Malgré les trente-six années de querelle non-stop avec l’Algérie, peuplée de fantômes, de prodromes de guerre, jamais menés à terme, de surenchère verbale, annexée à un surarmement pour la parade, le Maroc reste le premier client arabe de l’Algérie en 2012, selon les chiffres du Centre national des statistiques des Douanes (CNIS) publiés mardi.
Selon les Douanes, l’Algérie a, durant l’année 2012, exporté vers les pays arabes pour une valeur de plus de 3,19 milliards de dollars (mds usd), alors que pour les exportations de l’Algérie par pays, le Maroc reste le premier client arabe de l’Algérie puisqu’il absorbe 1,07 md usd des ventes algériennes à l’étranger, suivi par la Tunisie avec 1 md usd, l’Egypte (876,51 millions usd), l’Irak (78,32 millions usd) et la Mauritanie (61,07 millions usd).
Après des décennies passées à s’épier mutuellement, Rabat et Alger ont été subitement confrontés au Printemps arabe, qui est arrivé à l’improviste pour tout balayer sur son passage.
La chute du Caire, de Tripoli, de Tunis, les turbulences au Yémen, la guerre civile en Syrie, les frémissements de la Jordanie et des pays du Golfe, mais surtout la guerre au Mali, qui risque d’embraser toute la région, ont fait revenir les deux capitales à mieux reconsidérer leurs priorités. Elles sont bel et bien les seules qui ont résisté au Printemps arabe, à ne pas tomber et a avoir entrepris des réformes, de façade, certes, mais suffisamment promptes et « soft », pour éviter un changement douloureux dans le feu et dans le sang.
La réouverture des frontières a été souvent évoquée les deux dernières années, de part et d’autre, bien qu’Alger estime que ce problème est conditionné par le règlement d’autres problèmes, à la source, dont principalement celui du Sahara Occidental, qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis 1975.
La fermeture de ces frontières plombe l’économie de la région depuis une vingtaine d’années et fait perdre annuellement au Maghreb deux points de croissance. La décision de fermer les frontières avait eu lieu, pour rappel, en 1994, après les attentats de l’Atlas Asni à Marrakech, attribués par Hassan II aux services algériens, alors que les événements avaient largement confirmé, par la suite, l’implication des seuls islamistes radicaux locaux.
Annan Imad-Eddine