La guerre que mène l’Algérie contre les cartels de la drogue s’est étendue, durant l’année 2013, aux frontières Sud, là où les réseaux de trafic de cocaïne et d’héroïne tentent d’inonder le nord du pays en drogues dites dures.
Plus de 200 tonnes de stupéfiants ont été saisies par les services de sécurité en 2013, tandis que près de 500 réseaux de trafic ont été démantelés durant la même période, dont 50 internationaux, et alors que plus de 50 barons de la drogue ont été arrêtés lors d’opérations menées sur la base de renseignements minutieusement recueillis, rapporte une source sécuritaire.
La lutte contre le trafic de drogue s’est amplifiée pendant l’année 2013, au moment où de l’autre côté de notre frontière Ouest, le pays voisin semble déterminer, politiquement et stratégiquement, à inonder l’Algérie de drogue. Un véritable tsunami de cannabis est en train de frapper nos frontières Ouest et Sud-ouest, auquel fait face un dispositif sécuritaire renforcé sur les tracés frontaliers.
Du jamais vu ! Les grosses quantités saisies qui sont, presque quotidiennement, communiquées par les services de sécurité, suite aux interceptions de convois des narcotrafiquants, parlent d’elles-mêmes quant cette montée vertigineuse du trafic de drogue en Algérie. Il est utile de signaler que pour l’année 2013, les tonnes de kif traité saisies par les services de sécurité constituent un record.
Un record jamais atteint depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, ce qui atteste que le Maroc est en train de faire de l’Algérie une cible privilégiée. En 2012, 170 tonnes de résines de cannabis avaient été saisies par les forces de sécurité algériennes. Période qui a coïncidé avec record depuis 1962. En 2013, un autre record sera battu, avec déjà plus de 200 tonnes à quelques jours de la nouvelle année.
Le Maroc, ce premier producteur de cannabis dans le monde, selon l’ONU, avec une moyenne de annuelle de 53 000 tonnes, semble déterminé à «noyer» l’Algérie de drogues. Les répercussions de cette politique de «guerre» marocaine contre l’Algérie sont déjà perceptibles.
D’un côté, la criminalité en Algérie a brusquement augmenté, notamment dans les milieux urbains, et même dans le sud du pays pourtant réputé pour être une zone depuis longtemps quasi totalement épargnée par les crimes.
Outre, toujours du fait de la drogue marocaine qui s’écoule en grosses quantités dans les quartiers, communes et villes algériennes, de nouvelles formes de crimes, plus dangereuses et meurtrières. Aujourd’hui, de jeunes consommateurs de kif n’hésitent pas à porter des armes blanches et à asséner des coups mortels à leurs victimes, alors que d’autres, sous l’effet de la drogue aussi, kidnappent des enfants avant de les violer et les assassiner.
Ces formes nouvelles de la criminalité ont choqué les Algériens. Pour s’adapter à cette nouvelle carte de la criminalité, les services de sécurité ont opté pour une nouvelle approche en matière de lutte contre les réseaux de trafic de drogue.
C’est ainsi que près de 10 000 hommes relevant de différentes brigades et sections, à l’image des BRI (brigade de recherches et d’intervention) et des SSI (sections de sécurité et d’intervention), respectivement de la DGSN et de la Gendarmerie nationale, ont été mobilisés pour lutter contre les cartels de drogue. Ces éléments spécialisés dans la filature et le démantèlement des réseaux de trafic de cannabis et de drogues dures ont réussi de grands coups en 2013.
Outre les dizaines de tonnes de cannabis, de cocaïne et héroïne saisies durant l’année 2013, les spécialistes de la lutte anti-stups ont, surtout, arrêté des barons et démantelé de dangereux réseaux qui agissaient jusqu’en Europe et au Moyen Orient, au Mali et en Libye.
D’autre part, ce qui fait inquiète actuellement les services de sécurité, c’est la multiplication des affaires de trafics de drogues dures au sud du pays. Ici, en 11mois, les trafiquants des drogues dures, notamment les filières africaines, ont ciblé l’Algérie en tentant de faire écouler des centaines de kilogrammes de cocaïne et de d’héroïne. C’est la première fois que les réseaux ciblent avec autant de détermination le territoire algérien.
Leur objectif est de transférer ces quantités de cocaïne et d’héroïne vers les villes du nord du pays, là où elles seront vendues, y compris dans les boîtes de nuit et les quartiers résidentiels, à des prix fous.
Les convoyeurs sont généralement des ressortissants africains. De dangereux trafiquants de drogue dure qui arrivent à pénétrer clandestinement en Algérie, à travers, faut-il le relever, des bandes frontalières à perte de vue.
S. Abi