en Malaisie, en Thaïlande et au Viètman. » Le Nigéria reste un pays de transit pour les envois de drogues illicites, «en particulier de cocaïne en provenance de pays d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe.» La Guinée-Bissau, «qui sert de plaque tournante pour le trafic de cocaïne dans la sous-région, et le Mali, pays de transit des envois de cocaïne et de résine de cannabis, sont tous deux la cible de trafiquants de drogues internationaux».
L’Afrique de l’Est est toujours utilisée comme zone de transit pour le trafic d’héroïne : «L’augmentation du nombre de saisies de cette substance signalées récemment dans la sous-région porte à croire que le trafic illicite d’héroïne s’y intensifie et qu’en conséquence, l’abus d’héroïne se répand lui aussi, notamment au Kenya, à Maurice, en République-Unie de Tanzanie et aux Seychelles. La hausse de l’abus d’héroïne par injection est particulièrement préoccupante dans cette sous-région qui est gravement touchée par le VIH du Sida.»
Le rapport complet, de 162 pages, peut être consulté sur le site internet suivant : //www.incb.org/documents/Publications/AnnualReports/AR2012/AR_2012_F.pdf
R. B.