Youssef Amrani, ministre marocain délégué aux Affaires étrangères
L’Algérie a réitéré son soutien au peuple sahraoui auquel revient la décision de s’exprimer librement dans le cadre d’un référendum comme le stipulent toutes les résolutions du Conseil de sécurité.
L’Algérie a des principes. Ils ne sont pas négociables. Elle réaffirme son appui à une solution du conflit sahraoui dans le cadre des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. L’appel de Buenos Aires est donc à jeter aux orties. Le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères n’a pas eu froid aux yeux. Il a choisi la capitale argentine pour exprimer son souhait de voir l’Algérie changer sa position au sujet du Sahara occidental.
Youssef Amrani qui a vanté la proposition marocaine a qualifié de manière insidieuse cette initiative de sérieuse et crédible et a formulé le voeu de voir «l’Algérie changer de position et devenir un acteur actif dans la recherche d’une solution politique au différend», a rapporté dans une dépêche datée du 8 avril, l’agence de presse officielle marocaine MAP. La réponse est tombée tel un couperet à travers une réaction de Amar Bellani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, parvenu à L’Expression.
«Cette démarche sera immanquablement vouée à l’échec et l’on a beau formuler, à l’envi à partir de capitales latino-américaines, tous les voeux que l’on veut pour que l’Algérie renie sa position de principe en ce qui concerne la primauté du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination», a vigoureusement réagi M. Bellani, ajoutant que «ces voeux resteront à l’état de voeu pieux car, en dernier ressort et par-delà les gesticulations diplomatiques, il appartient au peuple sahraoui et à lui seul de se prononcer librement et sans contraintes sur son avenir.»
Cela se traduit par: «Circulez y a rien à voir», de manière moins diplomatique. Comme le font certains médias marocains. Quelle mouche a donc piqué le diplomate marocain pour croire que l’Algérie peut être retournée comme une crêpe? Son analyse s’appuie sur la situation qui prévaut au Mali.
Les ingrédients serviront pour entretenir l’amalgame, diaboliser le Front Polisario en lui trouvant des connexions avec le trafic de drogue.
Un plat réchauffé qui peut être resservi. Le ministre marocain a mis en exergue «l’urgence de trouver une solution au conflit du Sahara en raison de la présence croissante de plusieurs éléments jihadistes dans la région qui menacent non seulement la sécurité du Maghreb, mais aussi celle de l’Europe» dans un entretien accordé à l’agence argentine de presse Télam, en marge de sa visite effectuée les 3 et 4 avril 2013 à Buenos Aires, en Argentine, soulignant au passage «l’existence d’éléments prouvant des liens entre le «Polisario» et Al Qaîda au Maghreb islamique, deux groupes qui partagent les mêmes objectifs en matière de séparatisme et de liens avec les narcotrafiquants».
Reprenant à son compte une récente déclaration du ministre malien des Affaires étrangères. C’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Le diplomate marocain a, en effet «oublié» que son pays blacklisté par le département d’Etat américain occupe la seconde position dans le monde en ce qui concerne le trafic de cannabis et de cocaïne… juste derrière l’Afghanistan et représente une menace pour la planète entière. Le ridicule ne tue pas parait-il.
Le tacle lui est imparable. «Il ne fait nul doute que certains veulent profiter de la situation d’instabilité qui prévaut dans la région du Sahel pour tenter les amalgames les plus hardis et les plus impudents en espérant parvenir, ainsi par ce tour de passe-passe, à faire tordre le cou à la légalité internationale», souligne Amar Bellani.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères invite le pouvoir marocain à se regarder en face: «Si le contexte régional devait faciliter la recherche d’une solution politique acceptable qui soit en conformité avec l’esprit et la lettre des résolutions du Conseil de sécurité», a souligné M.Bellani avant de trancher dans le vif en rappelant aux mémoire défaillantes que «ce serait plutôt en incitant la partie qui pose des conditions préalables à se départir de sa position intran-sigeante et irréaliste qui consiste à préempter le choix d’un peuple dont le territoire est occupé en le sommant d’accepter l’option de l’autonomie comme s’il s’agissait, en somme, de simples sujets marocains concernés par la réorganisation de la gouvernance territoriale…»
La boucle est bouclée quant au dernier mot, il reviendra certainement au peuple sahraoui.