Le marché pétrolier est “bien équilibré”, mais il y a des inquiétudes d’ici à la fin de l’année (expert)

Le marché pétrolier est “bien équilibré”, mais il y a des inquiétudes d’ici à la fin de l’année (expert)

PARIS – Le marché pétrolier est actuellement « bien équilibré », mais il y a des inquiétudes d’ici à la fin de l’année, a estimé mardi l’expert Francis Perrin, soutenant que des prix du baril entre 70 et 80 dollars sont un « bon compromis ».

« Le marché pétrolier est actuellement bien équilibré. Il y a cependant des inquiétudes pour la fin de l’année. Le monde consomme de plus en plus de pétrole et l’Iran et le Venezuela en produisent de moins en moins », a expliqué ce directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) dans un entretien à l’APS.

Il a soutenu que dans cette conjoncture, le « point clé » est l’Iran.

« Suite aux menaces américaines, qui sont efficaces, les exportations de brut de l’Iran ont probablement baissé de 700 000 barils par jour entre avril 2018 et la mi-septembre. Et, même si de nombreuses incertitudes subsistent, une chose est sûre : la chute n’est pas terminée », a-t-il précisé, relevant que le paradoxe est que « les Etats-Unis sont à la fois un problème et une solution ».

« Leurs sanctions font chuter la production et les exportations pétrolières de l’Iran et, en même temps, leur production nationale continue à augmenter grâce au pétrole non conventionnel. Ce pays est devenu un important exportateur de pétrole », a-t-il encore expliqué.

Par ailleurs, ce chercheur considère que, dans le contexte pétrolier, politique et économique actuel, des prix du pétrole de l’ordre de 70-80 dollars/baril sont un « bon compromis » entre les intérêts des grands acteurs du jeu pétrolier mondial, n’écartant pas la possibilité d’une autre augmentation des prix.

« Mais, pour les raisons indiquées ci-dessus, on est aujourd’hui dans le haut de cette fourchette de prix et il est possible que nous allions au-delà », a-t-il dit.

Analysant le prix (80-81 dollars/baril) du Brent de la mer du Nord, atteint lundi, l’expert a noté que c’est le niveau le « plus élevé » depuis la fin 2014.

« Il y a certes eu une hausse supplémentaire après la fin de la réunion du comité ministériel conjoint de surveillance OPEP/non-OPEP (JMMC) le 23 septembre à Alger. Mais le prix du Brent frôlait déjà les 80 dollars/b dans les derniers jours », a-t-il dit, relevant que certains s’attendaient à une annonce de l’OPEP et des pays non-OPEP sur une hausse de leur production « mais ils ont oublié que la réunion d’Alger n’avait pas un caractère décisionnel ».

« Cette absence de décision, a-t-il ajouté, a fait encore un peu monter les prix du brut mais cette attente n’était absolument pas justifiée », rappelant que la Conférence de l’OPEP se tiendra au début décembre et pas avant.

Il a précisé, dans ce contexte, que les prix sont sur une tendance haussière depuis plusieurs mois car « la consommation pétrolière mondiale augmente, les exportations de l’Iran sont en train de chuter du fait du prochain rétablissement des sanctions des Etats-Unis et le Venezuela continue à s’enfoncer dans la crise ».

Au sujet de la menace du président américain Donald Trump contre les membres de l’OPEP, avant la réunion d’Alger, Francis Perrin a estimé que les pays réunis à Alger « ont fait leur travail », et que le président Trump « n’est manifestement pas très au courant des mécanismes de gouvernance de l’OPEP », faisant remarquer que, pour lui, « l’essentiel est de communiquer avec l’opinion publique américaine et, en particulier, avec son électorat ».